On pourrait s’étonner de retrouver chez Spin l’avant-première de ce très attendu nouvel opus des flippants Locrian prévu pour lundi, mais si cette première sortie dans les rangs de Relapse symbolise la fin de l’underground pour le trio chicagoan, elle marque également et surtout leur éloignement des sphères doom ambient au bruitisme morbide qu’on leur connaissait chez Utech ou Fan Death Records au profit d’une approche plus rythmique et d’un format presque percutant, en adéquation avec l’inspiration épique d’un album ouvertement influencé par l’ambition narrative du prog rock et de la littérature SF.

Empruntant leur postulat d’anticipation à l’uchronie environnementale du roman Dhalgren publié dans les années 70 par le New-Yorkais Samuel R. Delany, André Foisy (guitares, électronique), Steven Hess (batterie, électronique) et Terence Hannum (cris, claviers) livrent en effet avec le successeur du malaisant The Clearing l’album le plus accessible de leur discographie mais pas pour autant le moins audacieux. Étouffant ses synthés mystiques, drones déliquescents et autres beuglantes torturées sous le martèlement des fûts plus ou moins martiaux ou feutrés et la relative clarté des guitares plus lyriques qu’à l’accoutumée, Return To Annihilation alterne ainsi envolées post-rock, tension kraut et menace sludge au gré du chapitrage de son apocalypse écologique en marche avant de transposer les élégies marécageuses du superbe split avec Mamiffer en ode King-Crimsonienne pour un futur désenchanté sur 15 minutes d’un final de toute beauté, qui nous reprend à la gorge un dernier coup alors même qu’on le croyait éteint.