Ensemble Economique + Jeremiah Cymerman + Cebe Barnes (concert IRM / DCALC) - Le Vent Se Lève (Paris)

le 31/10/2018

Ambiance claire-obscure, expérimentale et cosy pour le tout premier concert IRM

Impossible de ne pas revenir sur ce concert organisé par vos serviteurs, en association avec Des Cendres à la Cave. Deux grands aventuriers ricains des musiques expérimentales dans les environs de Paris le même soir, l’occasion était trop belle. D’autant qu’il y avait pour accueillir notre lubie l’espace cosy du Vent Se Lève, que l’on ne remerciera jamais assez pour nous avoir permis de faire ce premier pas vers une activité longuement fantasmée que l’on espère pouvoir renouveler bientôt.

La soirée démarrait donc avec un nouveau DJ set de la Parisienne Cebe Barnes, après la réussite de sa première intervention au Tiers lieu d’art et de culture du 19e arrondissement en première partie d’Alexandre Navarro quelques semaines plus tôt. Au programme, de bien jolis télescopages entre electronica et musiques atmosphériques de tous bords, de Labradford à Julia Kent en passant par The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble, un choix estampillé Denovali qui s’imposait en clin d’œil au dernier invité de la soirée, fort d’une douzaine de sorties sur le cultissime label allemand.


Mais avant Ensemble Economique puisque c’est bien de lui qu’il est question, la grosse quarantaine de spectateurs ayant bravé le temps vaguement pluvieux et sacrifié d’autrement plus festives célébrations d’Halloween aux quatre coin de la capitale était curieuse de découvrir sur scène un musicien pour lequel cette sortie parisienne était également une grande première, le clarinettiste Jeremiah Cymerman, pensionnaire new-yorkais de l’écurie Tzadik de John Zorn il y a une dizaine d’années avant la création de son propre label en 2012, 5049 Records, où l’on peut notamment retrouver le doomesque Sky Burial en quatuor de cuivres électroniquement manipulés (auquel nous avions justement consacré une chroniqué groupée avec un album de The Mount Fuji Doomjazz Corporation, side project des sus-nommés Kilimanjaro Darkjazz Ensemble... comme quoi tout se tient) ou le tout récent Decay of the Angel en solo, tout aussi névrotique et angoissant mais plus insidieux que cataclysmique cette fois.


Un album que l’Américain défendra une petite quarantaine de minutes durant, armé de son seul instrument et d’une poignée de pédales à effets, assis dans la pénombre face à un public confortablement installé derrière les tables basses et bancs improvisés de la salle, alternant feulements en écho, stridences lancinantes, crescendos inquiétants et saillies névrotiques, à la frontière de la mélodie, de l’atonalité et de la pure atmosphère, du jazz expérimental et du dark ambient, avec une approche plus minimaliste que sur album évidemment, des passages frôlant la performance notamment aux deux tiers de cette longue impro lorsqu’un petit souci technique l’oblige à débrancher ses effets pendant une dizaine de minutes pour un résultat quoi qu’il en soit de toute beauté, à la mesure des projections texturées du taulier Stekri au second plan.


Un set ardu en somme pour les non initiés à l’avant-garde jazz improvisée puisqu’on y entendait moins de chapes de textures dark ambient que sur disque, mais forcément fabuleux pour les admirateurs du musicien dont nous faisions évidemment partie.


Puis vint enfin, après une pause boisson bien méritée, le tour de Brian Pyle aka Ensemble Economique, attablé debout pour sa part derrière un laptop, des machines et un micro sur pied. Encore tout chaud sur nos platines, Radiate Through You, sorti donc chez Denovali comme les 5 précédents opus du Californien, n’a pas manqué de trouver un écho dans son set également assez court d’une trentaine de minutes.


Une performance intense et variée toutefois, gothique au entournures à l’image de ce disque-somme, qui le vit démarrer sur une marée de textures terrassantes, bifurquer vers une électronique ténébreuse et minimaliste aux nappes de chant hallucinées, transiter par une plage de drone noisy et irradié aux beats étouffés avant de poursuivre au rythme downtempo d’une ambient clair-obscure aux effluves dream-pop et aux vocalises éthérées.


Le final, complainte de catacombe aux fields recordings orageux, nous laissera chancelants, retour à la réalité tamisé par notre petite playlist dark ambient de fin de soirée, un classique élégiaque de Jacaszek en tête, à rêver, déjà, d’une prochaine rencontre sous les auspices curieux du Vent Se Lève.


Du rab de photos :














( RabbitInYourHeadlights )

 


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