The Delano Orchestra, le noir leur va si bien.

Ma première rencontre avec The Delano Orchestra est assez récente et même presque irrationnelle. Suite à la sortie de leur premier album, A little girl, a little boy, and all the snails they have drawn, j’ai été de suite happé par, dans un premier temps, la pochette, puis le titre en forme de conte venu de nulle part. Mais l’étape des extraits via une borne d’écoute qui s’avérait capricieuse fut totalement décevante. Toutefois je ne voulais pas en rester là et surtout laisser le dernier mot à cette machine aux drôles d’oreilles. Etait-ce une lubie de ma part si je ne voulais pas reposer cet album dans les bacs prévus à cet effet ? Cet album voulait que je l’emmène, il souhaitait faire corps avec moi. A moins que ce soit l’inverse. Pourquoi ?

Ma platine CD m’apporta, quelques heures et écoutes plus tard, une explication : j’avais besoin de cette musique. Les titres proposés par ce groupe clermontois est de celle qui accompagne idéalement toutes les envies d’escapade solitaire, une musique surgie de profondeurs insondables et qui vous emporte à des altitudes insoupçonnées. Et plus que ça : ces chansons semblent aussi intemporelles qu’indémodables.

Des explications plus rationnelles s’imposaient.

Le Mag Indie Rock : Pouvez-vous nous parler de l’histoire de The Delano Orchestra ? Comment vous êtes-vous rencontrés ? Qu’est-ce qui vous a poussé à faire de la musique ?

Alexandre Derek Delano : Au départ, je jouais seul sous le nom de d.delano. Avec d’autres artistes folk nous avions fondé un collectif kütu folk records. La Coopérative de Mai (la salle de musiques actuelles de Clermont-Ferrand) nous a alors proposé de jouer en première partie de Ken Stringfellow (Bigstar, the Posies, R.E.M). C’est à cette occasion que j’ai décidé de monter un groupe...

J’ai contacté des musiciens d’autres groupes (The Kissinmas, Sam, The Wendy Darlings) qui ont alors accepté de m’accompagner.

L’envie de faire de la musique m’habite depuis l’enfance et je crois qu’on ne trouvera aucune explication à cela. A Noël, à quatre ans, je commandais une guitare rouge.

Votre premier album est sorti cet hiver, le 25 février dernier. Quelle est la trame, le fil conducteur de A little girl, a little boy, and all the snails they have drawn ?

C’est le recueil d’une période de ma vie, des moments passés, à des endroits précis. C’est aussi quatorze tentatives manquées d’arrêter le temps.

A l’image de la pochette, A little girl, a little boy, and all the snails they have drawn apparaît assez sombre. Mais à l’image des volcans d’Auvergne, d’où vous êtes originaires, on ressent une véritable énergie cachée, sous-jacente. Avez-vous écrit vos morceaux de manière particulière pour que l’on ressente ces impressions ?

La base des morceaux est en effet toujours très dépouillée et très sombre. Les ré-orchestrations donnent souvent plus de puissance aux morceaux en gardant l’esprit d’une chanson folk. L’inspiration apportée par notre environnement naturel est énorme. Les lacs de volcans sont très présents dans l’album.

Sur le sticker promo de votre album, on peut noter les références musicales à Sparklehorse et Sigur Rós. Est-ce qu’il s’agit d’artistes dont vous vous sentez proche, musicalement parlant ? De votre côté, comment, vous, décrieriez-vous votre univers musical ?

Je crois que nous nous sentons encore plus proches des artistes de Constellation comme Thee Silver Mt Zion ou Vic Chesnutt. Le dernier album de Vic Chesnutt réalise exactement ce que nous faisions depuis deux ans déjà, la ré-orchestration presque post rock de morceaux folk.

L’album a été enregistré avec un budget limité et j’ai fait l’ensemble du travail de mixage à la maison. Comme je n’avais aucune expérience, l’écoute de Sparklehorse m’a beaucoup décomplexé et encouragé à une grande liberté de choix.

Le parti pris dans le chant est le murmure, comme une volonté de fondre la voix dans la musique. Comment ce choix s’est-il opéré ?

Cela tient encore au choix de faire le mix que l’on veut, sans se soucier des normes en la matière. Je me lasse très vite des chants mis trop en avant. Je ne peux plus écouter Björk ou Radiohead alors que leurs voix ont une vraie personnalité. Le dernier album de Vetiver utilise la voix de façon différente, c’est un instrument qui ne dépasse pas les autres. Encore un album qui m’a influencé et encouragé dans certains choix.

On peut facilement imaginer que A little girl, a little boy, and all the snails they have drawn soit né d’un groupe non francophone. La musique d’inspiration anglo-saxonne et les paroles en anglais facilitent cette réaction. A ce titre, il paraît ouvert à un très large public. Allez-vous promouvoir cet album dans d’autres pays ?

Pour l’instant, il va être distribué en Suisse, en Allemagne, en Belgique et au Japon. Ce qui déjà totalement incroyable pour nous !

Vous avez assuré les premières parties des concerts de iLiKETRAiNS, Alela Diane, Vic Chesnutt, notamment. A ce titre, quel est votre plus beau souvenir ? Que tirez-vous de ces expériences ?

Les plus beaux moments ont toujours été ceux passés avec Ken Stringfellow (à la Boule Noire et à la Coopérative de Mai). Il est un peu devenu une sorte de parrain.

Vous devez être pas mal occupés et sollicités ces dernières semaines. A côté de la promo, des concerts, etc, avez-vous ou est-ce que vous vous donnez du temps pour vous consacrer à d’autres activités ? Lesquelles ?

Je crois que pour le mois d’avril, ça va être difficile. Mais dès le mois de mai, ce sera le retour de la baignade dans les lacs…

Au fil des découvertes, on constate l’émergence récente de ce qu’on pourrait appeler une scène musicale clermontoise. On peut évoquer Cocoon, The Elderberries, ... pour les plus médiatisés. J’évoquerai également le projetL’Auvergne revisite The Velvet Underground & Nico. Quelle est votre explication ? Quelles relations entretenez-vous avec vos collègues artistes clermontois ?

La taille de la ville, l’arrivée de la Coopérative de Mai, beaucoup de facteurs sont à prendre en compte. Ici, tout le monde se connaît et s’entend très bien. D’ailleurs, beaucoup de musiciens jouent dans plusieurs groupes. Le projetL’Auvergne revisite The Velvet Underground & Nico est une autre illustration des efforts menés pour réunir les groupes auvergnats sur une même scène et de faire parler d’eux au niveau national.

Est-ce qu’à ce jour vous avez réfléchi à l’évolution musicale possible pour The Delano Orchestra ? De mon côté, je ne serais pas surpris de vous voir signer la BO d’un film, tant votre approche de la musique peut se comparer aisément au 7ème Art, un peu comme les Tindersticks avec Claire Denis. Si une proposition de ce genre vous est faite, quelles seront vos conditions pour l’accepter ?

Notre univers a toujours été associé à l’image. La photographie et le cinéma. Un de nos morceaux a déjà été utilisé dans un documentaire américain, Red Without Blue. Nous aimerions vraiment que notre musique soit utilisée comme B.O. de film ou que nous soyons amenés à en composer une. En ce moment, je participe à un atelier de composition de musique de film sous la direction de Evgueni Galperine et en collaboration avec le festival du court métrage. Cela donne vraiment envie.

Quels sont les projets de The Delano Orchestra pour la fin 2008 ?

Jouer sur scène, souvent, partout. Enregistrer notre deuxième album. Et profiter...

Liens :
- Lire notre chronique de A Little Boy, A Little Girl, And The All The Snails They Have Drawn
- www.myspace.com/thedelanoorchestra


Interviews - 20.04.2008 par JohnSteed


News // 13 novembre 2012
Financez le son auvergnat !

Les membres du Delano Orchestra font appel à vous pour les aider à financer leurs deux prochains projets sur Ulule.auvergne-nouveau-monde.fr ! D’abord MVAT MVCT MLWY, album entièrement instrumental (violoncelle, violons, piano, trompette). Puis EITSOYAM, album "classique" (mais peut-on parler de classicisme avec le Delano Orchestra ?) où (...)



Jean-Louis Murat & The Delano Orchestra

Avant chaque album, Jean-Louis Murat assure l’exercice de promo qu’il aime détester. Il rencontre ainsi les journalistes, leur donne la pâtée et la phrase choc qu’ils sont venus chercher en lui tendant un micro et s’en va en tournée. Avec la sortie de Babel, le natif de La Bourboule ne déroge pas à la règle si ce n’est qu’aussi désabusé soit toujours (...)