Alex Cameron nous gratifiait en 2013 d’un premier LP intitulé Jumping The Shark qui attendra trois ans pour être diffusé plus largement par le label Secretly Canadian. Ce disque initial ayant été salué par la critique, il n’est plus question d’un quelconque délai avant la publication de son successeur.

A peine finalisé, Forced Witness était donc disponible sur le label américain, et c’est avec un certain plaisir que l’on retrouve celui qui officie également au sein du trio électronique Seekae tant il est resté fidèle à ses principes sans pour autant s’autoriser le moindre surplace.

Cette voix à mi-chemin entre celles de Win Butler et Mark Oliver Everett, pour la partie la plus lyrique du répertoire de ce dernier, hante toujours les compositions de l’Australien, Stranger’s Kiss en constituant probablement le témoin le plus représentatif et la voix d’Angel Olsen, invitée pour l’occasion, forme un écrin redoutable qui met en valeur la gravité ténébreuse dont Alex Cameron ne se départit jamais.

Les synthétiseurs cheap qui faisaient de lui le frère spirituel de Baxter Dury sont légèrement en retrait sur ce disque que les puristes apprécieront donc d’autant plus, pour peu qu’ils ne soient pas réfractaires au saxophone joué par le fidèle Roy Molloy, compagnon de route de l’artiste basé à Sydney et qui semble destiné à prendre une place de plus en plus importante au sein de ce projet.

Mélodique et ambitieux malgré ses faux-airs de plaisir coupable, Forced Witness revêt donc une dimension plus profonde que Jumping The Shark. Le charismatique dandy à la cicatrice, qui culmine à deux mètres sous la toise, s’y montre plus désabusé que jamais, la passivité et le pessimisme avec lesquels chacun d’entre nous se trouve spectateur de cette société du spectacle, de l’anecdotique et de l’immédiateté, constituant les principales thématiques de cet agréable disque, moins accessoire qu’il n’y paraît à la première écoute.