Bang Gang : who is really Bardi ?

Préalablement à son concert donné à Meylan (Grenoble) le 1er novembre dernier, nous avons eu la chance d’interviewer Bardi Johannsson, tête pensante du groupe islandais Bang Gang et moitié de Lady & Bird. Interview vite transformée en conversation, nous y avons pris grand plaisir, et espérons qu’il en sera de même pour vous à la lecture de cet échange.

Indie Rock Mag : Hier certains fêtaient Halloween, commençons donc cette interview en parlant d’ « Häxan ». Vous avez composé en 2006 une bande originale pour le film muet « Häxan » de Benjamin Christensen, une fresque horrifique dano-suédoise des années 20 à la limite du docu-fiction sur la sorcellerie et l’inquisition à travers les âges.
Qu’est-ce que vous motivé dans ce projet ?

Bardi Johannsson : La motivation était que la société m’a appelé et m’a demandé de le faire.

Indie Rock Mag : Votre maison de disques ?

Bardi Johannsson : Non, la société La Lune Rouge, ils organisent le Ciné-Mix, à Paris (au Forum des Images).
Ils m’ont demandé de venir le faire, et j’ai dit oui. J’ai fait une version électronique avec un percussionniste et 2 violons, puis on m’a proposé de faire la même chose en Islande avec l’Orchestre Symphonique et j’ai accepté, la radio nationale l’a enregistré, mais il n’était pas très bon alors je suis allé l’enregistrer en Bulgarie.

Indie Rock Mag : Etait-ce l’idée de départ ? Aviez-vous un sentiment d’inabouti, l’ambition de pousser plus loin ce projet, ou est-ce simplement le fruit du hasard ?

Bardi Johannsson : Quand j’ai commencé, c’était juste pour le Forum des Images, puis on m’a proposé de le faire avec un orchestre, et comme cela me semblait être une bonne idée, j’ai dit oui.

Indie Rock Mag : Le résultat procure un sentiment de mélancolie et même de désespoir plutôt que d’angoisse, vous sentiez-vous proche de ces personnages exclus et persécutés pour leur mysticisme et leurs différences ?

Bardi Johannsson : Le film était un film d’horreur, mais des années 20 donc ce n’est pas très effrayant, il aurait été stupide de faire une bande-son vraiment effrayante avec un film qui est plutôt amusant.

Indie Rock Mag : Oui c’est plutôt drôle quand la religieuse embrasse le cul du diable…

Bardi Johannsson : Ce n’est pas un film effrayant, c’est essentiellement un documentaire sur le type de personnes qui étaient accusées à tort, qui étaient prises pour des sorcières et tuées pour cela.
Comme si vous aviez une maladie comme l’épilepsie, vous vous secouez, ils disent que vous êtes possédé, que le diable est en vous, et vous étiez exécuté. C’est quelque chose de triste.

Indie Rock Mag : Votre musique est d’une manière générale mélancolique, vous servez-vous de ce moyen d’expression comme un exutoire ? Vous êtes perçu comme quelqu’un de triste et mélancolique, mais on vous a découvert plutôt enjoué et drôle à travers votre vidéo « Who is Bardi »

Bardi Johannsson : Fuck them !
Quand j’ai fait l’EPK (Electronic Press Kit), j’ai regardé des EPKs et les groupes parlent toujours d’à quel point ils sont bons. Ils sont prétentieux et racontent des histoires sur la façon dont ils ont écrit une chanson, même s’ils ont juste écrit un seul titre, ils tentent de parler des chansons mais encore plus d’eux-mêmes… J’ai été moi-même journaliste, et c’est ennuyeux de voir ces films, il suffit de les regarder en avance rapide : il n’y a rien d’intéressant, sauf si c’était les Beatles qui parlaient de la façon dont ils font leurs disques, mais les groupes en général, notamment les nouveaux groupes qui parlent de la façon dont ils sont le plus grand groupe sur terre c’est juste ennuyeux.
Alors je voulais faire quelque chose que je voudrais regarder moi-même.

Le cliché des musiciens islandais, je pense qu’il est assez amusant : vous êtes censé être naturel, parler beaucoup de la nature, être inspiré par la nature, mais j’écris ma musique dans mon studio, alors je ne vois aucune nature, je vois juste des murs et ce qui est mis sur les murs, et parfois j’écris de la musique à un autre endroit… Bien sûr qu’à un certain point vous êtes influencé par l’endroit où vous êtes né, mais il y a aussi une sorte de cliché, et je n’aime pas ce cliché. Je suis mélancolique, et parfois triste quand j’écris mes chansons la nuit, mais pendant la journée c’est ennuyeux (d’être triste), vous devez avoir de l’humour pour votre tristesse.

Indie Rock Mag : Pour moi, Ghosts From The Past est un album vraiment triste, comparé aux autres.

Bardi Johannsson : Oui, il l’est.

Indie Rock Mag : Même si les précédents étaient mélancoliques eux aussi, vous n’utilisez pas non plus le même vocabulaire : vous évoquiez souvent le ciel, dans celui-ci il y a le sol… Peut-être parce qu’il a fallu une durée de 5 ans, vous y avez cumulé davantage de tristesse ? Pourtant vous vouliez qu’il soit plus violent, plus rock & roll…

Bardi Johannsson : Je n’aime pas me répéter, je voulais juste en dire plus, j’ai toujours eu peu de paroles, je voulais aller un peu plus loin et dire davantage, et aussi le disque a pris sa direction lui-même.
Au début je voulais faire un album vraiment plus rock mais ce n’était pas bon, alors j’ai fait quelques autres projets et puis je suis revenu, et finalement j’ai trouvé la bonne direction, mais avec toute cette tristesse etc.

Mes amis et moi, il sont peu nombreux, je ne parle pas à beaucoup de monde parce que je ne communique pas très bien avec les gens, mais lorsque nous sommes déprimés, nous nous téléphonons les uns aux autres et nous rigolons, nous disons « je suis déprimé » et nous en rions, parce que c’est tellement ridicule.
Lorsque vous êtes triste, vous avez parfois des idées stupides, sur la façon dont vous vous sentez et tout, alors nous nous appelons les uns les autres et nous le disons et nous rions en même temps, nous pouvons avoir de l’humour pour la tristesse.

De même, lorsque vous écrivez de la musique pendant la nuit, vous êtes fatigué et vos nerfs sont plus faibles, il est plus probable que vous en ressortiez quelque chose, et il est bon de mettre ce genre de chose dans la musique plutôt que de le mettre dans la vie réelle.

Certaines personnes font de la musique très joyeuse, mais quand vous les rencontrez, ils sont tellement ennuyeux et déprimés ! Alors qu’il est préférable d’être heureux durant la journée…

Indie Rock Mag : C’est plutôt sain de votre part de mettre cette tristesse dans la musique.

Bardi Johannsson : Oui c’est comme ça, chaque personne a un côté heureux et un côté triste, j’utilise mon côté joyeux avec mes amis. (rires)

Indie Rock Mag : Et pour la vidéo « Who is Bardi »  !

Bardi Johannsson : Oui ! (rires)

Indie Rock Mag : Est-il vrai que vous vous êtes endormi pendant les séances de travail et que Anthony Gonzalez (M83) vous réveillait quand il partait pour que vous continuiez le travail ?

Bardi Johannsson : Ce n’était pas Anthony, c’était l’ingénieur du son.

Indie Rock Mag : Cela expliquerait peut-être les ronflements sur Stay Home

Bardi Johannsson : Non, c’est moi qui fais "beeuuuuaarr". C’est comme une voix de métal, comme les chanteurs de black metal le feraient. Ce n’étaient pas des ronflements. Je peux le faire mieux, mais je voulais avoir certaines créatures dans le son.

Lorsque nous mixions l’album, l’ingénieur du son travaillait ; le studio est dans ma maison donc j’allais dormir, et quand il partait, il frappait à la porte pour me réveiller et que je commence à travailler, et il rentrait dormir chez lui, se réveillait, puis nous travaillions ensemble, et ainsi de suite 24 heures sur 24.

En fait, je me suis endormi pendant le mixage de « Häxan », parce que je le mixais moi-même, et c’était très long, je n’avais pas dormi pendant plusieurs jours, ou peut-être juste 2 ou 3 heures, je mixais pendant le réveillon du nouvel an, je ne l’ai pas fêté, et je pense que pendant les derniers jours je n’ai pas dormi du tout et juste mixé, une fois je me suis réveillé et j’ai vu que la chanson tournait en fait depuis une heure…

Indie Rock Mag : Pour revenir à l’Orchestre National Philharmonique d’Islande, vous vous êtes de nouveau produit avec eux en compagnie de Keren Ann en juin dernier à Reykjavík, quel souvenir gardez-vous de ce concert ? Aura-t-on la chance de voir un jour des images de cette prestation ?

Bardi Johannsson : Il a été enregistré, pas filmé, et nous allons probablement le sortir à la fin de l’année prochaine.

Indie Rock Mag : A propos de Lady & Bird, pensez-vous jouer de nouveau ?

Bardi Johannsson : Peut-être. Nous envisageons certaines options.
Nous n’avons fait que 2 chansons de Lady & Bird pendant ce concert : une nouvelle chanson et une du disque.

Indie Rock Mag : Une nouvelle ? Peut-être un deuxième album ?

Bardi Johannsson : Peut-être, je ne sais pas. Mais au moins il y aura une nouvelle chanson sur le CD live.

Indie Rock Mag : Est-ce que vous travaillez sur d’autres nouvelles chansons ?

Bardi Johannsson : Peut-être que nous avons quelque chose mais nous ne savons pas encore… Pas de plan sauf cela : nous travaillons sur la sortie du CD de ce concert.
Il y a 2 chansons de Lady & Bird, 5 ou 6 de Keren Ann, et 5 ou 6 de Bang Gang. Un orchestre de 80 personnes et un chœur de 12. Ça va être très cool !

Indie Rock Mag : L’écoute de Ghosts From The Past se caractérise par la présence de votre voix sur la quasi-totalité des chansons (à la différence des précédents albums), peut-on en conclure que vous avez gagné en assurance à ce niveau ? Ou est-ce parce que les paroles sont plus personnelles ?

Bardi Johannsson : Les deux : plus confiant et plus personnel.
Je pense que ç’aurait été étrange de les faire chanter par quelqu’un d’autre.


Indie Rock Mag : Alors pourquoi le second guitariste assure les voix, notamment sur les singles, en concert ?

Bardi Johannsson : Parce que je préfère, je ne suis pas très confiant sur scène. Je pense qu’il le fait mieux sur scène.

Indie Rock Mag : Vous croyez ?

Bardi Johannsson : Oui.

Indie Rock Mag : En tant que public, nous n’en sommes pas très convaincus…

Bardi Johannsson : Non ?

Indie Rock Mag : C’est perturbant parce que c’est sur les singles, comme The World Is Gray.

Bardi Johannsson : Non, c’est le prochain single.

Indie Rock Mag : Peut-être parce que c’était la première chanson en démo sur Myspace, c’est une chanson qu’on connaît bien, alors c’est surprenant.

Bardi Johannsson : Avez-vous vu Nouvelle Vague ? Toutes ces personnes qui chantent d’autres chansons…
Mais je chante aussi, je fais les chœurs.

Indie Rock Mag : Et comment décidez-vous laquelle est pour vous, laquelle est pour lui ?

Bardi Johannsson : Je choisis. Je veux juste faire comme ça. Peut-être que je vais la chanter moi-même un jour. Je l’ai fait sur le concert symphonique, alors je vais peut-être le faire à nouveau.
Mais il y a aussi une fille qui chante sur cet album, et c’est moi qui chante en concert sur Something Wrong aussi, et Forward And Reverse

Indie Rock Mag : Oui, mais ce sont Vos chansons, Vos albums, vous restez présent d’un album à l’autre.

Bardi Johannsson : J’ai eu des invités jusqu’à maintenant, c’est juste des changements.
C’est agréable d’avoir de nouvelles personnes sur les concerts.
Ensuite, vous viendrez à un autre concert et je vais peut-être les chanter…

Indie Rock Mag : Comme lors du concert à Bruxelles (en 2003), avec celui qui chantait…

Bardi Johannsson :In The Morning, Daniel.

Indie Rock Mag : C’était incroyable !

Bardi Johannsson : Oui, c’était vraiment bon. C’est mon oncle, ou mon cousin. Nos grands-parents sont frère et sœur. Il a été le chanteur de Gus Gus, il est actuellement en tournée avec eux.

Indie Rock Mag : L’histoire de Bang Gang est marquée par de nombreuses collaborations, et même des productions à titre personnel, pour vous la musique est avant tout synonyme d’échange et de partage ?
Pouvez-vous nous en dire plus sur les artistes que vous avez produits ? Avez-vous des découvertes locales à nous faire partager ?

Bardi Johannsson : Il y a un groupe que je produis actuellement et je pense qu’il va être très bon, il s’appelle Our Lives, c’est un groupe islandais.
J’ai fait une chanson avec eux appelée Nuna : c’était la première chanson que j’ai réalisée avec eux, et finalement je suis en train de faire le disque complet, on reprend dès que je rentre en Islande. C’est un groupe de rock, c’est très bien, la chanson a été numéro 1 sur la radio rock islandaise.

Indie Rock Mag : D’habitude on vous sent pourtant à distance de cette scène musicale islandaise.

Bardi Johannsson : Ils ne correspondent en aucune façon à cette scène, ils ne sonnent pas comme elle.

Indie Rock Mag : Vous non plus, vous ne pensez pas en faire partie ?

Bardi Johannsson : Non, pas du tout.

Indie Rock Mag : Et vous ne l’appréciez pas ?

Bardi Johannsson : J’aime certaines chansons, ou personnes, et j’aime certains artistes.
Comme le groupe avec lequel je tourne en ce moment : le chanteur vient de Leaves, ils ont vraiment fait de bonnes chansons, le claviériste a été le leader d’un groupe appelé Ensimi, très bon groupe de rock, et Stéphane, le bassiste vient du groupe français Ginger Ale.
C’est un groupe de gens qui sont tous leaders dans leur propre groupe.

Indie Rock Mag : J’ai lu que, comme le marché islandais est assez restreint, vous pourriez vendre jusqu’à 10 000 CD…

Bardi Johannsson : Maximum !

Indie Rock Mag : … et comme vous n’aviez pas envie de faire de la musique commerciale de m****, vous avez préféré faire ce que vous vouliez, mais orienté vers le marché international.

Bardi Johannsson : Oui, parce que je m’en fous si les gens en Islande n’aiment pas mon CD, je m’en fous complètement, car cela ne fait aucune différence pour moi, mais ils ont plutôt aimé jusqu’à présent.

Indie Rock Mag : C’était ma question suivante : est-ce qu’ils aiment ? Avez-vous vendu ces 10 000 CD ?

Bardi Johannsson : Non, j’ai vendu 2000 CD, c’est presque 1% de la nation. (rires)

Et pour le nouvel album, la première critique que j’ai eue en Islande était vraiment mauvaise, et j’ai dit "ah ok, ça va être ainsi en Islande", mais ensuite, je n’ai eu que de parfaits commentaires, alors c’était peut-être un gars ennuyé par quelque chose…
En Islande, cela peut même être un commentaire personnel, car les personnes sont tellement liées, peut-être que c’est un gars croisé dans un bar à qui vous avez dit "Fuck off" alors il va vous écrire une mauvaise review. (rires)
L’Islande est très petite de sorte que vous pouvez obtenir facilement de la promo, vous pouvez également obtenir de mauvais trucs parce que vous pouvez être l’ex-petit ami de la copine du type qui écrit, et cela peut être n’importe quelle raison, parfois pas très professionnelle. Et mal écrit, je sais qu’une fois un gars a écrit un article sur un concert et il n’était même pas là ! (rires)

Indie Rock Mag : En France, ça marche bien, vous avez beaucoup de dates !

Bardi Johannsson : Oui. (sourire)


Indie Rock Mag : Comme vous le savez j’aime prendre des polaroid - Bardi nous a accordé une séance photo exclusive illustrant cette interview -, j’ai vu que vous en aviez fait avec Taki Bibelas, avec qui vous avez également fait quelques films.

Bardi Johannsson : Il réalise la nouvelle vidéo The World Is Gray. Et nous avons fait « Red Death » ensemble.

Indie Rock Mag : Oui, c’est vraiment effrayant, et dégoûtant ! C’était la même année que « Häxan », très films d’horreur !

Bardi Johannsson : Oui, je veux faire des films d’horreur, j’aime les films d’horreur !

Indie Rock Mag : Est-ce que vous travaillez beaucoup ensemble ?

Bardi Johannsson : Oui, nous nous apprécions beaucoup l’un l’autre.

Indie Rock Mag : Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Bardi Johannsson : Nous nous sommes rencontrés via des amis communs. J’aime travailler avec lui, nous travaillons très bien ensemble, c’est un très bon photographe, et il fait également des vidéos… Alors oui, je veux faire davantage de films d’horreur, j’aime ça !
J’ai été un grand fan de films d’horreur quand j’étais adolescent, comme les splatter movies.

Indie Rock Mag : Donc, vous en ferez à nouveau ?

Bardi Johannsson : Oui.

Indie Rock Mag : Est-ce que le clip de The World Is Gray sera effrayant ?

Bardi Johannsson : Non, il sera très commercial. Je voulais le faire complètement différent, je n’aime pas me répéter. Peut-être que parfois cela peut être un problème parce que les gens veulent vous trouver quelque part, j’ai fait l’opposé total de la vidéo de I Know You Sleep.

Indie Rock Mag : Pouvez-vous nous en dire quelques mots ou est-ce un secret ?

Bardi Johannsson : Ce sera très commercial.

Indie Rock Mag : Alors ça va marcher…

Bardi Johannsson : Oui, je crois… Il y a une chorégraphie, j’essaye de danser, et il y a une histoire au sujet d’une jeune fille… à l’opposé de l’autre, il va être cool je pense.

Indie Rock Mag : Aviez-vous travaillé sur la vidéo de I Know You Sleep ?

Bardi Johannsson : J’ai travaillé sur l’histoire avec le réalisateur, qui est un de mes amis, et a aussi fait les vidéos de So Alone, Sleep, Stop In The Name Of Love… maintenant il est réalisateur de films en Islande !

Indie Rock Mag : Puisque nous avons commencé avec le thème de Halloween, cette vidéo de I Know You Sleep parle de vampires, vous y croyez ?

Bardi Johannsson : Je ne crois pas en eux, mais je les aime.

Indie Rock Mag : Et croyez-vous aux fantômes ?

Bardi Johannsson : Non, je ne crois pas aux fantômes, mais j’ai peur d’eux. J’ai peur de quelque chose en quoi je ne crois pas, c’est ridicule !

Les fantômes du passé ne sont pas vraiment comme des fantômes : c’est par exemple quand vous écoutez une chanson, vous avez des souvenirs qui reviennent… Comme tout ce que vous avez pu faire, tout votre passé est un fantôme parce qu’il n’existe plus, alors vous avez beaucoup de fantômes dans votre tête : ce sont ceux qui se trouvent sur ce disque.

Indie Rock Mag : Ce ne sont pas les "vrais" qui viennent vous rendre visite pendant la nuit…

Bardi Johannsson : Non, ce n’est pas quelqu’un dans un drap qui dit : "Hou".
Après cette interview, je vais prendre une douche et cette interview sera un fantôme, parce qu’elle existe, mais elle n’existera plus…

Mais j’aime les vampires, je pense qu’ils sont plutôt cool.
Particulièrement les vampires lesbiens des années 70. C’est quelque chose, les films italiens et allemands de vampires lesbiens ! (rires)
Vous pouvez vérifier, le plus célèbre est vraiment mauvais et il est très cool, il s’appelle « Vampyros Lesbos », la bande sonore s’est beaucoup vendue il y a quelques années
Et il y a un film appelé « Venus in Furs » que j’aime, également des années 70, franco-italien, il est vraiment mauvais, mais très cool, c’est comme regarder un documentaire sur la mode dans les années 70 avec du faux sang et une mauvaise histoire.

Indie Rock Mag : Ne peut-on pas dire que d’une certaine façon l’industrie musicale vampirise certains artistes ?

Bardi Johannsson : Cela dépend avec qui vous travaillez, je pense que ce ne sont pas des vampires, ce sont juste des connards, mais maintenant je suis très heureux avec Discograph, ma maison de disques. Nous avons une très bonne relation.
Mais les vampires sont cool, les mauvaises maisons de disques sont des nerds, de stupides nerds.
J’ai eu de la chance pendant les 5 dernières années ; en Islande je travaillais avec une très mauvaise maison de disques, et je ne les vois pas comme des vampires, c’est juste des connards.

Indie Rock Mag : Parce que vous avez trop de respect pour les vampires.

Bardi Johannsson : Oui.

Indie Rock Mag : Avez-vous quelque chose d’autre à nous dire ?

Bardi Johannsson : J’ai été nominé pour la bande originale de l’année, aujourd’hui, en Islande.
Il y avait 3 films, et je suis nommé, c’est une bonne journée !

Indie Rock Mag : Alors ce sera un bon concert !

Bardi Johannsson : C’est un très petit endroit, ça va être bizarre de jouer ce soir (120 places). Je pense que ça ne vaut pas le coup d’être saoul.

Je suis très nerveux à l’idée de jouer, donc je dois boire avant. Nous prenons tous 3 bières sur scène, et nous en buvons quelques-unes avant, et après aussi. Mais à un certain moment, vous planez très rapidement.

Je donnais un concert à New York et j’avais décidé de ne pas boire, je suis allé sur scène, et je tremblais tellement j’étais stressé. Après la 1ère chanson j’ai bu 2 bières d’affilée et enfin j’étais ok.
Mais je ne peux pas boire trop, sinon je ne peux pas jouer, pas plus de 3 bières, et rien de fort.
Je vais essayer de jouer ce soir sans être saoul, mais je crois que je vais être très ennuyeux. (rires)

Indie Rock Mag : Je voulais vous apporter une bouteille de la spécialité locale, la Chartreuse, l’avez-vous essayée ?

Bardi Johannsson : Oh oui je connais, c’est très fort. Je connais un autre alcool jaune : Ricard, j’aime ça.

— 
Propos recueillis par Sophie, un grand merci à Benoît de Discograph pour son efficacité et à Bardi Johannsson pour sa disponibilité et sa gentillesse.

Crédits photo : Sophie Ramos.

Liens :
- Leaves : www.myspace.com/leavesmusicspace
- Communist Pal (projet solo du chanteur d’Ensimi) : www.myspace.com/communistpal
- Ensimi : www.myspace.com/ensimi
- Ginger Ale : Ginger Ale
- Our Lives : www.myspace.com/ourlives

Vidéos :
-  « Who is Bardi »  : part 1 part 2 part 3
-  « Red Death »  : Red Death


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Chroniques // 29 septembre 2008
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