His Name Is Alive - Someday My Blues Will Cover The Earth

1. Nothing Special
2. Interlude
3. Happy Blues
4. Solitude
5. Write My Name In The Groove
6. Your Cheating Heart
7. Our Last Affair
8. One Year
9. Interlude
10. Karin’s Blues
11. Are We Still Married ?
12. Someday My Blues Will Cover The Earth
13. Last Time

2001 - 4AD

Sortie le : 21 août 2001

Le spleen d’une soul moderne à redécouvrir

Quand Karin Oliver quitte His Name Is Alive en 1998, après avoir mis pendant près de huit ans son timbre unique, quelque part entre Aimee Mann, Julee Cruise et Joan Baez, au service des tentatives plus ou moins réussies de fusion entre folk gothique et new-wave aux accents noisy ou même world (délires progs tardifs ou post-rock avant l’heure ?) signées Warren Defever, les fans de la première heure sont sceptiques quant à l’avenir du groupe.

Mais quand l’auteur de l’étrange et silencieux Livonia (du nom de la ville du Michigan d’où le groupe est originaire), album des plus singuliers et fascinants dont les harmonies vocales de purgatoire à la fois lumineuses et dissonantes préfiguraient 15 ans avant certaines expérimentations du Medúlla de Björk, revient en 2001 après deux ans d’enregistrement plus un de retard de sortie (à croire que chez 4AD on était sceptique aussi), avec la chanteuse d’une chorale gospel et un album ouvertement influencé par la musique noire en général et notamment le r’n’b, c’est carrément le désaveu.

Pourtant, Someday My Blues Will Cover The Earth est un album également fascinant et hors du temps, unique en son genre lui aussi. Lovetta Pippen y traîne son spleen et sa voix aux accents soul, r’n’b et gospel, donc, sur fond de piano et guitare acoustique impressionnistes, de contrebasse nourrie au jazz, de violon mélancolique et de beats hip-hop ascétiques qui semblent tous hésiter à rompre le silence de sa solitude, formant d’amples ballades modernes et épurées soutenues par les fondations d’un trip-hop squelettique ou d’un groove triste et décharné, s’effaçant même le temps d’une chanson pour laisser éclore la bulle joliment anachronique d’un doux téléscopage entre blues et jazz. L’album revisite au passage Are We Still Married ?, l’un des sommets du deuxième opus en demi-teinte du groupe, Home Is In Your Head , lui offrant un tout nouvel écrin sonore bien différent mais pleinement à la hauteur de l’original.

Ainsi, à l’inverse des fans, la critique généralement peu familière du passé du groupe avait parfois su aprécier l’album pour ce qu’il était, avant de lâcher le morceau sitôt après le suivant, Last Night , qui en revenait quelque peu aux sonorités des albums précédents mais n’a pas bénéficié du même succès. Aujourd’hui, His Name Is Alive est donc presque totalement tombé dans l’oubli de ce côté-ci de l’Atlantique, et à entendre l’électronia intimiste de Detrola , sorti l’an dernier dans la confidentialité mais vanté par David Bowie ou notre confrère d’outre-Atlantique Pitchforkmedia, on ne peut que le regretter. Espérons, même si l’on n’y croit pas beaucoup, que le nouvel album du groupe, XMMER , tout juste sorti aux Etats-Unis, sera bientôt distribué en France et lui permettra de renverser un peu la tendance...


( RabbitInYourHeadlights )

Disques - 19.09.2007 par RabbitInYourHeadlights