Le streaming du jour #1138 : Chokeules - ’Stay Up’

Wordburglar n’est pas le seul blanc-bec nerdy à briller hors du collectif canadien Backburner. MC de Toolshed et Swamp Thing au côté du sémillant Timbuktu qui enregistre, arrange, mixe et produit (avec Savilion, beatmaker de Swamp Thing ou encore Mister E des mêmes Backburner) cet irrésistible Stay Up au boom-bap alt-rap foisonnant, Chokeules (prononcer "Cho-Ku-Liz") n’a rien perdu de son sens de l’humour pince sans rire blindé de références ciné ou télé décalées, pas plus que du tranchant décontracté d’un flow capable d’introduire le second degré dans la plus sérieuse des tirades sur l’inspiration, l’isolation ou la célébrité.

Si une bonne partie de l’équipe se retrouve sur l’épique Leftorium où le flow nasillard de Wordburglar croise les inflexions de baryton tout en souplesse du compère More or Less sous l’égide de Mister E, les meilleurs morceaux sont sans surprise ceux où Chokeules invite Timbuktu aux manettes (des basses funky de Sole People aux percussions tribales d’un FAAMF groovesque en diable), à commencer par le vibrionnant Welcome aux samples de cuivres latins et basses rondes coolissimes, électrisé par les cuts de DJiRATE qui se partage le boulot sur l’album avec l’excellent Uncle Fester de Backburner (lequel fera merveille dans la foulée sur les voix soul de Verbatim dont les sonorités évoquent celles du Renaissance de Q-Tip). Avec l’humour involontaire du sample dArnold le Magnifique qui fait écho en fin de morceau au titre de l’album, le ton est donné : il sera moins question de viser le succès que de tourner en dérision ceux qui s’y cramponnent à tout prix.

Ce qui n’empêche pas quelques titres de faire preuve d’une certaine gravité au seuil de la mélancolie (Man of Letters ou Electric Jesus produits par Savilion qui vient poser son cheveu sur la langue du second, ou le jazzy Dusted dont la boucle de piano nostalgique signée MMac répond aux souvenirs que l’on regrette de n’avoir jamais partagés) voire d’aborder l’angoisse existentielle qui tenaille les inadaptés, d’un côté l’inquiétant Cold EffectsTimbuktu s’aventure du côté des cauchemars psycho-sociaux de feu Dr. Octagon, de l’autre l’ironique Pass the Torch enrobé de synthés gothiques par Savilion, regard d’un néandertalien des 90s sur notre culture en régression à laquelle la technologique sert de cache-misère. Ce dernier n’est d’ailleurs pas en reste avec le tube baroque 40-Year-Old Vegan dont l’instrumentarium n’est pas sans rappeler David Axelrod, l’excellent Booze aux accents urbains sombres et rétro façon Wu-Tang Clan des débuts avec Timbuktu dans la peau d’Ol’ Dirty Bastard ou le plus classique Anonymous Tip, ode à la culture pop où The Pharcyde croise Indiana Jones sous le regard malicieux de Reggie Watts :



A écouter sans modération sur le Bandcamp du label Hand’Solo, autour duquel gravite avec une virtuosité jamais démentie toute cette génération de geeks canadiens attachants :


Streaming du jour - 29.07.2014 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
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