Courtney Barnett & Kurt Vile - Lotta Sea Lice

Sometimes I Sit And Think, And Sometimes I Just Sit est un disque aussi percutant qu’inspiré, qui a permis à Courtney Barnett de s’affirmer dès son premier album comme l’une des songwriters les plus douées de sa génération.

1. Over Everything Voir la vidéo Courtney Barnett & Kurt Vile - Over Everything
2. Let it Go
3. Fear Is Like a Forest
4. Outta the Woodwork
5. Continental Breakfast
6. On Script
7. Blue Cheese
8. Peepin’ Tom
9. Untogether

date de sortie : 13-10-2017 Label : Marathon Records

Kurt Vile ne s’y est pas trompé. Le fondateur de The War On Drugs a d’abord partagé la scène avec l’Australienne avant de pousser la collaboration jusqu’à la réalisation d’un disque commun. Lotta Sea Lice est donc celui-ci, et il évite les principaux écueils dans lesquels sombrent souvent les super-groupes.

Certes, bien que des artistes aussi talentueux que Mick Harvey ou Stella Mozgawa (Warpaint) aient participé à l’enregistrement de ce disque, il ne s’agit pas véritablement d’un super-groupe. Pour autant, en unissant deux songwriters de talent qui refusent d’utiliser un pseudonyme et signent l’album de leurs noms d’artistes respectifs, le duo anglophone n’a pas cherché à avancer masqué.

Et il a bien raison tant les neuf compositions qu’il propose sont solides. En quelques mots, Kurt Vile et Courtney Barnett ont les moyens de leurs ambitions et l’éventuel et relatif emballement qu’il suscitera auprès de la presse indépendante ne sera pas injustifié. Le secret de cette réussite ? Son aspect humble, assurément.

Là où Courtney Barnett brillait par une rage électrique post-grunge sur son premier LP, c’est l’apaisement qui domine ici. Il ne peut y avoir la moindre triche avec ces compositions acoustiques sans apparats excessifs. Le caractère dépouillé de ces titres est assez déroutant et assurément, c’est le registre de Kurt Vile qui est le plus ouvertement exploité sur ce disque.

Entendons par là que cette folk parfois électrique correspond davantage au répertoire de l’Américain. Pour autant, Courtney Barnett est loin de ne faire que de la figuration. L’identité musicale de l’Australienne apparaît clairement, et sa voix autant que les quelques embardées électriques auxquelles elle voue une affection particulière empêchent souvent toute monotonie d’émerger.


Aussi, lorsque Kurt Vile revisite le Out Of The Woodwork présent sur l’EP How to Carve a Carrot Into a Rose de 2013 dans une version transfigurée où sa nonchalance perce, les chœurs d’une Courtney Barnett évoluant dans un registre proche de celui de la PJ Harvey de Dry ou To Bring You My Love raisonnent encore et encore. La comparaison avec la Britannique est usée jusqu’à la moelle, mais pourquoi la passer sous silence tant elle est évidente ? Quoi qu’il en soit, alors même que l’exercice consistait à ce que l’Américain reprenne et s’approprie l’un des morceaux de son répertoire – ce qu’il parvient à faire – le charisme de Courtney est trop important pour rester dans l’ombre.

Cela ne signifie pas pour autant que l’Australienne prend toute la place, loin s’en faut. Revisitant à son tour un titre du répertoire de son compère – Peepin’ Tomboy – cette fusion gagnante émerge de nouveau. De quoi donner des arguments à ceux qui aiment répéter – parfois sans y comprendre quoi que ce soit – qu’un et un font trois.

Parmi les sept titres composés pour l’occasion, il convient d’évoquer Continental Breakfast et sa candeur guillerette empruntant presque ses accords cristallins à Mark Oliver Everett, la rythmique entraînante du single Over Everything, la douce complétude de Let It Go ou le spectre du versant apaisé de J Mascis surplombant un Blue Cheese qui mérite d’être réécouté pour délivrer toute sa splendeur.

Courtney Barnett et Kurt Vile parviennent de manière extrêmement habile à additionner leurs talents de songwriters et d’interprètes sans jamais chercher à absorber toute la lumière. Chacun des musiciens est trop respectueux du talent et de l’univers de son compère pour céder à cette tentation, et ils ne tombent pas pour autant dans l’écueil inverse, celui d’un trop grand respect qui annihilerait toute créativité. Ils osent et s’amusent, montrant que la complicité apaisée peut bien exister entre un Kurt et une Courtney...

Chroniques - 13.10.2017 par Elnorton
 


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