S’il y a une chose envers laquelle les Lo Fidelity Allstars font preuve de peu de fidélité lorsqu’ils sortent How To Operate With A Blown Mind en 1998, c’est bien les schémas établis de la dance anglaise de l’époque, autant de canons qu’ils vont saper aussi sûrement que le moral des fêtards patentés avec ce premier album angoissé et hanté, perdu quelque part entre conscience déformée et cauchemar éveillé.

Soit un véritable trip psyché qui recycle le groove des Happy Mondays, les fusions hip-hop/funk/dance nourries à la soul et aux musiques de films des Stereo MC’s des débuts, le big beat en roue libre du Fatboy Slim de You’ve Come A Long Way, Baby (sorti la même année sur le même label, Skint Records) et le techno-rock morbide de Prodigy en un grand mix de fin de millénaire, qu’on pourrait considérer comme le côté obscur du Since I Left You des Avalanches paru trois ans plus tard tant les Lo Fidelity Allstars semblent avoir ouvert la voie, pavée de samples et de télescopages en tous genres, aux trublions australiens, tout comme à leurs compatriotes anglais de Basement Jaxx notamment.

Toutefois, l’exercice de style ne prend jamais ici le pas sur les chansons, au demeurant le plus souvent tubesques, et les expérimentations des londoniens s’entremêlent toujours avec sobriété, développant un univers homogène qui nous enveloppe des pieds à la tête pour ne plus nous lâcher. Assouvir son envie de danser et de se jeter contre les murs n’avait jamais été aussi malaisant, et ne le sera jamais plus car un an plus tard, le départ du chanteur David Randall aka The Wrekked Train et du claviériste "Sheriff" John Stone sonnera le glas de cet équilibre miraculeux, et l’album suivant des "survivants" du groupe anglais (en attendant le troisième, Northern Stomp , en cours de réalisation) restera bien en-deça des espoirs qu’on avait placés en eux. Qu’importe, How To Operate With A Blown Mind demeurera sans doute unique, et c’est tant mieux.