Pourquoi ’The Ballad of the Costa Concordia’ est-il le meilleur titre de l’année 2016 ?

Teens of Denial est un très grand disque. Peut-être l’un des tout meilleurs de l’année, comme nous l’évoquions déjà au mois de mai dans nos colonnes. Surtout, avec The Ballad of the Costa Concordia, il comporte le meilleur titre de ce cru 2016.

Pourtant, rien n’était joué d’avance. Placé en dixième position (sur douze), ce morceau débute cinquante minutes après le Fill In The Blank introductif. Autant dire que l’on s’en est déjà ramassé plein les dents et qu’il faut tout le talent de Will Toledo - heureusement, il en regorge - pour maintenir la pression sur une telle durée.




L’auditeur est médusé, ne se lasse jamais des contrepieds, et peut donc sereinement appréhender l’écoute de ces cinquante premières minutes. Mais The Ballad of the Costa Concordia est tout sauf un titre concis. Onze minutes et trente secondes, de variation sur - comme nous allons le voir - deux thèmes essentiels. Ca pourrait vite lasser. Ce n’est jamais le cas.

Commençons par présenter ledit titre, de manière somme toute assez scolaire, mais essentielle.

0’00 : Le morceau débute avec une batterie et un chant résigné. Quelques accords de guitare électrique sont inlassablement répétés, essentiellement pour battre la rythmique. L’ambiance s’installe dès les premières mesures mais la tension, sans que les composants ne varient particulièrement, ne cesse de s’accroître.

1’27 : Premier break. Le chant se fait plus mélodique, moins détaché. On est typiquement dans le "vrai-faux refrain 2.0" - y a-t-il un brevet à déposer pour cette appellation qui ne veut strictement rien dire ? - : Will Toledo n’en fait jamais trop, et pourtant quelque chose évolue, son chant devient plus évident. C’est très nuancé mais assez fondamental.

2’04 : Les premiers vents s’invitent, marquant une forme de mélancolie qui nous ramènerait presque sur les rives du Mississippi. L’Américain, comme possédé, ne s’arrête pas de chanter pour autant, avec toujours cette forme de verve très contenue.

2’40 : Voilà ce qui pourrait ressembler davantage à un refrain (underground forcément), le chant est toujours plus mélodique, la batterie plus enlevée et les vents se marient habilement à l’ensemble. Le premier thème est à son zénith.

3’20 : La suite de ce refrain est marquée par un changement de tonalité dans le chant, plus tourmenté, comme si l’auteur se demandait quelle était la pertinence de son propos. Tout cela se termine par une explosion, mais comme Car Seat Headrest aime surprendre, celle-ci intervient en deux temps (4’07 d’abord puis, après un petit break, 4’28).

4’28 : On retrouve une forme plus minimaliste, la batterie est plus discrète, les accords de guitare électrique également. L’évolution se prépare.

4’54 : Après un nouveau break, c’est cette fois le piano qui reprend sur un rythme binaire. Pendant une quinzaine de secondes, l’auteur cesse de chanter, c’est la première fois depuis bien longtemps qu’il est si discret, il reprend de la voix sous un mode plus proche du "parler-chanter".
Sans que l’on ne s’en rende compte, la guitare reprend la main-mise, occupant le devant de la scène tandis que le piano ne se place plus qu’en arrière-plan. Des digressions électriques s’invitent ici et là.

6’30 : L’ensemble évolue vers un gloubi-boulga délectable sur lequel tous les instruments soutiennent le monologue de l’auteur qui ne semble plus s’adresser qu’à lui-même. L’impression est assez dérangeante, l’auditeur a l’impression d’être dans une forme de voyeurisme auditif.

7’16 : Un nouveau break très court, qui permet d’évoluer vers une nouvelle trame narrative, le second thème principal. Cette fois, le son est plus clair, et la ligne de guitare est volontiers plus mélodique, proposant une sorte de mélange entre Dinosaur Jr et les Boo Radleys.

8’22 : Sans que l’on ne le sente venir, Car Seat Headrest revient vers son thème initial pendant moins de dix secondes, et alterne les deux thèmes avec une habileté assez incroyable, mêlant certaines de leurs composantes pour, forcément là aussi, finir dans un gloubi-boulga peut-être encore plus jouissif que celui de la moitié du morceau.

9’26 : Si ce titre refuse le carcan "couplet-refrain-pont", cette phase pourrait néanmoins être assimilée à un pont, avec un solo de guitare électrique qui, fort heureusement, ne dure pas trop longtemps, non pas qu’il ne soit pas efficace, mais parce qu’il n’aurait pas correspondu à la nature même du morceau. Les guitares électriques sont rapidement rejointes par les autres instruments pour une dernière cavalcade très ponctuelle.

10’30 : Un tel morceau ne pouvait se terminer de manière abrupte - quoi que, le parti pris aurait pu se défendre - il faut donc une petite mélodie électronique et presque enfantine pour soutenir les dernières paroles du chanteur qui met un terme à cette odyssée fascinante dans une ambiance moins bruyante mais toujours autant sous tension.

La construction et l’évolution de ce morceau sont donc fascinantes. The Ballad of the Costa Concordia exerce un pouvoir d’attraction continu d’une intensité rare, surtout lorsqu’elle se fait avec aussi peu de moyens. Will Toledo est - espérons que non mais comment envisager qu’il puisse encore passer à un pallier supérieur - déjà au sommet de son art et l’authenticité dont il fait preuve a bien peu d’équivalent sur la scène actuelle.

Sous ses airs de geek se cache un regard très fin. Car, au-delà de son évidence musicale, The Ballad of the Costa Concordia parvient à faire le grand écart et c’est en cela qu’il est assurément le titre de l’année 2016. En effet, ce morceau est parfaitement anachronique sur la forme et terriblement d’actualité sur le fond. Expliquons-nous.

En 2016, qui - à part les puristes - écoute encore un disque en entier ? Le morcellement est à son apogée et la majorité des artistes a bien compris qu’il ne servait plus à grand chose de pondre un disque de 70 minutes tous les trois ans. La rentabilité exige d’en produire un de 40 minutes tous les dix huit mois. Surtout, sur ces 40 minutes, un certain nombre d’entre eux se contentera de s’appliquer sur trois ou quatre potentiels "singles", quitte à "meubler" pour le reste. Il ne s’agit pas de mettre tous ses œufs dans le même panier, quitte à se trouver au dépourvu lors du prochain marché... ou de la prochaine négociation.

Ne mettons pas toute la faute sur les artistes. Ceux-ci s’adaptent à leur public, et nous avons évoqué ici le cas de ceux qui ont une démarche relativement intéressée. Mais même les musiciens fondamentalement résolus à produire une œuvre la plus aboutie possible, en dépit de toute considération vénale, sont amenés à réduire la durée de leurs disques. Il s’agit en effet de prendre en compte le fait qu’en 2016, tout va très vite, pour tout le monde, tout est accessible, et l’auditeur aura le choix entre vingt cinq disques. Pour qu’il écoute l’album pensé par l’artiste jusqu’au bout, ce dernier ne peut se laisser aller à de trop longues palabres. Il faut du percutant. Et de la rentabilité.

Car Seat Headrest prend donc le contrepied de cette orientation, puisque Teens of Denial s’étend sur 69 minutes (sans pour autant renouer avec la règle du "1 disque tous les 3 ans" puisqu’il en avait déjà produit un "moins officiel" l’an passé). Bref, le type a de l’inspiration, ce qui n’est pas illogique lorsque l’on est un génie au sommet de son art.

Toujours en termes de longueur, Will Toledo ne s’embête pas en pondant un morceau de plus de dix minutes dans un registre - un rock indé tirant aussi bien vers la lo-fi que la folk - où l’usage amène à plus de concision. Pour autant, sûr de son fait et de sa capacité à maintenir l’auditeur en alerte autour de, nous l’avons déjà dit, seulement deux thèmes, sur une aussi longue durée, l’Américain se prend pour un amateur de drone ou d’ambient, des genres où le minimalisme appelle à une attention particulière aux moindres variations. Mêlant intensité, évidence et intérêt permanent, The Ballad of the Costa Concordia réunit tous les ingrédients pour réussir dans cette entreprise clairement dangereuse.

Et puis, il y a cette place sur le disque. Dixième sur douze. A quoi ça rime pour un morceau aussi majeur ? Ni en début d’album - ce qui aurait été un véritable coup de poker au vu de sa longueur - ni en clôture, comme l’évolution de celui-ci le laisserait présumer. Ni même en milieu de disque, pour redonner un nouvel entrain, une nouvelle dynamique ou séparer deux potentielles "faces" d’un album aussi long.

Non, décidément, sur la forme, Car Seat Headrest n’a rien fait dans les normes actuelles concernant ce titre, et c’est en cela qu’il est totalement anachronique.

Anachronique, mais résolument clairvoyant sur ce qu’il dénonce. Et surtout dans la manière dont il le fait.

"I used to like the mornings I’d survived another night I’d walk to breakfast through the garden See the flowers stretching in the sunlight

Now I wake up in the mornings
And all the kindness is drained out of me
I spend hours just wincing
And trying to regain some sense of peace"

Dans les paroles, Will Toledo commence donc par indiquer qu’il aimait auparavant marcher le matin pour observer les fleurs tandis que le soleil se levait. Aujourd’hui, toute sa bonté l’a cependant quitté, et il passe son temps à "grimacer", espérant ainsi retrouver une certaine paix intérieure. Quel événement a donc pu le troubler à ce point ?

"How was I supposed to know how steer this ship ? How the hell was I supposed to steer this ship ? It was an expensive mistake You can’t say you’re sorry and it’s over I was given a body that is falling apart My house is falling apart And I was given a mind that can’t control itself And I was given a ship that can’t steer itself And what about the pain I’m in right now ? And what about a vacation ? And what about a vacation to feel good ? My horse broke his back and left me here How was I supposed to know ? And God won’t forgive me And you won’t forgive me Not unless I open up my heart And how am I supposed to do that When I go to this same room every night And sleep in the same bed every night ? The same fucking bed Red comforter with the white stripes And the yellow ceiling light makes me feel like I’m dying This sea is too familiar How many nights have I drowned here ? How many times have I drowned ?"

L’extrait est long, mais comment ne pas le citer en entier ? Là où l’on aurait pu penser que le naufrage du Concordia générait ce dégoût de la vie, Will Toledo se place littéralement dans la peau du capitaine du bateau. Ce capitaine qui avait délibérément choisi de sauver sa peau aux détriments des passagers.

Quel plus merveilleux symbole de l’individualisme de cette décennie pourrait être trouvé que ce fait tragique ? L’Américain aurait pu s’abaisser à parler de Donald Trump ou de l’EI, voire d’autres formes de populisme. Non, il utilise un événement qui offre une analyse beaucoup plus subtile, et fait même preuve d’une forme d’empathie vis-à-vis du lâche capitaine, comparons l’infortune de ce dernier aux difficultés qu’il rencontre dans sa propre vie ("How was I supposed to know how to use a tube amp ? / How was I supposed to know how to drive a van ? / How was I supposed to know how to ride a bike without hurting myself ? / How was I supposed to know how to make dinner for myself ? / How was I supposed to know how to hold a job ? / How was I supposed to remember to grab my backpack after I set it down to play basketball ?").

En ce sens, Will Toledo capte totalement l’ambiance de ce qu’est le monde en 2016. Là où notre vision européenne des choses a tendance à faire des Américains des individus uniquement concentrés sur ce qui se passe dans les cinquante états qui composent le pays, le jeune artiste s’intéresse à un fait qui s’est déroulé en Italie il y a quatre ans.

Et surtout, là où la fougue de la jeunesse aurait pu faire craindre qu’il ne prenne un parti trop tranché, il a la clairvoyance de ne pas taper sur le seul Francesco Schettino, qui n’est à ses yeux qu’un pion représentatif des dérives les plus essentielles de notre société : l’appât du gain, la mise en spectacle, la lâcheté et l’individualisme. Autant de symptômes que ne nomme jamais Will Toledo.

A seulement 23 ans (il a fêté ses 24 printemps depuis la parution du disque, au mois d’août dernier), ce dernier peut donc se targuer d’avoir réalisé le titre le plus passionnant de l’année, combinant à la fois anachronisme sur la forme, clairvoyance du propos et lucidité sur la société actuelle, engagement sous une forme critique implicite, subtilité pour ne jamais avoir à énoncer clairement ce qu’il dénonce, efficacité musicale, possession et justesse du chant. Espérons que Will Toledo continuera à faire chavirer nos émotions à l’avenir avec autant de justesse.


  Blog - 15.09.2016 par Elnorton


Mongolito - God Is A Superstition

Lentement vous sombrez, un peu étourdi d’avoir trop réfléchi sans doute. Vos questionnements sur l’origine de la vie, sur votre raison d’être sur terre et la potentialité d’un être supérieur qui dirige tout cela n’y sont très certainement pas étrangers. La somnolence qui s’impose est douce, elle vous berce et vous emporte insidieusement, sans trop que vous le réalisiez. Lorsque vous revenez à vous, les choses semblent avoir changé. C’est la nuit et vous êtes dans ce qui ressemble à un château abandonné. Les images qui vous parviennent semblent passées sous un filtre obscur et déformant comme si vous étiez sous l’emprise d’une quelconque drogue. Des sons venant de loin vous font penser à des incantations. Une forte odeur d’encens s’empare de vous. Sans le vouloir, votre esprit se déplace dans un dédale de couloirs. Des portes entrouvertes vous révèlent furtivement des masques grand-guignolesques. Dehors vous croyez entendre un fer qui est battu. Sans trop comprendre, vous avez la certitude d’être quelque part d’important. Une fenêtre laisse apparaître la nuit d’un noir profond. Vous vous en approchez et vous n’apercevez en fait que du vide, comme si la bâtisse où vous étiez flottait dans le vide. Une porte claque. Derrière, un chahut de tous les diables. Vous pensez percevoir une masse en mouvement dans le couloir. Vous flottez jusque là. Des sortes de petits nuages de couleurs et tailles variées filent dans un flux continu vers une immense salle dont vous ne voyez ni le sol ni le plafond. Du couloir, elle semble éclairée au plafond d’une lumière bleutée aveuglante et au sol d’une lumière rouge brûlante. Les petits nuages en s’approchant semblent ralentir et les sons petit à petit s’atténuent. En entrant dans la salle les nuages soit s’envolent soit tombent. Vous suivez le flux vers cet endroit intriguant et alors que vous vous sentez aspiré par cette pièce, vous revenez à vous. Vous êtes sur la terrasse d’un bar où vous vous êtes endormi, au soleil, sans doute sous l’effet du mojito trop chargé. Vous avez mal au crâne mais cela ne vous empêche de vous souvenir de votre conclusion avant de sombrer : Dieu est une superstition.


Tracklisting du CDr :

1. God Is A Superstition
2. The Day After
3. Neant
4. Forest Fire
5. OZZ
6. Mona
7. Fauna
8. Big Mistake
9. Loneliness

Extraits disponibles sur cette compilation :


  Blog - 23.03.2014 par Guismo


2013 par le mauvais bout - attention, ceci est une shitlist.

Pas (forcément) le plus mauvais, mais de loin le pire de ce que j’ai eu le malheur d’écouter l’an dernier (pas toujours en entier hein, faut pas déconner) parmi ce que les autres ont eu le malheur de trouver bon.


10. Foxygen - We Are The 21st Century Ambassadors Of Peace & Magic

Symbole d’un revival psyché qui compte sur l’inculture des indie kids en matière de pop 60s et la mémoire courte des autres. Palme du pompage sur tout et tout le monde, et par conséquent palme du titre d’album le plus dégoulinant de prétention déplacée.


9. My Bloody Valentine - m b v

Palme du retour sans inspiration, complètement anachronique et aux trois quarts raté.


8. Julia Holter - Loud City Song

Il y a pourtant eu bien assez de belle pop éthérée en 2013 pour zapper cette sous-Kate Bush chiantissime et ultra-maniérée, venue d’une ambient "expérimentale" sans queue ni tête tout aussi poussive et surestimée.


7. The Knife - Shaking The Habitual

C’est bien malheureux d’avoir eu besoin de ce groupe pseudo-avant-gardiste et de son gloubi-boulga fashion-tropicaliste pour faire écouter de l’ambient aux gens. Leur plus mauvais disque et pourtant c’était pas gagné.


6. Kanye West - Yeezus

Oui vous avez bien lu, cet étron aux collages d’influences bouffis et quasiment tout autre album hip-hop plébiscité par la presse musicale cette année, véritable défilé de têtes à claques égocentrées et sans talent. Audacieux ? Dans tes rêves. Efficace ? Même pas. Prétentieux, tape-à-l’oeil, nombriliste ? Ben voilà.


5. Oneohtrix Point Never - R Plus Seven

Le pire de l’ambient pour hipsters, fascinant de non-sens (au point qu’on en invente pour lui), de non-musicalité (toi aussi déconstruis tes vieux disques New Age avec un logiciel aléatoire et deviens un génie) et de grandiloquence. En plus on doit à Lopatin le virage pompeux de Tim Hecker et le plébiscite de l’écœurant Autre Ne Veut - hors concours celui-là, comme la plupart de ses petits copains du "renouveau R’n’B" (?!).


4. La Femme - Psycho Tropical Berlin

Du caca, un peu comme toute cette vague rétro synth-pop 80s à la française (Aline et compagnie) mais en plus racoleur, en gros Dorothée avec une production psyché dans l’air du temps.


3. Wampire - Curiosity

Pareil qu’au-dessus mais en anglais, un peu plus "dark" (enfin, vaguement) et tout aussi gerbant. Adoubé par les Unknown Mortal Orchestra, c’est à celui des deux qu’on aura le plus vite oublié.


2. Daft Punk - Random Access Memories

Du caca aussi, qu’on aimerait nous faire passer pour du caviar, faut croire que tout le monde a oublié ce disco-funk ringard des années 80 que les deux petits robots aux faces de tiroirs-caisses pillent sans vergogne au vu et au su des critiques complices.


1. Stromae - Racine Carrée

L’ignoble rejeton de Bénabar et David Guetta, accouché par Carlos. Tellement informe que ça se passe de commentaire.



  Blog - 01.01.2014 par RabbitInYourHeadlights


Dans l’antre de Danny Elfman

Après Ennio Morricone et John Barry, notre série de playlists consacrée aux compositeurs de cinéma continue avec Danny Elfman, étroitement associé dans l’inconscient collectif aux BOs gothiques des films de Tim Burton où l’enchantement et la mélancolie le disputent à la noirceur et à l’humour macabre. Un arbre certes aussi gros et noueux que celui de Sleepy Hollow mais qui ne doit pas cacher pour autant la forêt des cinéastes ayant un jour ou l’autre fait appel au talent du Californien, de Sam Raimi ( Darkman, la trilogie Spider-Man, le sublime Un plan simple dont les titres les plus poignants n’étaient malheureusement pas disponibles) à Gus Van Sant ( Prête à tout, Will Hunting ) en passant par Taylor Hackford ( Dolores Clayborne, L’échange ), Brian De Palma (pour l’indépassable bande-son du premier Mission : Impossible ), Ang Lee ( Hulk ), Peter Jackson ( Fantômes contre fantômes ), Barry Sonnenfeld (les trois Men in Black ) et bien d’autres.

L’occasion de se pencher également sur quelques scores moins connus et tout aussi remarquables, de Prince noir à Freeway, avec ce choix constamment difficile d’extraire ou non certains morceaux de leur contexte visuel et dramaturgique tant l’ex frontman d’Oingo Boingo a toujours brillé par sa capacité à mêler en un même mouvement action épique, sentimentalité lyrique et atmosphères torturées, dans un parfait compromis de narration concrète et d’émotion abstraite. Oingo Boingo dont la discographie sera d’ailleurs occultée par cette sélection, impardonnable diront sans doute les fans de la première heure mais le peu d’affinité de votre serviteur pour la new wave déjantée du groupe californien en aura décidé autrement.

Influencé par Bernard Herrmann (pour le tourment des cuivres et des cordes) et Lalo Schifrin (pour l’utilisation prépondérante et décomplexée des percussions) dont il aura respectivement réinterprété les thèmes de Psychose et Mission : Impossible mais aussi par Prokofiev pour la féérie plus cristalline des idiophones (cf. cet extrait du score de Fantômes en fête en hommage à Casse-Noisettes ), John Zohn pour les saillies noise fêlées des Freeway, Prête à tout et autre Génération sacrifiée ou pourquoi pas Morricone dont les chœurs atypiques, la singularité des harmonies et la liberté des orchestrations tantôt majestueuses ou discordantes voire carrément déliquescentes semble avoir marqué l’Américain, Danny Elfman n’en est pas moins l’un des seuls compositeurs de cinéma apparus ces 25 dernières années qui soit reconnaissable entre mille par ses admirateurs comme par une partie du grand public.

De quoi lui pardonner de s’être accordé récemment quelques écarts plus "alimentaires" à Hollywood en se reposant sur ses acquis (un peu comme son copain Burton, diront les mauvaises langues), que nous auront d’ailleurs fait oublier les sublimes BOs de Milk et Promised Land pour Gus Van Sant injustement reparties bredouilles des Oscar mais auxquelles rend humblement justice cette sélection de 50 titres aussi drastique que passionnée.

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- Tracklist :

1. Scrooged - A Horror In Chez Jay / Highball / Waiter Ablaze (1988)
2. Beetlejuice - Main Titles (1988)
3. Beetlejuice - The Fly (1988)
4. Tales From The Crypt - Main Theme Album Version (1989)
5. Batman - Flowers (1989)
6. Batman - Descent Into Mystery (1989)
7. Batman - The Bat Cave (1989)
8. Batman - Childhood Remembered (1989)
9. Batman - Love Theme (1989)
10. The Simpsons - Main Theme (1989)
11. Night Breed - Main Titles (1990)
12. Night Breed - Carnival Underground (1990)
13. Darkman - Main Titles (1990)
14. Edward Scissorhands - Main Titles (1990)
15. Edward Scissorhands - The Grand Finale (1990)
16. Batman Returns - Birth Of A Penguin (1992)
17. Batman Returns - Selina Transforms, Part 2 (1992)
18. Batman Returns - The Cemetery (1992)
19. Batman Returns - The Finale, Part 1 (1992)
20. Sommersby - Main Titles (1993)
21. Evil Dead : Army Of Darkness - March Of The Dead (1993)
22. Nightmare Before Christmas - Jack & Sally Montage (1993)
23. Black Beauty - Main Titles (1994)
24. Dolores Claiborne - Main Titles (1995)
25. Dead Presidents - Main Titles (1995)
26. To Die For - Main Titles (1995)
27. Mission : Impossible - Looking For Job (1996)
28. Mission : Impossible - Betrayal (1996)
29. Mission : Impossible - Zoom A (1996)
30. The Frighteners - Intro Titles (1996)
31. The Frighteners - Chilly (1996)
32. Freeway - Main Titles (1996)
33. Men In Black - Main Theme (1997)
34. Good Will Hunting - Main Titles (1997)
35. A Simple Plan - Main Title (1998)
36. A Civil Action - Civil Theme (1998)
37. Instinct - Main Titles (1999)
38. Sleepy Hollow - Introduction (1999)
39. Proof Of Life - Main Title (2000)
40. Planet Of The Apes - Main Title Deconstruction (2001)
41. Spider-Man - Alone (2002)
42. Spider-Man - Farewell (2002)
43. The Hulk - Prologue (2003)
44. Big Fish - Jenny’s Theme (2003)
45. Desperate Housewives - Opening Theme (2004)
46. Charlie And The Chocolate Factory - Finale (2005)
47. The Corpse Bride - Main Title (2005)
48. Milk - Harvey’s Last Day (2008)
49. Milk - Postscript (2008)
50. Promised Land - Logos (2012)


  Blog - 19.07.2013 par RabbitInYourHeadlights


John Barry : un hommage en 50 morceaux

Après Morricone, c’est au tour du compositeur anglais de s’effeuiller en 50 titres et pas un de plus.

Décédé en janvier 2011, John Barry fut à la fois l’un des musiciens de cinéma les plus secrets et les plus adulés du siècle passé. L’un des plus influents aussi, figure tutélaire du trip-hop - de Portishead à Rob Dougan en passant par Goldfrapp ou Bonobo - et pourvoyeur inépuisable de boucles instrumentales samplé en vrac par Fatboy Slim, le Beta Band, Daedelus, The Prodigy, Gang Starr, Wagon Christ, les Propellerheads ou encore le Wu-Tang Clan pour n’en citer que quelques-uns parmi les plus illustres, aux quatre coins du spectre musical, à avoir succombé à ses mélodies désarmantes, sa mélancolie troublante, ses gimmicks jazzy ou ses cordes en apesanteur.

Des années EMI avec le John Barry Seven - qui le virent inventer le rock’n’roll moderne, ou pas loin - aux albums orchestraux en clair-obscur du tournant des années 2000 (en tête desquels le fabuleux The Beyondness Of Things qu’on aurait quasiment pu vous mettre en entier), des célèbres scores de James Bond aux castings de voix impeccables (l’omniprésente Shirley Bassey mais aussi Mama Cass, Louis Armstrong, Nancy Sinatra ou même Donna Summer), de ses bandes originales primées aux oscars (mais sans Out Of Africa, usé jusqu’à la moelle) à ses partitions plus obscures pour séries B, séries TV et autres docus improbables qui nous auront souvent gratifiés des plus beaux trésors de sa discographie, ce sont plus de quarante années d’une carrière en tous points admirable que l’on vous propose de passer en revue, au fil de ces 50 morceaux sélectionnés avec autant d’affection que de partialité.

Pour que John Barry n’ait plus aucun secret pour vous, ou presque !

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- Tracklist :

1. John Barry - A Man Alone (The Ipcress File) - 1964
2. John Barry Seven & Orchestra - Beat For Beatniks - 1960
3. John Barry Seven - Beat Girl - Main Title - 1960
4. John Barry - The Beyondness Of Things (The Beyondness Of Things) - 1998
5. John Barry - Body Heat - Main Title - 1981
6. John Barry - Bogota, 1984 (The Specialist) - 1994
7. John Barry - Boom ! - Main Theme - 1968
8. John Barry - The Chase - Main Theme - 1966
9. John Barry Seven & Orchestra - Cutty Sark - 1962
10. John Barry - The Danny Scipio Theme (Vandetta 7") - 1966
11. John Barry feat. Shirley Bassey - Diamonds Are Forever - 1971
12. John Barry - Did You Call Me (The Specialist) - 1994
13. John Barry - Dixie Kidnaps Vera (The Cotton Club) - 1984
14. John Barry feat. Donna Summer - Down Deep Inside (The Deep) - 1977
15. John Barry - Ecstasy ! (The Knack... And How To Get It) - 1965
16. John Barry - Elizabeth Theme (Elizabeth Taylor In London) - 1963
17. John Barry Seven & Orchestra - Fancy Dance - 1963
18. John Barry - Frances - Main Title - 1982
19. John Barry - Fun City (Midnight Cowboy) - 1969
20. John Barry - Game Of Death - End Title - 1978
21. John Barry - The Girl With The Sun In Her Hair - 1967
22. John Barry feat. Mama Cass - The Good Times Are Coming (Monte Walsh) - 1970
23. John Barry - Highway 101 (Petulia) - 1968
24. John Barry - The Human Jungle - Main Theme - 1963
25. John Barry - James Bond Theme (Dr. No) - 1962
26. John Barry - Journey To Blofeld’s Hideaway (On Her Majesty’s Secret Service) - 1969
27. John Barry - Journey To The Buffalo Killing Ground (Dances With Wolves) - 1990
28. John Barry Seven & Orchestra - Kinky - 1963
29. John Barry - The Knack - Main Theme (The Knack... And How To Get It) - 1965
30. John Barry - The Lion In Winter - Main Title (1968)
31. John Barry - Mary, Queen Of Scots - Main Theme - 1971
32. John Barry - Midnight Cowboy - Main Theme (1969)
33. John Barry feat. Dionne Warwick - Mr. Kiss Kiss Bang Bang (Thunderball) - 1965
34. John Barry feat. Shirley Bassey - My Love Has Two Faces (Deadfall) - 1968
35. John Barry - Orson Welles’ Great Mysteries - Main Theme - 1973
36. John Barry - The Persuaders - Main Theme - 1971
37. John Barry - Returning Home (Eternal Echoes) - 2001
38. John Barry - Somewhere In Time - Main Title - 1980
39. John Barry - Space March (You Only Live Twice) - 1967
40. John Barry feat. Michael Angelo - Spinnerree - 1961
41. John Barry - Tetha Leyanto (Zulu) - 1964
42. John Barry - That Fatal Kiss (A View To A Kill) - 1985
43. John Barry - The More Things Change - 1969
44. John Barry - Try (On Her Majesty’s Secret Service) - 1969
45. John Barry - Until September - Main Title - 1984
46. John Barry - Vendetta - Main Theme - 1966
47. John Barry Seven - Walk Don’t Run (Johnny Smith cover) - 1960
48. John Barry feat. Louis Armstrong - We Have All The Time In The World (On Her Majesty’s Secret Service) - 1969
49. John Barry - Wednesday’s Child (The Quiller Memorandum) - 1966
50. John Barry feat. Nancy Sinatra - You Only Live Twice - 1967


  Blog - 12.07.2013 par RabbitInYourHeadlights