Moitié des formations cultes de feu City Centre Offices Swod et Dictaphone, Oliver Doerell avait réactivé ce dernier projet il y a deux ans du côté du label Sonic Pieces avec un nouveau membre à bord et la réussite que l’on sait. Un jazz impressionniste mâtiné de micro-glitch et d’influences ethniques dont l’Allemand prend indirectement la suite avec cette nouvelle incarnation polyrythmique et psyché sonnant comme la musique chamanique d’une peuplade vénusienne oubliée.

Certes, l’abandon des sens à la transe africaine remplace ici celui plus relâché du jazz, la clarinette du compère Roger Döring n’étant plus au rendez-vous. Mais l’on retrouve dans la mélancolie des incursions acoustiques (des reflux de cordes anachroniques de Maria aux bandonéon et guitare latine de t), les pulsations caoutchouteuses (claquements d’élastiques) ou boisées (le kalimba omniprésent) des percussions et autres samples aux superpositions étranges ce goût pour l’abstraction hypnotique confrontant errances de l’esprit et pulsions de vie, les field recordings et clappements de mains se mêlant aux effets drogués pour évoquer cette atmosphère de rêve éveillé qui nous étreint lorsque le dépaysement d’une culture inconnue remet soudainement en question les certitudes de notre identité. Superbe et intrigant, un EP à ne surtout pas manquer :