Object - A Place To Hide

Il suffira d’un orage, d’un penchant pour des groupes tels que Joy Division, Interpol ou She Wants Revenge et à coup sûr demain on vous retrouvera accroché à cet album.

1. Broken Window
2. Friend Of Mine
3. Lamer
4. A Place To Hide
5. The Fire Line
6. High
7. White Dress
8. Supersonic Years
9. Reach The End, Miss The Point
10. Six Days

date de sortie : 18-03-2009 Label : Str8line Records

Depuis fin 2007 qu’on l’attend, on l’avait pressenti, on allait enfin pouvoir reparler de cette musique chère aux amateurs de Joy Division & co, avec un album bien trempé, pour que continue l’histoire. L’attente a été longue, Stéphane Pigneul est un homme pressé, mais on a tout de même été lui arracher quelques mots pour donner une toute autre allure à notre chronique.

Pas fou d’ailleurs le chanteur, bassiste et guitariste de Object : en évoquant le label Str8line qui publie ce premier opus du groupe et avec qui une relation de confiance s’est instaurée depuis la publication du single dead man sur une compilation, Stéphane Pigneul nous confiait ceci :

« A vrai dire, je ne crois pas trop à la promo à outrance ... alors oui évidement, il vaut mieux que tartempion sache que tu existes ... c’est mieux pour vendre un disque ... mais qui va acheter un cd aujourd’hui ? Tu le fais parce que tu veux faire de la musique, c’est tout. C’est tout ce qui compte pour moi. Si les gens aiment tant mieux. Un bon disque fait toujours parler de lui, peu importe chez qui il sort ... c’est devenu des conneries de nos jours. Tout le monde se fout de savoir chez qui tu es ... peut-être avant, c’était la folie de sortir chez Ici d’Ailleurs, 4AD ou Ipecac ... mais je ne suis pas assez snob pour ça ... attention je ne veux pas dire que notre label vaut les autres, mais au moins, ils nous font confiance ... quand on voit les merdes qui sortent tous les jours ... ils restent des passionnés. Et tant pis pour les Interpol français, je m’en branle. Faire de la musique et jouer, enregistrer c’est tout ce qui m’importe ... je ne sais pas faire grand chose d’autre à vrai dire ... »

Et les tartempions c’est nous, les gens qui aiment c’est nous, et ceux qui vont parler du disque c’est nous aussi.

A peine le cd posé, on se trouve rapidement à notre aise avec Broken Window, du son, des guitares, de l’énergie, le chant en anglais ajusté ... ça part plutôt pas mal. Et pourtant on n’est pas au bout de nos surprises. Dès Friend Of Mine, on sent la rébellion prendre ses quartiers, le ton devient plus grave, les guitares plus incisives encore, une basse, des riffs qui vous prennent à la gorge, une production et des arrangements de folie. Ah oui, c’est drôlement bien parti même.

On marque déjà une pause, histoire de savoir un peu ce qu’il pense de Interpol, She Wants Revenge ... alors groupes de référence ou trop "mainstream" ?

Stéphane Pigneul - Object
Stéphane Pigneul : « Il est vrai qu’on a beaucoup écouté Interpol ... mais au début surtout ... le premier album était vraiment pas mal ... le son surtout ... ok, ils avaient pécho des trucs des Chameleons, de The Sound ou même des tournures très Joy Division, mais la prod’ était la clé de leur son ... malheureusement, ils n’ont toujours fait que du pur Interpol par la suite avec des techniques d’enregistrement toujours plus clean ... les fringues, New York, leur classe un peu trop chic / hype ... oui j’imagine que d’après l’interprétation d’un certain public ils peuvent paraitre mainstream ... et ils le sont très certainement ... mais pas à leur début ... en tout cas pas dans leur son ... quant à She Wants Revenge ... bah j’imagine que c’est pareil ... leur premier était vraiment intéressant ... mais le second fait surement trop vite ... n’apporte rien ... »

Ce n’était finalement pas une question si con que ça. On peut même franchement dire que Object va plus loin que les anglo-saxons, ailleurs même tout en restant dans cette veine sombre et énergique. Lamer, l’unique morceau en français, ne nous fera pas mentir puisqu’on y découvre un moment plus brut, plus poétique presque, la "french touch" en somme qu’ils s’empresseront de balayer d’un revers de main, froide et habitée par l’ombre de Ian Curtis sur A Place To Hide. Quand soudain sur The Fire Line tout semble se déchainer, plus rock que jamais, limite punk et déchainé, des cassures à n’en plus finir, de l’électricité comme s’il en pleuvait, on le tient notre album énervé et entêtant de l’année. Oui on le tient, plus d’hésitation possible.

A l’origine de cet album on a donc Stéphane Pigneul, Jean Christian Levé (batterie, claviers) et Benoit Perraudeau (guitares, claviers). Mais il ne faut pas oublier également Amaury Cambuzat (Ulan Bator) pour le mixage et la production et Francesco Donadello (Giardini Di Mirò, Blonde Redhead) pour le mastering. Le travail accompli est exceptionnel. D’ailleurs personne ne peut se tromper sur la passion et l’implication de tout ce petit monde, Stéphane Pigneul en est à lui seul un exemple.

Indierockmag : Coriolis Force, Heligoland, Ulan Bator, tu es impliqué/demandé de toute part. Tu peux nous en dire plus ?

Stéphane Pigneul : « C’est juste le moment. Toute ma vie, j’ai défendu l’idée d’être un groupe. Un seul si possible. Non en fait c’était même un sacerdoce. Et puis tu vieillis et t’aperçois que voir et jouer avec d’autres personnes est carrément plus enrichissant. Si on m’avait dit il y a encore 3 ans que je ferais tout ça, j’aurais juste halluciné ! Coriolis est né de ma dichotomie entre les trucs hyper-tendus et cette sorte de flirt avec le too much... j’adore ça ... juste à la limite avant l’emphase, c’est un super challenge. Et personne me dit de ne pas mettre cet effet démodé, ce riff cucul la praline ... j’adore, j’assume, point barre. Heligoland est aussi super kiffant, aprés l’enregistrement de leur dernier album avec Robin [Guthrie des Cocteau Twins], ils avaient tellement de guitares qu’il leur fallait quelqu’un pour les aider. C’est à la suite d’un concert de Coriolis qu’ils sont venus vers moi. C’est pas si loin de mon idée avec Coriolis en fait, toutes ces guitares aériennes. Sauf que du coup, je me retrouve à jouer de la batterie !!! Donc oui, en plus je joue de presque tous les instruments maintenant, c’est vraiment super excitant !
Quant à Ulan Bator, je suis fan depuis 10 ans, Amaury a produit notre disque, on s’est vraiment éclaté à le faire, on a bu pas mal et discuté beaucoup et on est devenu amis. J’imagine qu’intégrer Ulan Bator est dans la suite logique des choses ... tu vois, un choix en entraîne un autre ... si tu fais pas fait ça, bah y’ s’passe pas ça ... blabla ... je sais pas ... mais on part en tournée tout le mois de mai en Italie et ça va être mortel. James, le gars des Bad Seeds et Lydia Lunch a vraiment l’air fêlé ! Je vais kiffer ma race mec !
 »

Et nous avec ... on s’arrêtera juste un instant sur Reach The End, Miss The Point, l’avant-dernier morceau de cet album qui finira d’enfoncer le clou bien profond dans notre poitrine : un morceau incendiaire, qui foutrait le feu à une salle même pas acquise à leur cause. Le message est bien passé ? Car on attendait le premier album de Object, A Place To Hide est bien arrivé et on s’est pris un sacré bon coup de pied dans les fesses : le rock en France, c’est ici que ça se passe et pas ailleurs ... n’en déplaise aux grincheux.

Et pour commander l’album, rendez-vous sur le site du label : str8linerecords.com ... des extraits y sont d’ailleurs disponibles pour finir de vous convaincre.

Object par Philippe KOCH

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