The Bird and the Bee - Carnegie Hall (New York)

le 7/03/2009

The Bird and the Bee - Carnegie Hall (New York)

Il flottait comme un air de printemps précoce sur New York en ce second week-end de Mars. Bloquée sous la neige depuis le début la semaine, Big Apple a vu le soleil apparaitre avec bonheur. Famille, enfants, joggeurs et... écureuils ont envahi Central Park et les rues de la ville en ce dimanche 7 mars. Et comme pour oublier définitivement la grisaille de l’hiver, The Bird & the Bee, le duo rétro-pop star de la rentrée dans nos pages, découvrait la mythique salle du Carnegie Hall.

Impressionné par le lieu chargé d’histoire et ses portes monumentales bien que très sobres, on entre dans ce « multiplex de la musique », composé de plusieurs salles dédiées tantôt à la pop ou au classique. Avec un quart d’heure de retard sur l’horaire, Inara Georges et Greg Kurstin accompagnés de 3 charmantes choristes prennent possession de la scène préalablement décorée aux couleurs du splendide Ray Guns are not Just the Future . On n’aura pas d’apéritif et c’est peut-être mieux comme ça.

Victime de la semaine polaire que vient de vivre la côte est des États-Unis, la ravissante Inara, qui affiche ce soir une robe à pois très sexy et une coupe sixities qui colle parfaitement à l’ambiance, nous annonce d’entrée qu’elle a une grippe. Mais n’ayons aucune crainte elle n’a « aucun mal avec les aigus » et après avoir eu le choix entre « prendre des médicaments et se saouler » elle a préféré la seconde option qui l’a anesthésiée. Dès le diptyque Fanfare/ My Love inaugural doublé de handclapping charmeur, tous nos doutes sont balayés. Le son est parfait et la voix d’Inara a pris un petit côté écorchée vive qui rappelle une Pj Harvey période Dry , tout en gardant ses particularités que l’on apprécie tant. Le déjà éternel Again and Again, réveille un public trop hypnotisé par le magnétisme de la Dame.

Dans cette salle aux dimensions humaines pleine à craquer - 2.000 places nous confiera t-on – le contact entre les artistes et le public est grandement facilité, surtout pour l’étage inférieur et son étonnante proximité avec la scène. Dans ce contexte les échanges fusent, pétillants et vifs et on découvre en Inara une personnalité joueuse et très drôle, plus pétillante que jamais. Les intermèdes entre les morceaux s’étirent souvent sur plusieurs minutes. Ainsi, on apprend que Diamond Dave est tiré de leur rencontre avec Van Halen. Curieux et absurde. Comme l’humour déployé ce soir par le groupe. Car The Bird and the Bee, on a tendance à l’oublier en ce début de soirée, est un duo et ce morceau va nous le rappeler. Pour la première fois de la soirée, on prend conscience que le jeu de clavier, déjà impeccable sur disque, est ce soir repensé, complexifié et magnifié grâce aux talents de multi-instrumentiste de Kurstin.

Avant le délicieusement sexy Fucking Boyfriend, Inara prévient que jusqu’ici « c’était romantique et charmant » mais que ça va devenir « totalement ridicule ». Pas tant que ça et la salle se prend même à chanter en chœur le refrain (« Would you be my, would you be my fucking boyfriend ? ») à la demande du groupe. Meteor qualifiée de « disco-song » est en revanche jouée à l’identique que sur disque au contraire du parfait Ray Gun interprété dans l’intimité avec le piano de Kurstin et la voix d’Inara. Si le résultat est plus qu’honnête, on peut en revanche s’interroger sur la pertinence d’un tel choix. A quoi bon repenser un morceau parfait, le plus beau de ce début d’année ?

Parfaite comédienne, Inara est géniale dans le rôle de la petite fille boudeuse sur un I’m a Broken Heart dont l’interprétation est proche de la comédie musicale tandis que le clavier lui donne des accents cabaret. Le fabuleux Birthday est dédié aux personnes nées en ce jour. Toute la salle finit par lever la main quand Inara demande qui fête son anniversaire aujourd’hui afin de se faire dédicacer la chanson.

Le concert va alors se transformer en sans-faute. L’ensorcelant Witch va prendre une dimension incroyable. Les lumières sont tamisées, la salle tétanisée. Inara est hypnotisante et Kurstin se lance dans une improvisation monstrueuse au piano dont l’intensité va monter croissante jusqu’à laisser le public cloué sur sa chaise. Superbe. A tel point qu’Inara lâchera un « Stop it Greg ! You’re upstaging me ! » qui en dit long. Changement radical d’ambiance avec le très kitch mais irrésistible Love Letter to Japan qui confirmera la puissance scénique que l’on lui prédisait à l’écoute du disque. Le génial Polite Dance Song fera se lever la salle qui dansera sur son rythme endiablé pendant de longues minutes. Rideau, le duo et ses choristes se retirent. Le monde pourrait presque s’arrêter.

Le groupe reviendra finalement pour une anecdotique reprise, la deuxième de la soirée, des Bee Gees, le cultissime How Deep is your Love ? bien moins ridicule que dans sa version originale. Le duo cultive décidément le goût de l’ironie. On sort par la même porte que deux heures plus tôt. Dehors, un agréable 15 degrés nous attend et nous fait prolonger la soirée le long de Broadway, des étoiles plein la tête. « Would you be my fucking girlfriend ? »


( Casablancas )

 


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