The Oscillation - The Start Of The End
1. War On The Mind
2. Faraway
3. The Start Of The End
4. The Eternal
5. Body Electric
6. Mantra
7. Sovereign
8. Body Electric (magnetic mix)
9. The Eternal (unseen mix)
Sortie le : 7 juin 2024
Pas faute d’avoir adoré la série d’albums Singularity Zones lâchés de mi 2022 à début 2023 par Demian Castellanos et dominés par des soundscapes dronesques et narcotiques voire carrément éthérés aux accents space rock discrets (cf. les chroniques du volume 4 ici, puis du 6e et dernier là), on avait tout de même hâte de retrouver le Britannique sur le terrain du rock psyché, archi dominé depuis 2007 et le génial Out of Phase par ce projet capable de phagocyter absolument tout ce que la musique moderne compte de passionnant pour alimenter son univers incandescent.
La force de The Oscillation, c’est de jouer du rock psyché sans regarder en arrière, sans se rêver en Syd Barrett, en 13th Floor Elevators ou autres Spacmen 3 du nouveau millénaire. En résulte une musique immersive et organique aux textures héritées du shogaze, sans pose ni passéisme d’aucune sorte, antithèse de ce dont le genre - et plus largement l’indie rock - regorge aujourd’hui y compris sur un label aussi classe que Fuzz Club d’ailleurs, par lequel le groupe est brièvement passé : du rock tape-à-l’oeil en quête d’admiration publique et critique, dégoulinant de morgue, de cool surjoué, de télescopages lourdement ostentatoires et de clins d’oeil à un passé glorieux dont ces piètres tenants d’un héritage désormais moribond rêvent de faire partie.
Ceux qui ont eu un jour la chance de voir The Oscillation sur scène, en particulier en duo avec le regretté Tom Relleen de Tomaga à la basse, savent bien de quoi l’on parle : aucune attitude, aucune prétention, simplement de la musique, intense, inspirée, magnétique, d’une densité à couper au couteau, et en la matière ce nouvel opus du Londonien toujours accompagné derrière les fûts par le fidèle Tim Weller (Death In Vegas, The Divine Comedy, Luke Haines) ne déroge en rien à la règle. Artwork géométrique toujours, symbolisant l’abstraction de ce rock en ébullition dont le chant d’emblée est complètement enseveli sous les couches de distos et de saturation (War On The Mind). Un psychédélisme cérébral dont l’effet sur le corps, la puissance viscérale sont pourtant comme toujours saisissants, du groove drogué très Madchester-du-futur de Faraway au slow burner Sovereign digne de Flying Saucer Attack avec son space rock aussi planant qu’abrasif et perçant, en passant par le crescendo incantatoire et ténébreux de The Eternal, ou surtout le sommet Mantra, vertigineux de contrastes entre passages épurés au chant distinct et vortex de lumière noire opaques et vénéneux.
Au milieu, une belle incursion mélodique également, ce The Start Of The End en apesanteur et pourtant bouillonnant qui n’est pas sans évoquer la grande époque de Spiritualized, et à la fin, une paire de versions alternatives sans chant ni batterie pour faire le lien, en deux longues épopées hypnotiques, avec les susmentionnés Singularity Zones : Body Electric et son bien-nommé "magnetic mix", et The Eternal tous drones de guitare en avant. On en ressort avec l’impression d’un album-somme, qui certes ne surprendra pas les fans dont nous faisons partie, moins mélangeur et aventureux que les indépassables Veils et Out of Phase, moins cauchemardé/déglingué que Monographic, moins terrassant de précision que From Tomorrow, moins halluciné que Beyond The Mirror mais à l’intersection idéale de tout ça, quelque part. Du grand art.
180 albums, car si la frustration demeure de ne pas en citer 100 ou 150 de plus, c’est là que la césure s’avérait la plus supportable en cette année 2023 riche en pépites sous-médiatisées. 180 disques, car le but d’un bilan annuel, de la part d’une publication musicale quelle qu’elle soit, ne devrait pas revenir à montrer que l’on a sagement écouté la (...)
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Avec ses jams plus cadrés mais tout aussi épiques et incandescents qu’à l’accoutumée, la compil’ d’inédits Beyond the Mirror l’an passé nous confirmait s’il était besoin qu’il y a toujours un gouffre, un puits sans fond, un mur (de son) dont on n’est pas près de voir le sommet entre The Oscillation et n’importe quel autre groupe de rock (...)
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