Top albums - mai à août 2022

Ces derniers mois, à chaque fois qu’arrivait le moment de voter pour notre sélection d’albums coutumière, la rédaction d’IRM en restait au stade de l’échauffement et la procrastination l’emportait... la faute à des calendriers chargés mais aussi, il faut bien l’avouer, à ce cercle vicieux de l’échéance loupée que l’on n’en finit plus de repousser jusqu’à l’oublier pour de bon. Finalement, rien de tel pour en terminer avec cette spirale de paresse que d’assumer notre retard monstre avec un bilan des... 4 mois écoulés, puisque notre dernier classement mensuel remontait aux sorties d’avril. On a donc tout repris depuis mai, pour vous proposer une sélection restreinte de disques absolument essentiels de ce milieu d’année, agrémentée comme toujours de choix personnels pour malmener le consensus et diversifier les pistes de découvertes. Au bout du compte, une dizaine d’albums qui partent dans tous les sens et que l’on a forcément beaucoup écoutés cet été, même si la plupart ne se prêtaient guère à cette période d’insouciance et de farniente.




Nos albums préférés de mai/juin/juillet/août 2022



1. The Smile - A Light For Attracting Attention

Il aura fallu à Radiohead un changement de paradigme pour finalement retrouver le chemin d’une inspiration débridée et d’un plaisir communicatif de jouer, après A Moon Shaped Pool qui souffrait de redites et de grosses baisses de régime entre deux vrais sommets. Radiohead, oui vous avez bien lu, car quoi qu’on en dise Thom Yorke et Jonny Greenwood, auxquels on peut ajouter le fidèle producteur Nigel Godrich, 4e homme de The Smile après avoir été le 6e larron du quintette d’Oxford, demeurent le centre de gravitation créatif du collectif, et parce qu’ici, la présence de Tom Skinner aux fûts n’a pas vraiment changé la donne, l’influence supposée de son groupe afro-jazz Sons of Kemet se faisant finalement plus que discrète (après tout il y a du jazz depuis longtemps chez Radiohead, au moins depuis Amnesiac, et des rythmiques afrobeat au moins depuis In Rainbows et son sommet d’ouverture 15 Steps). Sur The Opposite par exemple, la batterie à la fois serpentine et ultra-placée sonne comme si elle avait échu une nouvelle fois aux mains assurées de Phil Selway, de la même manière que la basse de The Smoke pourrait sortir tout droit des doigts agiles de Colin Greenwood... et pourtant le changement de line-up a probablement été salvateur à plus d’un titre pour donner naissance à ce petit cousin de A Hail to the Thief et dans une moindre mesure dIn Rainbows et du Amok d’Atoms for Peace (un autre "presque Radiohead" inspiré), capable de la même manière de sauter d’une complainte électro hantée (The Same) à un hymne punk dense et fiévreux aux cuivres dissonants (You Will Never Work in Television Again), d’un beau reste de The King of Limbs au piano majestueux (Pana-vision), à un rock triste rehaussé d’arrangements impressionnistes (Speech Bubbles) puis à une kosmische-pop rêveuse et capiteuse (Open the Floodgates), ou encore d’une cavalcade schizophrène et finement orchestrée (A Hairdryer) à la fausse sérénité ascensionnelle d’un final merveilleux d’épure et de mélancolie (Skrting on the Surface). Un exercice de montagnes russes néanmoins absolument cohérent comme pouvait l’être HTTT et dont on a probablement même omis de citer le sommet, ce foisonnant Waving a White Flag aux émotions bipolaires et aux arrangements électroniques d’une délicatesse inouïe. Une petite résurrection pour Thom Yorke et sa (plus ou moins) nouvelle bande en somme, même si l’on n’en attendait pas moins, après l’excellent Anima, du Britannique dont le chant oscillant entre onirisme et fébrilité, spleen angoissé et apaisement, transcende une nouvelle fois ici les écrins qu’il habite.

(Rabbit)


2. Chat Pile - God’s Country

"Chat Pile sent le glauque et le désespéré. Parce que Chat Pile est glauque et désespéré. Rien n’est feint, pas de distance ni d’ironie : on joue ce qu’on est et on est ce qu’on joue. Les pieds bien ancrés dans son espace dégueulasse. Ici, les terrils de résidus miniers bien toxiques - "chat" pile - issus de l’extraction du zinc et du plomb qui faisait rage au nord-est de l’Oklahoma au siècle dernier. Les mines ont fermé depuis mais les montagnes de résidus sont restées là parce que... qu’est ce qu’on en a à foutre de l’environnement et de ses habitants. J’imagine aisément les conséquences que peuvent avoir ce genre de paysages, leur genèse et leur agonie, sur le psychisme quand on grandit dans leur ombre. Je suppose que quand on veut jouer de la musique, on n’a pas forcément envie de sortir sa guitare en bois et susurrer des mots doux. On fait plutôt comme Chat Pile. On encapsule les terrils malsains dans des morceaux nocifs et on expulse le tout.
Partant du noir pour revenir exactement à la même couleur, God’s Country s’enfonce dans la boue austère en lévitant à l’envers et entraîne tout ce qu’il touche avec lui. Pourtant, en lui-même, le disque n’est pas si lourd, c’est son ambiance qui l’est. Son sludge-noise-core rehaussé d’un soupçon de death agit comme un kaléidoscope chelou qui vrillerait la lumière en modifiant son spectre visible, éjectant toutes les couleurs pour n’en garder que l’absence. Dans ces conditions, même les moments les plus apaisés sonnent menaçants (Pamela ou Anywhere) et la tension est partout. De quoi inscrire profondément God’s Country sous la peau."

(leoluce)

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3. Red Snapper - Everybody Is Somebody

Pionniers chez Warp au milieu des 90s du genre de fusions entre musiques issues du jazz, de l’electronica et du hip-hop que l’on regroupe faute de mieux sous l’étiquette "bass music", les Anglais Red Snapper emmenés par le contrebassiste et producteur Ali Friend font preuve d’une belle longévité et surtout d’un parcours quasi sans faute, depuis le sombre et cool à la fois Prince Blimey de 96 orienté drum’n’bass et abstract hip-hop jusqu’au gargantuesque Key de 2011 aux circonvolutions jazzy épiques et électriques, en passant par les classiques Making Bones et Our Aim Is To Satisfy à la croisée d’une électro cinématographique, d’un trip-hop tourmenté et d’un acid jazz mutant, le tout saupoudré d’une touche de rap british. Après s’être attaqué aux musiques africaines sur Hyena, première déception simplement peu inspirée et sans vraie profondeur qui versait dans l’easy listening et la facilité, le combo londonien toujours sous la bannière Lo Recordings mais désormais privé de son guitariste historique David Ayers, fait feu de tout bois avec ce 7e album à l’équilibre quasi miraculeux, aussi accessible que foisonnant, sans anachronisme ni redite et intégrant les parties chantées des guests Lana Friend, Layla Assam et Mike Clarke de façon bien plus homogène que sur l’opus précédent. Aussi fureteur et évident que Key, Everybody Is Somebody louvoie entre trip-hop spleenétique aux arrangements acoustiques enivrants, funk rétro-futuriste, jazz ethnique dont la tension convoque celle des géants Heliocentrics, électro ou encore spoken word (un certain Natty Wylah s’y colle avec une désarmante mélancolie sur The Warp and The Weft et Albert’s Day Off), et ménage quelques incursions insidieuses en dépit d’une tonalité générale beaucoup plus lumineuse qu’à l’accoutumée. Une réussite "ligne claire" dont la richesse et les subtilités se révèlent au gré des écoutes, au point d’en faire l’un des derniers classiques d’un genre quelque peu délaissé depuis le déclin d’un label tel que Ninja Tune.

(Rabbit)


4. Matmos - Regards​/​Ukłony dla Bogusław Schaeffer

Alternant désormais électro-pop dadaïste - dans une veine régressive et décalée qui culminait notamment en 2013 avec The Marriage of True Minds - et sorties plus expérimentales à l’image du récent The Consuming Flame : Open Exercises in Group Form et de ses trois longues pistes aux télescopages à la fois ludiques et abscons, le duo de chirurgiens californiens fête cette année, toujours chez Thrill Jockey, le quart de siècle de carrière discographique avec cet hommage à un certain Bogusław Schaeffer, musicien d’avant-garde contemporaine méconnu hors de son pays et considéré comme un précurseur de la musique microtonale (tout en ayant touché un peu à tout, de la musique sérielle à l’électronique aléatoire en passant par le jazz). Entre ça, les titres de morceaux imprononçables à moins de parler couramment le Polonais et la pochette faisant penser au croisement contre nature d’un artwork de Klaus Schultze et de l’esthétique INA GRM des 70s, il y aurait de quoi prendre ses jambes à son cou... et pourtant ! Si l’univers de Martin Schmidt et Drew Daniel apparaît toujours aussi intrigant, atonal et fourre-tout, Regards​/​Ukłony dla Bogusław Schaeffer s’avère étonnamment plus accessible et surtout beaucoup plus prenant que certaines de leurs dernières sorties, charriant une sorte de lyrisme anxieux et presque cinématographique qui s’insinue dans les synapses pour stimuler le subconscient autant que l’imagination, au gré de ses instrus insaisissables partagés entre groove de chambre séquencé au scalpel à partir de glitchs électroniques, de samples vocaux, d’arpeggiators de synthés et de micro sonorités acoustiques (Resemblage, Flight to Sodom), improvisations d’orchestres mentaux déglingués (Flashcube Fog Wares, Few, Far Chaos Bugles) et collages ambient flirtant avec la musique contemporaine (Tonight there is something special about the moon, If All Things Were Turned to Smoke).

(Rabbit)


5. Daniel Villarreal - Panamá 77

Dans la grande famille multicolore de l’écurie International Anthem, le très prolifique label chicagoan, Daniel Villarreal fait figure de dandy à la décontraction contagieuse. Des bouclettes brunes et grisonnantes tombant sur une chemise de bûcheron ouverte, des lunettes aux verres fumés bleus qui laissent transparaître des petits yeux pétillants, le batteur, percussionniste et DJ originaire du Panama se montre dans le clip promotionnel qui accompagne la sortie de cet album comme un Dude latino à chapeau au ralenti. Sur un des morceaux les plus easy listening de l’album, 18th & Morgan, sorte de r’n’b instrumental, Daniel Villarreal déploie son groove progressivement, sans démonstration, mais avec une assurance de chef d’orchestre. Dans ce premier album en solo (mais tout de même très bien accompagné par les habitués du label : Aquiles Navarro, Jeff Parker, Kyle Davis entre autres…), le percussionniste fait feu de tout bois. Impossible de classer musicalement cette oeuvre : il y a du jazz certes, mais teinté de cumbia, de bossa, de soul, de funk, de hip-hop ou encore, comme sur Patria, adaptation d’un morceau d’orgue du compositeur Avelino Muñoz, de la musique traditionnelle panaméenne. Le tout est un vibrant hommage à ses aînés, son pays d’origine, ses racines, ses traditions. Nul besoin d’être un explorateur des cultures latino-américaines pour pencher l’oreille sur cet album tant son auteur l’a voulu ouvert aux quatre vents, tout à la fois accessible et complexe, fin et facile, spirituel et dansant. Un album d’été qui se laisse écouter par tous les temps.

(Le Crapaud)


Les bonus des membres de l’équipe


- Le choix de Rabbit : Colossloth - Promethean Meat

On parlait en intro des loupés, autant dire qu’avoir délaissé dans nos pages le Britannique Colossloth depuis presque 10 ans et la sortie de l’EP Anchored By Lungs chroniqué ici en constitue un beau. En effet, l’auteur du dystopique Butterflies Are Witches de 2012 n’a fait que monter en puissance depuis, comme en témoignait déjà il y a deux ans un Plague Alone beaucoup plus harsh et radical que les deux sorties sus-nommées aux télescopages d’ambiances cinématographiques et mutantes marchant directement dans les pas de Coil. Avec Promethean Meat, réussite absolue pour qui aime se mettre les oreilles en lambeaux, c’est donc cette veine de terroriste sonore abordée plus récemment par le musicien basé à Leicester qui l’emporte, mais dans un bel équilibre flirtant avec le dark ambient des débuts sans jamais prendre le pas sur la puissance d’évocation d’instrus absolument terrassants de noirceur magnétique. A la croisée du harsh futuriste des Slovènes d’Ontervjabbit avec ces synthés orchestrés qui envahissent l’espace, des déluges abstraits d’échardes digitales aux beaux restes industriels de Cindytalk période Mego, d’une ambient bruitiste de caveau des enfers et même d’un metal expérimental liquéfié qui reprend ses droits sur le déluge final Personality Debris où l’on sent poindre les blast beats sous la tempête de verre pilé, Wooly Woolaston ne nous épargne rien, pas même la satisfaction de le voir exceller là où le cousin ricain Crowhurst n’avait qu’à moitié réussi : passer avec le même brio d’un bout à l’autre du spectre des musiques extrêmes.



- Le choix de leoluce : Bad Breeding - Human Capital

"Human Capital, le nouvel album de Bad Breeding est non seulement intéressant à voir et à lire mais est aussi intéressant à écouter. Sa violence musicale au propos politique est très contagieuse et se prendre en pleine poire ces douze occurrences incendiaires est purement jubilatoire. Comme d’habitude avec eux, ça avance à mille à l’heure, ça distribue les bourre-pifs sans retenue mais ça peut aussi être nuancé : pour un purement anarcho-punk et explosif Joyride, on compte aussi un Misdirection presque surf ou le plus post-punk éponyme par exemple. Le tout entrecoupé de missiles hardcore ultra-agressifs qui desquament tout sur leur passage.
Alors c’est vrai, la pochette monochrome photocopiée, le lettrage, les images convoquées et tutti quanti ramènent directement à Crass ou Rudimentary Peni mais peu importe parce que c’est toujours aussi efficace et salutaire. Rien à voir avec un ego-trip nostalgique donc, tout est actualisé. La rage et l’exaspération contenues dans la voix de Chris Dodd sont bien réelles, guitare, basse et batterie veulent clairement tout foutre en l’air : la résignation n’est pas une alternative chez Bad Breeding.
On a beau être habitué, Human Capital se montre tout aussi vital que ses trois ainés et son message qui répète à longueur de morceaux que l’individualisme sera toujours une arme au service des puissants est plus efficace accompagné d’une musique incendiaire et accidentée que sans."

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- Le choix du Crapaud : Olanza - Olanza

Deuxième album du trio de Bristol, mais premier sur l’excellent label londonien Human Worth, Olanza est un chef-d’œuvre de rock instrumental. Avec leurs tournures alambiquées mais jamais prétentieuses, ses morceaux sont d’une efficacité incontestable : des riffs de guitare mordants, une batterie inépuisable, une basse puissante... Olanza synthétise les meilleures références des vingt (voire trente !) dernières années : le post-hardcore de Fugazi mais sans les cris, des mathématiques à la Don Caballero, du noise sec et rugueux comme le fait Shellac, des guitares qui s’envolent comme chez Slint. Malgré le poids des pères sur les épaules, le trio balance une à une ses compositions dans un fourmillement d’idées originales et de riffs imparables. Écoutez les envolées mélodiques du morceau Descent pour vous convaincre d’aller plus loin. Et n’hésitez pas à télécharger le bouzin, c’est à prix libre et tous les bénéfices sont reversés à des œuvres caritatives, alors quand on peut se faire du bien tout faisant du bien… Let’s go !



- Le choix de Elnorton : Tess Parks - And Those Who Were Seen Dancing

Classifier la musique de Tess Parks est une entreprise bien périlleuse tant la Canadienne aime évoluer aux confins d’influences variées. Néanmoins, celle qui sort ici son second album solo, neuf ans après le premier - deux collaborations avec Anton Newcombe du Brian Jonestown Massacre sont parues en 2015 et 2018 - aime se lover entre spleen vaporeux et éthéré façon Mazzy Star et ambiances psychédéliques évoquant l’univers de son acolyte californien, sans refuser quelques détours vers un shoegaze clair et mélodieux façon Ride... pas si étonnant pour cette fan d’Oasis bouleversée par un concert du groupe en 2002 alors que le bassiste n’était autre qu’un certain Andy Bell. Profond et bouleversant.




Les tops des rédacteurs


- Rabbit :

1. Colossloth - Promethean Meat
2. Matmos - Regards​/​Ukłony dla Bogusław Schaeffer
3. The Smile - A Light For Attracting Attention
4. Red Snapper - Everybody Is Somebody
5. Bonzo & Tenshun - Scourge
6. The Oscillation - Singularity Zones Vol​. ​1 & 2
7. Alex Smalley & Lucia Adam - Patterns
8. Aidan Baker - Songs Of Undoing / Tenebrist
9. Grosso Gadgetto vs NLC - Story of an Ordinary Day
10. Locrian - New Catastrophism

- Le Crapaud :

1. Olanza - Olanza
2. Tvivler - Kilogram
3. Daniel Villarreal - Panamá 77
4. Chat Pile - God’s Country
5. Chess Smith - Interpret It Well
6. Danger Mouse & Black Thought - Cheat Codes
7. Tim Bernardes - Mil Coisas Invesiveis
8. Petrol Girls - Baby
9. Void Patrol - Void Patrol
10. Moor Mother - Jazz Codes

- leoluce :

1. Chat Pile - God’s Country
2. Bad Breeding - Human Capital
3. The Smile - A Light For Attracting Attention
4. Dandaure - Rude Nada
5. Commando - s/t

- Elnorton :

1. Tess Parks - And Those Who Were Seen Dancing
2. Fields Ohio - This Is The Place I Dreamt of You Last
3. The Smile - A Light for Attracting Attention
4. The OST - Vol. 2
5. Cloudwarmer - LoFi Beats
6. Konejo - The Moodygoer
7. Red Snapper - Everybody Is Somebody
8. The Brian Jonestown Massacre - Fire Doesn’t Grow On Trees
9. Moderat - MORE D4T4
10. Shearwater - The Great Awakening

- Riton :

1. Chat Pile - God’s Country
2. Red Snapper - Everybody Is Somebody
3. The Difference Machine - Unmasking the Spirit Fakers
4. Matmos - Regards​/​Ukłony dla Bogusław Schaeffer
5. The Smile - A Light for Attracting Attention
6. Imperial Triumphant - Spirit Of Ecstasy
7. Daniel Villarreal - Panamá 77
8. Blut Aus Nord - Disharmonium - Undreamable Abysses
9. Damien - El Diablo
10. EABS - 2061


Articles - 07.09.2022 par La rédaction
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