Le streaming du jour #722 : Lubomyr Melnyk - ’Corollaries’
Lubomyr Melnyk est un adepte du choc des générations. Non content de se frotter à la 12-cordes de James Blackshaw sur Watchers à paraître en fin de mois chez Important Records, le voilà en effet qui débarque chez Erased Tapes épaulé par Nils Frahm et Peter Broderick, héritiers moins évidents que l’auteur de All Is Falling mais influencés à n’en pas douter par l’approche pianistique toute en spirales d’arpèges méditatifs ou romantiques que le Canadien creuse en toute discrétion depuis la fin des années 70.
Marqué de son côté par la virtuosité novatrice de Franz Liszt comme par le courant "répétitif" de la musique classique contemporaine minimaliste qu’incarnent notamment Steve Reich ou Philip Glass, ce jeu particulier en flux continu de phrases musicales simples aux subtiles fluctuations a lui-même fait école depuis, comme en témoignent nombre de bandes originales signés par Elliot Goldenthal ou Michael Nyman et empreintes de ce même lyrisme cyclique et contenu.
Sur Corollaries, en écoute sur le site de la radio de musique classique new-yorkaise WQXR, ce précurseur du classical ambient offre ainsi au piano romantique un écrin aussi sensible qu’ambitieux, déclinant jusqu’à l’hypnose sur cinq titres fleuves ses chapelets capiteux de notes claires et d’harmonies brumeuses. Des compositions flirtant parfois avec le drone sous l’impulsion très certainement des deux compères Broderick (violon et production) et Frahm (mixage et mastering), dont les talents d’ingénieurs du son quasi naturalistes ne sont pas étrangers au rendu à la fois intimiste et abstrait de ces compositions, à l’image de l’artwork qu’elles ont inspiré au génial Gregory Euclide (remarqué notamment pour cette très belle pochette de Bon Iver) :
Lubomyr Melnyk – Corollaries (Official Album Trailer) from Erased Tapes on Vimeo.
"Un cycle continu de croissance et de déliquescence", voici comment le graphiste américain interprète ce disque dont les accents de tragédie sous-jacents sont adoucis par les vocalises éthérées de Broderick sur Pockets Of Light, le spleen poétique de son violon solo offrant par ailleurs la constance d’un contrepoint downtempo aux cascades passionnées du superbe Le Miroir D’Amour : certainement le point d’orgue de ce très bel album et pourtant simple mise en bouche avant le merveilleux Watchers sus-mentionné dont on reparlera sûrement, tant ses variations harmoniques ont su nous troubler en frôlant l’atonalité quand on s’y attendait le moins.
Peter Broderick sur IRM - Myspace
Nils Frahm sur IRM - Myspace
Lubomyr Melnyk sur IRM - Site Officiel
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