Notre streaming #2001 se devait d’être une odyssée métaphysique, on doit celle-ci à Jim O’Rourke, bande-son d’hiver cosmique aux nappes engourdies de synthés radiants et d’ondes radio perdues dans l’espace que vient parfois illuminer de sa mélancolie, surtout dans sa première moitié, un piano en suspension.

Il fut un temps où l’on pouvait passer à côté de sorties majeures de l’Américain basé au Japon en raison de leur profusion, en particulier à l’époque de sa série Old News ou de ses collaborations multiples avec Ambarchi, Haino, Mats Gustafsson, Christoph Heemann et quelques autres, jusqu’à l’an dernier même où il nous gratifiait encore d’une demi-douzaine d’enregistrements. En 2018 c’est un peu le contraire, puisque hormis les impros ambient ultra-minimalistes des Steamroom qu’il publie lui-même depuis Tokyo sur la page Bandcamp de son écurie digitale du même nom, Sleep Like It’s Winter est l’unique sortie de l’ex Gastr Del Sol cette année, toute première référence du jeune label nippon Newhere Music.

C’est d’ailleurs un peu dans l’esprit des Steamroom qu’évolue cette pièce mouvante et mutante de 44 minutes dont l’épure onirique peut parfois évoquer Eno ou les travaux ambient plus récents d’un Steve Roach, bien qu’elle ait finalement bien davantage à voir avec les foisonnements électroniques abstraits et vacillants du chef-d’œuvre sous-estimé de Kid606, Songs About Fucking Steve Albini, pour les forts contrastes en intensité des drones de synthés et la liberté qui en sous-tend les variations plus ou moins lancinantes - voire stridentes - ou ouatées.

Un grand disque d’immersion subconsciente aux rêves agités.