Six mois sans sortie Kvitnu c’est long, heureusement le label ukrainien vient de briser le sort avec ce nouvel album de Matter dont le titre fait référence à une théorie décrivant en deux phases l’évolution des sols géologiques, rhexistasie en période d’érosion lorsque la végétation disparaît et biostasie quand la stabilité de la couverture végétale permet la formation d’argile ou de boue calcaire. Ce qu’il faut en retenir ? Un album minéral et mutant, forcément, et des beats électro-indus qui semblent voler en éclats de roche sous les coups de butoir des nappes géoclimatiques ténébreuses et mouvantes.

Autant dire qu’il n’y a guère que la cover de colorée sur cet album monolithique aux sonorités souterraines particulièrement claustrophobes, et que si les rouleaux-compresseurs rythmiques demeurent au premier plan de ce projet post-industriel de Fabrizio Matrone tout aussi à l’aise dans les sphères dark ambient plus immersives de ses alias Heidseck ou Fm Chloroform (comme en témoignent ici les sombres reflux de bruit blanc et de modulations sursaturées de Dominance), la solidité techno du précédent opus de l’Italien aurait tendance cette fois à se désagréger au profit de beats plus implosifs et downtempo, mutation stylistique qui lui va comme un gant (de plomb) :