Le streaming du jour #1311 : Chez.Kito.Kat - ’Kito Sounds #7’

Bien ennuyé est le chroniqueur qui, craignant de passer pour un apôtre de la subjectivité, hésite à évoquer la dernière livraison de son label préféré.

La gêne s’éprouve à deux niveaux distincts. Le premier concerne une éventuelle abstention. A trop défendre le label, on risquerait de passer pour quelqu’un qui y a placé quelques billes, et qui a donc tout intérêt à ce que l’on en parle le plus possible. Ce n’est pas le cas même si, pour parler clairement, la question se poserait sérieusement si la bourse personnelle était suffisamment étoffée.

Le deuxième niveau d’interrogation personnelle concerne le renouvellement. Comment faire une chronique différente des précédentes ? La question prend tout son sens lorsque, dans cette même rubrique, ont déjà été évoqués les Kito Sounds #6 et #4.

L’idée d’évoquer quelques changements structurels, notamment géographiques, au sein du label pourrait constituer un axe de diversification du propos, mais est-ce vraiment là l’essentiel ?

Non, l’essentiel, c’est qu’alors même que l’on pensait avoir trop peu de temps pour s’attarder sur une compilation de 94 minutes, on se surprend encore, trois mois après sa sortie, à réécouter tout ou partie de ce Kito Sounds #7.

Un volet sur lequel on retrouve des titres figurant sur des sorties majeures du label tels que le Lo Fi Studies (Opus II) - Optigan Dub Fever de Dr Geo, le Flow d’Artaban (avec une version alternative de Lights), le Documents Synthétiques de No Drum No Moog ou encore le Astral Bender de Cyclorama.

Une compilation basée sur des vieilleries, donc ? Que nenni. Déjà, le plus vieux de ces titres date de 2013. Surtout, l’essentiel du contenu est inédit. On retrouve à la baguette les pierres angulaires du label telles que le fascinant et productif Shizuka avec un Black Hole toujours aussi sombre et caverneux, Mr Bios pour un R(é) minimaliste et cristallin, Komparce sur un Gumbo Bayou martial et schizophrénique ou encore Dog Bless You qui nous livre, avec The Daily Drunk Home Back un titre à la fois abrasif et contemplatif en forme de chant du cygne puisqu’il ne devrait pas y avoir de successeur à l’intemporel Ghosts & Friends.

Enfin, les Kito Sounds sont toujours l’occasion de découvrir de nouvelles têtes, celles qui se verront peut-être offrir une parution discographique au sein du label. A ce petit jeu, la cuvée 2015 semble particulièrement intéressante. On retiendra particulièrement Eks Center et son univers aérien à la Boards of Canada, Compaas et son minimalisme introspectif, l’ambient de Bochum Ludmila dont les synthés bipolaires alternent entre aspects cotonneux et contondants ou encore l’IDM glitch de Markus Aurelius qui, un peu plus débridé, rappellerait même le Autechre des débuts.

En somme, Kito Sounds #7 réunit ce qui fait depuis près de huit ans le nectar de Chez.Kito.Kat : de l’électro sous toutes ses formes qui ratisse même au-delà de ses frontières en retenant ses éléments les plus efficaces tout en pariant sur de nouvelles têtes rivalisant d’ingéniosité. On en redemande et, bien aidé par l’homogène diversité des titres de cette compilation, on a presque réussi à ne pas se répéter...


Streaming du jour - 27.05.2015 par Elnorton
... et plus si affinités ...