Après l’avoir révélée de ce côté-ci de l’Atlantique par l’intermédiaire de la compilation de folk américain au féminin Even Cowgirls Get The Blues, dont elle signait en mai dernier, malgré la lumineuse concurrence de Dawn Landes, Jesse Sykes ou - surtout - The Innocence Mission, le morceau le plus vibrant et envoûtant, le label Fargo a aujourd’hui la bonne idée de distribuer en France le deuxième album d’Alela Diane, The Pirate’s Gospel, initialement paru en 2004 sur CD-R avec trois chansons supplémentaires puis écourté par l’artiste en vue d’une distribution nationale par Holocene Music en octobre 2006.

Après Faun Fables l’an dernier, nous découvrons donc cette année une autre grande conteuse du côté obscur, héritière de Will Oldham dont la folk décharnée révèle comme un écrin épuré de tout artifice les mélodies vibrantes, la voix unique et la personnalité musicale hors du temps.

Emmené par sa chanson-titre, la fameux The Pirate’s Gospel avec ses choeurs de purgatoire, déjà entendue sur la compilation précédemment citée, illuminé ici par les dédoublements célestes de la voix d’Alela (Tired Feet) ou des choeurs d’enfants (Pieces Of String), là par de simples sifflements (Foreign Tongue) ou une guitare de sérénade (Can You Blame The Sky ?), l’album traîne sa mélancolie un peu hantée sans jamais se départir d’une foi rassurante en l’avenir. Un avenir qui devrait sourire, en effet, à cette musicienne des plus prometteuses.