Orville Peck - Pony

1. Dead of Night
2. Winds Change
3. Turn to Hate
4. Buffalo Run
5. Queen of the Rodeo
6. Kansas (Remembers Me Now)
7. Old River
8. Big Sky
9. Roses Are Falling
10. Take You Back (The Iron Hoof Cattle Call)
11. Hope to Die
12. Nothing Fades Like the Light

2019 - Sub Pop

Sortie le : 22 mars 2019

Orville Peck

Pour son premier disque, Orville Peck soigne l’ouverture avec un Dead of Night kaléidoscopique, fusionnant avec brio une basse vibrante, une batterie lente et martiale ainsi qu’une voix grave à la Johnny Cash s’envolant vers un lyrisme (trop) proche de celui chéri par Bono. C’est qu’il y a quelque chose d’impressionnant dans la manière dont l’Américain parvient à marier des textures issues de registres très variés, allant du shoegaze à la country, en y intégrant quelques éléments qui, tel ce maniérisme U2esque, constituent des références plus inavouables.

Heureusement, cette tendance n’est utilisée qu’avec parcimonie, sur le refrain de Dead of Night donc, puis sur celui de Queen of the Rodeo. En fait, dès que l’artiste basé au Nevada dirige sa voix vers les aigus. Lorsqu’il revient à la raison - c’est-à-dire l’essentiel du temps - c’est un organe rocailleux à rapprocher de celui de Nick Cave que l’auditeur découvre. La filiation artistique avec le crooner australien est évidente sur Winds Change et se prolonge jusqu’à un Buffalo Run plus expérimental, sur lequel les guitares électriques font des entrelacs qui ne sont pas sans rappeler ceux du Sonic Youth du début des années 90.

L’artiste masqué et paré d’un chapeau ralentit ensuite le tempo en milieu de disque, affirmant davantage cette country de cow-boy à laquelle son look fait écho. Avec Big Sky, les cordes électriques et acoustiques se répondent sans tout à fait se mêler. Sans aucun support, si ce n’est celui de la voix du chanteur. Le résultat est hypnotique, et constitue sans doute la plus probante des réussites dans ce versant qui conduit parfois l’artiste à tourner en rond.

S’ensuit un hommage évident à Ennio Morricone, Take You Back s’ouvrant avec des sifflements faisant autant écho à ses compositions pour Sergio Leone que la rythmique d’un cheval au trot qui les accompagne. Enfin, le Nothing Fades Like the Light final ressemble à la manière dont Johnny Cash aurait pu s’approprier une ballade de The National. Brillant, mais lent et pas nécessairement immédiat. La dernière signature de Sub Pop possède un indéniable talent si l’on entend par là ce soupçon d’originalité et ce goût de revenez-y qui l’écarte du reste de la mêlée. S’il se tient généralement au-dessus de celle-ci en créant des ambiances country aux influences variées, ses quelques excès lyriques ramènent parfois les pieds de l’auditeur sur Terre de manière brutale. C’est évidemment dommageable, mais l’écoute de Pony est largement justifiée au regard des quelques compositions bien senties et de la capacité de l’Américain à proposer un contenu singulier sans pourtant bouleverser un registre très codifié et déjà largement éprouvé. Étonnant.


( Elnorton )


Disques - 13.05.2019 par Elnorton