Après trois chefs-d’œuvre technoise chez Kvitnu (dont deux chroniqués dans nos pages), Fabrizio Matrone débarque chez Ant-Zen, label définitivement taillé pour les rouleaux-compresseurs rythmiques irrépressibles et volcaniques de l’Italien qui s’intéresse cette fois aux formes primitives taillées pour la survie, en des temps où l’humain n’aurait jamais pu résister aux conditions atmosphériques de la planète.

Une métaphore évidente pour les instrumentaux aussi étouffants qu’à l’accoutumée de l’auteur de Solid State et Biorhexistasy, décidément scientifique dans l’âme. C’est fois ce sont des termes liés à la classification des fossiles qui donnent leurs titres aux dix missives composant ce Primitive Forms, allant d’une tension implosive aux pulsations retenues (Fossil, entame futuriste et noisy) au matraquage techno indus le plus forcené (Range, Hierarchy ou encore l’oppressant Extinction) en passant par un entre-deux plus atmosphérique et insidieux qui n’en oublie pas pour autant de marteler son lot de beats viciés (Biozone, Facies).

Quant aux vents mauvais et autres orages saturés d’Environment venant nous rappeler aux origines dark ambient et dronesques de son alias Heidseck (toujours bien actif), ils n’empêchent pas Matter de se faire plaisir d’un côté en lorgnant sur une EBM du côté obscur avec Order, pour mieux renouer de l’autre avec l’électro-indus la plus froide et radicale sur l’impressionnant Taxonomy... ou cultiver son pré en somme sans forcément se répéter comme une écoute distraite de ce 9e opus pourrait d’abord le laisser croire :