Après avoir tutoyé les cimes d’un drone mystique et majestueux associés à Liondialer et Machinefabriek sur le fabuleux That It Stays Winter Forever, puis souhaité le décès de quelque ruminant toujours avec ce dernier mais accompagnés cette fois de la paire magique d’Erased Tapes, Peter Broderick et Nils Frahm (pour la fameuse série de sessions bovines de la radio publique néerlandaise), c’est en trio que nous reviennent les frères Jan et Romke Kleefstra (croisés par ailleurs au sein de Piiptsjilling, une fois de plus avec Rutger Zuydervelt aka... Machinefabriek) et leur comparse Anne-Chris Bakker pour deux de ces pièces hors-format dont ils ont le secret.

Comme à l’accoutumée, Jan récite de sa voix sans timbre - dans un dialecte parlé au Nord de l’Allemagne et des Pays-Bas, le Frison, comme si le Néerlandais ne nous semblait pas déjà assez mystérieux comme ça - tandis qu’Anne et Romke, entre deux accords graciles, tirent de leurs guitares divers effets organiques, percussifs, erratiques, venteux... sur fond de drones contemplatifs et de discordances feutrées, évoquant les sphères sacrées autant que l’abîme grouillante de l’âme humaine dans une atmosphère grise et glacée de solitude et de recueillement. Mais comme rien n’est jamais pareil avec ce trio rompu ou soundscaping le plus impressionniste et mouvant, le résultat est toujours aussi fascinant, à la hauteur des explorations spleenétiques de Fennesz et David Sylvian.

Disponible en édition limitée chez Low Point.