Le streaming du jour #709 : Bill Baird - ’Spring Break Of The Soul’

On ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre avec Bill Baird. Shoegaze onirique et ambitieux, country-pop anachronique, blues garage drogué au groove un peu foutraque, ambient luxuriante et majestueuse ou variations chamber-pop romantiques sous son véritable nom comme sous le pseudonyme Sunset, c’est quoi qu’il en soit dans le cadre d’un psychédélisme aux frontières malléables qu’évolue le plus volontiers l’ex Sound Team (à quelques exceptions près, cf. l’EP Good Vibrations et son acoustique dépouillée à l’extrême).

Toujours en écoute du côté de Spin, ce double LP rétro-pop aux arrangements sixties et aux basses galopantes, paru en début de mois chez Pau Wau, ne déroge pas à ce penchant pour les rêveries foisonnantes infusées de mille audaces orchestrales, rythmiques ou vocodées, renouant ainsi avec la profusion métissée d’un Glowing City. Certes d’une moindre envergure et loin d’égaler le génie qui présidait à la construction emboîtée de ce dernier malgré quelques enchaînements de haute volée (entre l’abstract aux cordes hantées de Lake Eerie, le trip-hop vaporeux mâtiné de piano country de Shave et le spoken word funky de Blob par exemple), l’album fait en effet preuve d’un talent intact pour le découpage en vignettes savamment associées dans leur dissociation même, et dont la narration schizophrène aux allures de trip sans queue ni tête dépasse inexplicablement la somme des parties.

Ainsi, de l’épopée tropicaliste d’un morceau-titre émaillé de synthés étoilés à la pop de derviche tourneur sous lexomil de Santa Claus Of The South en passant par le glam narcotique de Sailing, les collages régressifs de Sewage Sirens et Bow Down To The Brain, le mysticisme nonchalant du percussif Inflated Head ou le picking électrique de la comptine instrumentale Les Paul Pointillistic, Spring Break Of The Soul sonne le réveil du psychédélisme aventureux en pleine hégémonie d’un revival paresseux (cf. Foxygen, Psychic Ills et des tas d’autres groupes tout aussi creux et vite oubliés).

Car si le Texan évoque volontiers les Beatles (Lost At Sea), les Talking Heads (World Gone Deaf), Robert Wyatt (Marooned), Hendrix (Black Fritz), The Durutti Column (Go To Mexico) ou Beck (Hairy Sally) entre autres glorieux aînés dont les fantômes circulent sans hiérarchie, on est bien sûr ici à l’opposé de la complaisance coulée dans le formol des groupes sus-mentionnés et c’est sans passéisme aucun que ces multiples références contribuent à nourrir un univers en constante expansion, dont le goût pour l’expérimentation tous azimuts ne prend jamais le pas sur un songwriting attachant et reconnaissable entre mille.


- L’album en écoute intégrale.

- Quelques extraits sur Bandcamp :


Streaming du jour - 29.03.2013 par RabbitInYourHeadlights
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Bill Baird sur IRM - Bandcamp - Site Officiel