2023 en polychromie : les meilleurs EPs - #25 à #1

Tout aussi riche en chemins de traverse que la sélection précédente des EPs #50 à #26, ce haut de classement devrait finir de convertir les plus curieux des réfractaires au format avec, tout simplement, certaines des plus belles sorties electronica, hip-hop ou ambient de ce cru 2023. Rendez-vous mercredi pour la première partie de mon bilan albums qui en comptera une dizaine (de parties bien sûr, pas d’albums), et d’ici là, belles découvertes aux amoureux du court !




Bonus : #25 bis. Che Noir - Noir or Never

Ayant bien aimé les précédentes sorties de la jeune rappeuse de Buffalo sans non plus m’extasier, je suis venu sur le tard à ce nouvel EP qui élève le niveau d’un cran en approfondissant l’atmosphère et en durcissant le ton, déjà grâce aux productions très 90s de Big Ghost Ltd., l’un des meilleurs metteurs en son de la galaxie Griselda croisé par ailleurs aux manettes chez Ghostface Killah, ANKHLEJOHN, Mickey Diamond ou Crimeapple, dont la patte claire-obscure, cinématographique et urbaine sans pour autant tomber dans le cliché rétro gritty à la Alchemist, lui sied comme un gant, et pour la galerie de MCs aux flows graves auxquels elle laisse le micro sur des couplets entiers, de Planet Asia à Skyzoo en passant par Ransom, 38 Spesh, ou encore 7xvethegenius pour la touche féminine, une variété d’approches qui donne l’impression d’un univers particulièrement étoffé en dépit de ses 22 petites minutes.


#25. Skutiger & Man in the shadow - Messe Noire / Dragon Rouge

"Cet EP constitué d’une piste unique de 25 minutes fait avant tout la part belle aux atmosphères irradiées de cauchemar et d’antimatière. Faite de bourdonnements entêtants, de radiations numériques, de distos fantasmagoriques et autres vents mauvais, cette progression d’une densité assez terrassante finit certes sur un violent séisme de textures crépitantes, mais croise pour en arriver là les spectres de Final ou même de Nurse With Wound, quelque part entre dark ambient foisonnant, noise électronique et néo-musique concrète de bidouilleurs de fichiers-sources."

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#24. Lokom - No Logical Sense

"Il y a toujours du Squarepusher voire un peu d’Aphex Twin circa Drukqs sur ce bien-nommé No Logical Sense dont la vélocité à danser sur la tête diffuse quelques discrètes influences dubstep, avec les wobble bass d’absolutly not smart ou du déliquescent black flag par exemple. Pour le reste, on est toujours à la croisée de l’onirisme et d’une IDM de machines névropathes (psychotic issues, cheap violon story), le musicien maniant la dissonance malaisante au gré de logorrhées dysrythmiques tantôt insidieuses (zombie carnival) ou hypertendues (soviet dance)."

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#23. Radio Free Europe - The Great Sample Radio Show (Radio Free Europe vol. 1)

"On ne sait pas vraiment si ces beats tantôt boom bap ou presque industriels au sampling mi old school mi décalé et aux arrangements rétro-futuristes et volontiers planants viennent d’un rêve de futur à jamais révolu ou tout simplement d’une dimension parallèle où les choses auraient tourné très différemment ces 40 ou 50 dernières années. Télescopant guitares psyché, guimbarde (si-si), orchestrations gondolées, synthés 80s ou Def-Juxiens, flûte bucolique et jazzy, sérénades flamenco, cowbells et autres voix trafiquées au gré de ses rythmiques mutantes au groove néanmoins constant, ce premier volume de The Great Sample Radio Show donne l’impression de s’être branché par inadvertance sur une fréquence oubliée, une fascinante parenthèse hors du temps et des tendances."

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#22. Lee Scott - There is a Reason for Everything

"Cela faisait un moment que l’on n’avait pas retrouvé le Britannique seul aux manettes et au micro, et ce nouvel EP sonne ainsi d’emblée plus introspectif et feutré malgré des accents funky appuyés sur Views Through The Palisade Fence et Ambassador Rum. Plus sombres et cinématographiques, It’s Not Cricket ou Long Gone Johnny avec son flow pitché malaisant distillent quant à eux le genre d’atmosphère insidieuse dont le producteur exécutif du génial Part Deux : Brick Pelican Posse Crew Gang Syndicate a toujours eu le secret, entre vibe horrifique des samples, bribes de jazz désossées et tension des basses."

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#21. Atmosphere - Talk Talk

Efficace et immédiat, So Many Other Realities Exist Simultaneously était un cru tout à fait décent pour le duo de Minneapolis, penchant du côté de ces influences pop chères aux productions de Ant et au rap mélodique de Slug. Toutefois, et en particulier dans sa première moitié de haute volée, ce généreux EP de 40 minutes tout de même élève le niveau d’un cran : tour à tour tendu (Wetter, Rotary Telephone), futuriste (Attachings, Don’t Mind Me) ou les deux à la fois (l’énorme Where I’m/You’re At), les têtes de pont du label Rhymesayers y durcissent d’abord le ton, avant de dérouler avec une leçon de beatmaking rétro-SF massif et funky culminant sur Hello Pete avec les interventions des deux clients les plus productifs et qualitatifs du néo-oldschool cette année, Buck 65 et Kool Keith.


#20. Oval - Now / Never / Whenever Vol​.​1 / Vol.2

"Jamais avare en concepts, le pape du glitch, qui nous avait déjà gratifiés en mai dernier du bien-nommé Romantiq - superbe variation ambient tout en reverbs aquatiques sur ces cascades électro-acoustiques aux sonorités féériques qu’il décline sur album depuis le gargantuesque O en 2010 - est de retour avec une série d’EPs exclusivement destinés à Bandcamp, avec une sortie prévue chaque premier vendredi du mois pour coïncider avec les fameux Bandcamp Friday." Un projet de toute beauté, mais aux publications éphémères à télécharger librement le jour même... ou jamais !

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#19. Sables Noirs - Cette Nuit (The White Room Demos)

Déjà forts de quelques belles prestations scéniques en live A/V, Romain Barbot (Saåad, FOUDRE !), patron du label toulousain BLWBCK et David Haudrechy (Initiative H, Endless) livraient enfin en octobre leurs premiers enregistrements, véritable base du projet car improvisés dès la rencontre du duo en février 2021. Plus qu’une démo, Cette Nuit trouve d’emblée le parfait point d’équilibre entre les ténébreuses harmonies de synthés modulaires et autres arpeggiators martiaux du premier et les méditations saxophoniques parfois fiévreuses du second, quelque part entre le spleen rétrofuturiste de Blade Runner et un ambient-jazz à la Supersilent qui aurait avalé le drone stellaire d’un Ben Chatwin, le tout avec un son ample et enveloppant.


#18. Pjusk - Sub

"En compagnie du Philadelphien Andrew Tasselmyer, moitié du duo Gray Acres, c’est à un dub ambient d’outre-rêve craquelé par un souffle glacé que nous invite le Norvégien, au gré d’une progression aussi magnétique qu’évanescente (Januar). Puis, avec Tareskog, l’atmosphère se fait plus mystique, distillant réverbérations, percussions et nappes électro-acoustiques sous l’impulsion de John Derek Bishop aka Tortusa, habitué du label Jazzland dont on retrouve d’une certaine manière les tonalités ambient-jazz coutumières mais ensevelies sous les textures de givre et les basses fréquences pulsatiles."

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#17. J-Zone - MILS003 : Intoxicated Skull

"J-Zone n’hésite pas à lorgner sur les circonvolutions mélodiques et polyrythmiques de Tortoise avec des titres tels qu’Orange Forever, Nasty Popcorn Ceiling (avec sa guitare digne de Jeff Parker, que l’on doit au claviériste Rafferty Swink omniprésent sur le disque), Seebourg, Nitro ou Du Jazz March, entre deux grooves efficaces aux syncopations psyché percutantes (Shiva Strut, Gangsta Boogie) et autres incursions plus funky et décontractées (Shirley Got Bigger, Side Eye, Truck Stop) - on ne se refait pas. Plus dispensable à l’écoute mais pas à l’échantillonneur qui sommeille peut-être en vous, la fin d’EP avec ses drums dans le plus simple appareil semble quant à elle avoir été pensée tout particulièrement pour le sampling, déroulant telle une conclusion fragmentée."

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#16. Dr. Quandary - Ghost Mint Tape

"D’emblée, les samples vocaux imposent un univers plus cinématographique que jamais, et des drums tribaux de Séance Music au downtempo enivrant d’Among the Pillars en passant surtout par les narcotiques Courier’s Prayer ou Minterlude, la production de l’Américain se fait plus nébuleuse, contribuant d’une atmosphère particulièrement enveloppante et intrigante. L’identité sonore des films d’exploitation 70s se taille la part du lion sur cette Ghost Mint Tape, comme en témoignent le groove des guitares de Wild in the Streets ou le soupçon de lyrisme façon David Axelrod des superbes Like a Wave Through a Forest et The Stone Tape."

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#15. Kyo Itachi x Pruven - Raw Balance / Ohbliv & Pruven - Power Platforms

"Produits par un certain Kyo Itachi et émaillés des scratches virtuoses sans être démonstratifs de DJ Toshi et Cutsupreme, les 6 instrus qui constituent ce Raw Balance rendent on ne peut mieux justice à la classieuse versatilité de l’auteur de Clandestine Rituals. Les loops asiatisantes ourlées de basses insidieuses de Silver Cobra Kundalini et de Survival Crisis Methods renouent avec ces allures de ballades pour samurai déchu qui caractérisaient il y a près de 10 ans déjà le superbe Wordplay Sensei, album de la découverte pour l’équipe IRM."

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#14. Andy Cartwright - A Kind Of Reset

"Cette fois, loin des flux tendus du long-format sorti chez Whitelabrecs, c’est avec le silence et les échos d’arpèges solennellement égrenés (Traces, ou le morceau-titre A Kind Of Reset) ou l’immensité de nappes synthétiques aux reflux incandescents (The Only Way Through) que joue le musicien, faisant preuve du même sens de l’épure jusque dans le lyrisme des cascades semi-aléatoires d’arpeggiators lo-fi de Standard Time Zone ou Mothlike et les motifs crachotants et déstructurés d’In The Elements. Une étrange sensation, à la fois de plénitude et de déréliction à l’image de l’éternel cycle de décrépitude et de renaissance du monde, émane ainsi de cet EP qui pourrait d’une certaine manière se rattacher aux franges les plus expérimentales de la kosmische music."

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#13. Innocent But Guilty & Djane Ki - Transmutation

"Malgré sa courte durée (3 titres, pour un quart d’heure à peine), Transmutation impressionne par son magnétisme et sa densité de production, la dimension cosmique des synthés et autres manipulations électroniques de Djane Ki se mêlant à la perfection aux guitares planantes d’Innocent But Guilty sur fond de beats au cordeau d’une redoutable efficacité, que ce soit sur le rêveur et syncopé Breathing Rate ou le rouleau-compresseur dark techno The Swordmen Song aux accents presque tribaux, tandis que le plus feutré Tibetan Variations approfondit cet aspect mystique par l’intermédiaire d’une sorte de downtempo extatique et foisonnant, entre futurisme et spiritualité."

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#12. My Gloomy Machine, AM/PM Programme, Nornec & ZZY - Uncertainty

C’est à un tour du globe des musiques électroniques à tendance kosmische que semble nous convier cet EP, co-signé par un Canadien (My Gloomy Machine, principal architecte du disque et seul à figurer au générique de chacun des morceaux), un Finlandais, un Américain et un Portugais. Et pourtant, à l’écoute des ces trois titres, c’est plutôt pour les étoiles que l’on décolle, entre arpeggiators rétro-futuristes, nappes stellaires, et textures cybernétiques évoquant les voyages spatiaux en caisson cryogénique. Un petit bijou, qui emprunte au glitch et à la musique orchestrale pour un travail de composition à la fois épique et majestueux.


#11. Monolog - Jern / Monolog & Variát - The Well For The Thirsty

"C’est toujours un bonheur de retrouver la drum’n’bass futuriste et radicale du Danois Monolog, mais peut-être encore un peu plus ce coup-ci, ayant quelque part, par l’intermédiaire d’un concert Sulfure à l’Espace B en 2020, facilité la rencontre de l’excellent Mads Lindgren avec les Ukrainiens Kotra (aka Variát) et Zavoloka des labels Prostir, feu Kvitnu et désormais I Shall Sing Until My Land Is Free, structure militante à laquelle on doit ces deux EPs."

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#10. MoHoK + Tokee - Dark Sun

Bien qu’étant la sortie la plus mélodique d’Anatoly Grinberg cette année, Dark Sun demeure tout aussi insaisissable que le dernier Massaith ou The birth of a quantum lamb, deux longs formats dont je reparlerai dans le classement idoine. Associé à MoHoK, aka George Mavrikis habitué notamment du label CRL Studios, le Russe confronte ainsi l’onirisme clair-obscur de son alias Tokee (qui n’est pas sans rappeler par moments l’univers cristallin de Plaid, en particulier ici sur le morceau final nameless 7), à l’IDM martiale aux accents industriels du Grec, avec qui il partage un goût de la destructuration et des synthés cinématographiques. Le résultat fait assurément partie des plus belles sorties électroniques de ce cru 2023, surtout pour les nostalgiques de la grande époque d’un label tel que Tympanik Audio.


#9. Kingbastard - Go Public ! / No Milk Today, Thanks.

"Si les pads acides à l’onirisme étrange évoquent certaines des sorties précédentes de Kingbastard dont les premières traces discographiques remontent à 2005, le groove au feeling proche d’une vraie batterie flirte plus volontiers avec le breakbeat qu’avec l’electronica, et les saturations analogiques beaucoup plus présentes confèrent un aspect plus spontané et brut de décoffrage. On pense pourquoi pas, en moins dark, à l’abstract implosif et lo-fi du label I Had An Accident (celui des Son of a Bricklayer, Psychopop ou Tenshun & Bonzo) ou à certains albums récents de Prefuse 73, auquel le producteur anglais n’a rien à envier à ce stade de sa carrière : tout aussi protéiforme, Chris Weeks impressionne, qu’il soit dans l’atmosphère, la tension équilibriste (Go Public !), les crescendos d’intensité (Extraterrestrial Broth) ou l’hypnotisme décalé (Get A Corner On)."

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#8. Grosso Gadgetto & Black Saturn - Infinite Fidelity

Si l’on n’en est plus vraiment au stade de la surprise avec déjà deux énormes réussites en trois ans pour cette collaboration entre le beatmaker villeurbannais et le rappeur de Washington au flow proche du spoken word, Infinite Fidelity entérine définitivement une équipe qui gagne, en faisant mouche une nouvelle fois à la croisée d’un noise rap atmosphérique à la Techno Animal, d’un trip-hop crépusculaire teinté de psychédélisme du côté obscur, et de ces brûlots abrasifs façon Dälek aux textures volontiers dissonantes, à l’exemple ici de l’impressionnant Open expression avec ses scratches épiques signés Didydee.


#7. Homeboy Sandman - Rich

Sur les loops rétro/psyché d’une grande élégance du producteur Mono En Stereo, le MC new-yorkais le plus singulier de ces dernières années déroule avec l’aisance iconoclaste qu’on lui connaît son storytelling en flux tendu tantôt introspectif ou goguenard. Une sorte de perfection épurée qui évoque de loin, dans le concept presque plunderphonics, le Mos Def du sous-coté True Magic, et culmine sur la tension blaxploitation des histoires de couple déchu du petit classique instantané Then We Broke Up.


#6. Sleep Sinatra & TELEVANGEL - Incorruptible Saints

Moitié du fameux duo de producteurs Blue Sky Black Death qui avait plus particulièrement brillé sur la fin des années 2000, Ian Taggart officie en tant que Televangel depuis 7 ans déjà mais avait passé un cap l’an dernier avec l’excellent Neutral Milc Motel. Cette fois ça n’est plus Milc au micro (hormis en featuring sur le sensuel Fire Forged) mais le productif MC du Nebraska Sleep Sinatra, entendu sur l’album sus-nommé le temps du soulful Nancy Reagan, et le résultat, tout aussi aérien, éthéré, auréolé du même soupçon de psychédélisme rétro, ravit encore davantage par l’impressionnisme et la richesse du sampling et des arrangements, entre jazz, pop baroque, library music et réminiscences discrètes de musiques sud-américaines ou éthiopiennes.


#5. Phil Ranelin, Wendell Harrison, Adrian Younge & Ali Shaheed Muhammad - Jazz Is Dead 016

"Cette fois ce sont les octogénaires Phil Ranelin et Wendell Harrison des excellents et toujours actifs Tribe qui s’associent à la paire de producteurs/multi-instrumentistes, le premier au trombone et le second au sax ténor et à la clarinette basse. C’est dire si l’on n’est pas surpris par la modernité et la liberté de ce Jazz Is Dead 016, assurément l’un des plus beaux volets de la série avec sa mixture très atmosphérique de jazz fusion et d’abstract dont la luxuriance aux crescendos subtils frappe d’emblée (Genesis). Ainsi, avec ses breaks rythmiques et ses circonvolutions oniriques, Open Eye n’est pas sans évoquer un Tortoise sur lequel évoluerait sans garde-fou un Wendell Harrison colemanien à coups d’élans dissonants parcimonieux et bien sentis."

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#4. Batard Tronique - Tell Me Your Tales

"Où Batard Tronique est-il donc allé pêcher cette mélodie du thème de "Shining" transposée à des cuivres sur Your Grand Evening ? L’a-t-il samplée, ou jouée lui-même avec des VST ? Mr. Teddybear, ancien producteur de Psykick Lyrikah, a-t-il envoyé ses bonnes ondes à ce Rainy Day funeste et crépusculaire à souhait ? Ou Oktopus, ex Dälek, au final Ananda Ganjav télescopant musique indienne et drones entêtants et hantés sur fond de rythmiques au cordeau ? Ce qui est certain, c’est que ce Tell Me Your Tales s’avère rudement inspiré et donne envie d’en entendre davantage dans cette veine de la part du très productif beatmaker."

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#3. Thamel - When Anything Dives

Très belle année pour le musicien belge adepte des synthés modulaires avec pas moins de trois sorties remarquables (j’y reviendrai), dont ce généreux EP aux crescendos ambient abrasifs et majestueux. Un univers dont le soupçon de futurisme et les textures papier-de-verre aux vibrations sismiques doublées d’harmonies presque orchestrales ne sont pas sans rappeler, à l’instar de l’EP de Sables Noirs mentionné plus haut, le génial Talvihorros aka Ben Chatwin.


#2. BRUIT ≤ - Apologie du temps perdu, Vol. 1

Excellemment chroniqué dans nos pages cette année par Le Crapaud, je ne vais pas m’étendre sur ce nouvel EP du quartette toulousain si ce n’est pour dire qu’au post-rock déjà mélangeur et capiteux de l’excellent The Machine is burning and now everyone knows it could happen again, dont les orchestrations et incursions électroniques rivalisaient déjà avec cette instrumentation guitare/batterie plus typique du genre, répond ici une prise de risque aussi évocatrice qu’émouvante, un grand pas de côté vers l’élégie ambient qui fait la part belle au violoncelle, aux claviers et aux textures de vieilles cassettes, et limite la batterie à une paire d’interventions d’autant plus saisissantes, pour flirter avec l’univers semi-acoustique à la fois virtuose et feutré d’un Christopher Tignor (Wires Under Tension, Slow Six). De toute beauté !

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#1. Kurious & Cut Beetlez - Monkeyman

L’OVNI hip-hop de l’année nous vient d’un vieux briscard du rap new-yorkais de 54 balais, qui fit partie du crew Constipated Monkeys avec MF Doom dans les 90s avant de se faire discret. Associé à une paire de producteurs finlandais sortis de nulle part (Cut Beetlez, dont on va aller s’empresser d’explorer les précédentes sorties) qui troussent pour lui l’un des écrins les plus singuliers de ce cru 2023 entre sampling rétro ou cartoonesque au groove haché, beats tantôt boom bap ou d’une raideur presque indus, gros morceaux de jazz et scratches extraterrestres, il s’en donne à coeur-joie avec son rap à contre-temps toujours aussi atypique et des featurings au diapason, à commencer par deux interventions de l’excellent et tout aussi libertaire Homeboy Sandman. Une dinguerie comme on dit.