Le streaming du jour #1809 : Sea Trials - ’Sea Trials’ & ’The Weight Of Surfacing EP’

Nouvellement basé en Hongrie, l’Irlandais Ian W. McCarthy délaisse l’ambient crépusculaire et chamanique mâtinée de beats tribaux de ses projets Wilhelm et Romart dont le spleen déliquescent nous avait envoutés le temps d’un faux split chez I Had An Accident il y a déjà près de 6 ans, pour évoquer la nostalgie d’un océan que l’effritement de ces boucles dronesques rend d’autant plus lointain, tel un souvenir érodé par le temps.

C’est du côté de Whitelabrecs, dont le cru 2017 a des allures de pain béni pou les amateurs d’ambient expérimentale avec tout particulièrement les très belles réussites de Net et David Kolhne (mais aussi celles de Steve Pacheco et Tsone notamment), que paraissait l’été dernier le premier album, éponyme, de ce nouveau projet.

Créé à base d’enregistrements brûlés par le soleil ou immergés dans l’eau salée pour obtenir cet effet de détérioration naturelle et ce sentiment de déréliction qui en découle, Sea Trials allie la grâce d’une symphonie des sens aux rêveries désagrégées (As Below, Here Now, ou l’incursion kosmische aux arpeggiators ascensionnels du final At Least There Was This) flirtant parfois avec l’hantologie (A Turning Point, A Wave Reveals) à un aspect plus lancinant et opaque (She Warns Me Of The Storming Sky) voire carrément plombé (les nappes austères de Poised ; Above Me So, ou Though My Sadness Must Not Weigh Me Down avec ses pianotages perdus dans le brouillard marin), ces deux pôles se rejoignant sur le foisonnant For If We Never Meet Again dont les hachures désespérées évoquent l’irrévocable décadence de la mémoire et des sentiments.


Quant au netlabel Audio Gourmet, sœur aînée de l’écurie sus-nommée (l’excellent Britannique Harry Towell assumant cette double paternité) déjà à l’honneur dans nos colonnes l’année passé avec le Songs of Iceland de Ben McElroy), il s’offrait à l’automne une sortie plus minimaliste mais non moins fascinante du musicien. Enregistré à l’aide d’un synthétiseur, d’un piano et d’une guitare avant de procéder à diverses manipulations des bandes, Ian W. McCarthy s’est de nouveau intéressé ici aux thématiques "de la décomposition et de la renaissance".

Si le piano et les synthétiseurs du court Intro, Lovers, Fade initial présentent une dimension ouvertement lyrique voire hédoniste, cette introduction n’est finalement qu’un trompe-l’œil. En effet, les huit minutes d’un Symphony For A Breach (Part 1) qui appelle donc une seconde partie à venir sur un prochain EP constituent une odyssée labyrinthico-apocalyptique faite aussi bien de drones et de boucles analogiques saturées que de field recordings et synthétiseurs oniriques à la façon Boards of Canada qui apparaissent en deuxième partie de morceau.

Troisième et dernier titre de l’EP, Love Is The Only Way Down enfonce le clou d’une atmosphère dystopique granuleuse mais jamais totalement opaque. Des effluves de naphtaline émanent de saturations mécaniques dont l’urgence croît au fur et à mesure de l’évolution de ce morceau cheminant peu à peu vers la lumière, brillante clôture d’un EP qui engage décidément à suivre de très près l’univers obsédant de cette nouvelle incarnation de l’Irlandais.


Streaming du jour - 13.02.2018 par Elnorton, RabbitInYourHeadlights
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