Le streaming du jour #1364 : Crystal Shipsss - ’Holly’
En janvier dernier sur le chouette mais parfois un brin mollasson Super Glue, Jacob Faurholt sortait synthés lo-fi et panoplie d’effets planants pour habiller - chichement - des pop songs DIY flirtant volontiers avec la solennité, jusque dans leurs moments les plus à fleur de peau (de la valse Floating In Space au touchant Futur Wife). Un retour discret vers les 80s qui se fait aujourd’hui plus évident et gagne en contrastes comme en sentiment sur le nouvel EP (mini-album ?) de son groupe Crystal Shipsss (redevenu one man band pour l’occasion), au risque de déstabiliser les aficionados des atmosphères doom-ambient du superbe I Will See No Moon No Sky de l’an passé.
En effet, si le bien-nommé Eerie convoque ici les mêmes références Twin-Peaksiennes (Badalamenti est décidément l’un des musiciens les plus influents aujourd’hui, de l’indie rock au drone) que Head, conclusion du précédent opus, c’est sur des nappes analogiques bien plus anachroniques que se clôt cet Holly, dont seule la saillie harsh presque lyrique de Love venue déchirer d’un grand coup de pédale d’effet la neurasthénie des synthés crayola et du chant dissonant du Danois rappelle ici les origines bien noisy du projet.
Car dès le Holly éponyme, ballade endeuillée sur fond de boîte à rythme enlevée, c’est l’immédiateté des émotions et même une certaine efficacité rétro-futuriste qui prévalent... et personne ne s’en plaindra, sachant de quoi est capable le musicien dans un contexte plus mélodique. On réalise ainsi bien vite que les élans proto-shoegaze de One Last Goodbye sur Super Glue anticipaient ceux de Flowers, de World ou encore de Captain - avec ses blips spatiaux à la Grandaddy circa The Sophtware Slump -, et Faurholt évoque désormais sans avoir à rougir de la comparaison une sorte de Jesus & Mary Chain que les Pet Shop Boys de la grande époque auraient drapé de mélancolie synthétique, se permettant même de casser le tempo sur les micro-ballades éthérées Pink et Robots, deux titres de chansons qui résument bien l’esprit bubblegum suranné mais pas la paradoxale élégance dépouillée d’un disque conjuguant le passé composé au futur simple avec une évidence désarmante.
Jacob Faurholt sur IRM - Site Officiel - Bandcamp
Crystal Shipsss sur IRM - Bandcamp
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