2011 … je ne tourne plus rond ?

Je vous écrit vite fait, des hommes en blanc sont venus frapper à ma porte, piaule carrée, fenêtre perchée, je crois que je suis barré.

J’espère que vous vous souviendrez de moi, comme quelqu’un resté sain d’esprit et de corps, jusqu’au bout. Parce que mine de rien, si je publie mon top en tant que rédacteur, un de plus, c’est parce qu’il paraît que c’est mon dernier. Même ma fille me le disait à table l’autre soir, “C’est dommage, on n’aura quand même pas vécu longtemps”. Et oui, à force de ressasser sur les médias la fin du monde le 21.12.2012, pas impossible que ça arrive. Jouir jusqu’au bout du meilleur de la musique, y’a plus que ça à faire. A moins que ça ne finisse par me rendre fou, pour de bon.

Le podium



1. Peter Kernel - White Death, Black Heart (chronique)

Je n’accuserai pas Peter Kernel de tous mes maux, mais avant de connaître ce groupe je fumais, je me droguais, et tout allait pour le mieux. Depuis que How To Perform A Funeral et ce White Death, Black Heart sont entrés dans ma vie, je tourne mal, j’ai tout largué pour l’album le plus addictif de l’année, vrillant, tellement vrillant que j’attaque mon premier morceau de helvètes chaque matin, juste après le petit déj’. Une dépendance de perdue, dix de retrouvées.



2. P.J. Harvey - Let England Shake
(chronique)

C’est le grand écart, plutôt disque du soir. Avec ce nouveau Polly Jean, on peut tout imaginer, des parties fines la plume dans le fion en compagnie d’un ex-directeur du fond ou des ballades en custom à travers les bois de la campagne anglaise. C’est ce don d’ubiquité qui me plaît tant chez les artistes, ils ont compris que la folie guettait, que l’apocalypse était toute proche et du coup lâchent des morceaux sacrément tordus.



3. Cvantez - Tigers
(streaming du jour)

Typiquement le genre d’album que j’ai envie de pleurer. Si simple, si beau, si pur, aux sonorités si flatteuses que j’aimerais l’écouter pendant les vingt prochaines années. Comme quoi même en musique, y’a du Made in France qui peut se porter haut et fier.


Les grillés sur le fil



4. The Mountain Goats - All Eternal Decks

Dans la série plus dingo que moi tu meurs (Estate Sale Sign), j’appelle à la barre le All Eternals Deck de The Mountain Goats. Et il n’aura pas fait le déplacement pour rien mon aliéné voisin John Darnielle, puisque je lui remet le grand prix du jury, pour avoir écrit le premier hymne à la gloire d’indierockmag aka Beautiful Gas Mask.



5. The Dears - Degeneration Street
(avis express)

Mais le prix de la grandiloquence revient comme toujours à The Dears, avec un album aussi long et inbouffable (d’une traite) que grand et carrément majestueux. Gargantuesque comme on l’aime.


Les presque parfaits



6. Tapes ‘n Tapes : Outside
(avis express)

Comme les trois quarts des groupes qui finissent dans mes tops, je ne comprends pas pourquoi l’engouement n’est pas universel. Tout est bon dans cet Outside, vraiment tout.


7. Bodies of Water - Twist Again
(avis express)

Par contre là je veux bien vous le concéder, faut avoir passé trop de temps à contempler le papier peint à mémé pour comprendre. Ou avoir vu l’intégrale de la filmographie de Brigitte Lahaie. Dans tous les cas, on finit souvent bouche bée.


8. Alamo Race Track - Unicorn Loves Deer
(chronique)

Il faudrait peut-être se réveiller les gens : déjà deux albums (avec le Black Cat, John Brown ) pour les Hollandais de Alamo Race Track où le résultat surpasse, de par sa patine véritable, les ¾ de votre discothèque. Qu’on se le dise.


Extra-ball



9. Francesca Lago - Siberian Dream Map
(vidéos)

A trop m’éprendre du boulot de Aris Bassetti (Peter Kernel), je suis tombé sur l’une de ses protégées, Francesca Lago, italienne qui se la joue old-school, à mi chemin entre Eddie Brickel, Liz Phair et Lush avec en guest le Rondo Veneziano, non je déconne.



10. Fishboy - Classic Creeps
(streaming du jour et clips)

Let me introduce un vrai agité du bocal, qui écrase le triple A des enflures de la notation, qui bouffe toutes crues les andouillettes AAAAA. Classic Creeps c’est l’album qu’il ne vous faut surtout pas si vous vous appelez Dominique (Ah Ah Ah) et que vous avez gobé par erreur un tube de viagra.


Super Bonus


Le prix Dostoïevski est attribué à Del Cielo - Sur Des Braises


Del Cielo qui me plonge une fois de plus dans des états méditatifs, contemplatifs, introspectifs. Quand la musique, le chant, et les paroles arrivent à rivaliser avec un bon bouquin, ça donne Sur Des Braises.


Le Prix David Lynch est attribué à Timber Timbre, Kate Young et Eriver Hijano

L’album Creep On Creepin’ On est pas mal, mais ce titre Woman et le clip qui va avec se sont ancrés ad vitam eternam dans ma tête.


Le Prix Jacques Chirac est attribué à The Dreams - Morbido


Les gens qui écoutent ça boivent du tropico, ont un vieux T-Shirt Bob Marley sous le plumard, et se passent les disques de The Clash à l’envers. Mein Schatz !


Tilt

Hélas, il n’y aura pas la place pour parler de la claque strasbourgeoise de Crocodiles, des samples de balles de ping pong de The Kills, ni de la bonne trentaine d’artistes supplémentaires présentée exclusivement sur la playlist spotify suivante : 2011 - je ne tourne plus en rond

Bonne année et bonne fin du monde à tous.