Top albums 2022 - La sélection du Crapaud

En l’an de graisse 2022, j’ai dû découvrir environ un artiste par semaine et écouter presque autant d’albums qu’il y a de jours dans l’année. Certains m’ont marqué, peut-être à vie, d’autres sont immédiatement tombés dans l’oubli. À l’heure où les bilans pleuvent, c’est de saison, j’ai fait le point sur ce qui a compté pour moi parmi toutes ces écoutes, heureuses ou malheureuses. J’en ai gardé 22.

Parce qu’ils ont vibré plus que les autres dans mes écouteurs, parce qu’ils m’ont transporté ailleurs ou quasi fait pleurer, parce qu’ils ont un son qui déboîte ou parce que personne ne les connaît, voici les disques que j’ai sélectionnés. Certains ont déjà pu trouver une place dans nos colonnes (souvent dans nos tops albums mensuels), d’autres seront cités pour la première fois, en tout cas, presque tous sont ignorés de la presse dite spécialisée (spécialisée en quoi d’ailleurs ?). C’est ce qui me pousse à en parler. J’espère que vous trouverez de quoi vous sustenter pour bien digérer 22, avant d’avaler 23.



1. The Bad Plus - The Bad Plus
Clairement un des albums qui ont le plus tourné cette année chez moi et un des meilleurs de The Bad Plus. Une tuerie post-jazz qui marque le renouvellement d’un groupe imprévisible, qui un peu comme le phoenix (mais rien à voir avec le groupe du même nom) mais en mieux, renaît avant de mourir.

Chronique un peu plus longue à lire dans le top du mois de septembre.



2. Birds In Row - Gris Klein

Du post-hardcore mayennais qui rivalise sans problème avec les meilleurs groupes de screamo ricains. Du boucan bien calibré pour chanter à s’en époumonner la douleur d’être vivant dans un monde mourant.

Chronique un peu plus longue à lire dans le top du mois d’octobre.



3. Emilie Zoé - Hello Future Me

Bon, bah voilà, elle je l’adore, sans plus d’argument. Tout ce qu’elle touche est beau. Elle joue un folk-rock assez classique dans la forme, seulement accompagnée d’un batteur, et ça butte. C’est simple sans être banal, brut sans être brutal, c’est sincère et plein d’émotion. Il faut l’écouter à fond !
Et comme c’est une artiste débordante, elle a prolongé cet album d’un EP en fin d’année, tout aussi bon.

Chronique un peu plus longue à lire dans le top de févirer/mars.


4. Enablers - Some Gift

Groupe qui existe depuis vingt ans, d’abord organisé autour de la déclamation de poèmes par Pete Simonelli, il est devenu un groupe de noise rock incontournable. Posé, jazzy, narratif et torturé, Enablers a creusé un sillon original dans lequel le quatuor s’épanouit sans jamais décevoir. Ce bien nommé Some Gift confirme la classe et le talent de ces américains pour offrir des ritournelles brillantes et saturées, mélodieuses sans chanter. Un sommet.



5. Olanza - Olanza

Power trio de rock instrumental, Olanza envoie les décibels sur un mode noise et mathématique, propre sans être strict. Ils écrivent leurs morceaux comme on fait un puzzle, en faisant coïncider les riffs, à la fin, chaque fragment disparaît dans le bloc, massif et imparable. La claque.

Chronique un peu plus longue à lire dans le top du mois de mai.



6. Big Thief - Dragon New Warm Mountain I Believe In You

La musique folk et gentiment rock américaine comme on la fait depuis les années 60, avec Joan Baez, Neil Young ou plein d’autres, mais avec ce soupçon d’élégance unique dont le quatuor Big Thief s’honore depuis cinq albums. Plein de délicatesse et d’inventivité, ce double album est quasi inépuisable, en tout cas, pour moi, à l’heure actuelle, il est encore inépuisé.

Lire aussi la chronique de Rabbit dans son top albums perso.


7. Oren Ambarchi / Johan Berthling / Andreas Werliin - Ghosted

Un disque qui n’a pas arrêté de tourner chez moi, il m’a ensorcelé ! Avec ces motifs de basse répétitifs, sa guitare lancinante s’entortillant parfois dans quelques sonorités épicées, et sa batterie nonchalante, cet album de jazz fantomatique vous travaille au corps jusqu’à le faire frétiller, dodeliner et enfin, jubiler. Le guitariste Oren Ambarchi et ses acolytes toujours bien choisis maîtrisent l’art du rythmé/plané, une vieille technique de funambule, dont chaque pas semble porté par une ferveur magique.
Là encore, un artiste débordant, puisque le guitariste a proposé un autre album de quatre longs morceaux dans l’année, avec un personnel de luxe, dont on vous a parlé ici.



8. Baptiste W. Hamon - Jusqu’à la lumière

Coup de cœur un peu tardif que je n’ai même pas partagé avec mes collègues rédacteurs tant cet album m’a touché personnellement, tant j’ai l’impression que ce beau brun ténébreux à la voix profonde s’adresse directement à moi, dans ses chansonnettes désuètes, parfaitement ficelées et merveilleusement arrangées par le producteur John Parish (PJ Harvey, Eels, Arno, Tracy Chapman, etc.). Allez, vite-fait, je vous raconte l’histoire. J’ai découvert le morceau Jusqu’à la lumière, sur France Inter (!), dans une émission sur l’inconscient. Touché par le récit du thérapeute qui présente l’émission, j’ai été totalement bouleversé quand cette chanson a résonné. Je me suis alors demandé qui était ce troubadour francophone des années 70 dont je n’avais jamais ouï ni le timbre ni la plume. J’ai cherché et j’ai trouvé Baptiste W. Hamon. Non pas un vieux canadien ignoré, un petit français qui s’élève. Le chanteur n’en est pourtant pas à son coup d’essai. Mais il touche, avec cet album et ses arrangements magistraux, au sublime, et côtoie l’aura de Leonard Cohen, le flegme de Graeme Allright, la poésie de Julos Beaucarne. Un album à boire et à pleurer sans modération !



9. Yonatan Gat - American Quartet

S’il n’y avait pas eu derrière les fûts ce doux-dingue de Greg Saunier, colonne vertébrale tordue des Californiens de Deerhoof, je n’aurais sans doute pas découvert le talent de Yonatan Gat, et si ça n’avait pas été par ce projet complètement lunaire, je ne me serais peut-être pas davantage intéressé à ce guitariste génial. Quel projet ? Celui de reprendre avec une formation rock (batterie, basse, orgue, guitare) des quatuors à cordes d’Antonin Dvořák. L’idée de base, si j’ai bien compris, était que chaque musicien lise la partoche d’un des quatre instruments et l’adapte pour le sien. Mais avec un Yonatan Gat autodidacte, qui ne lit pas la musique et réinterprète tout à l’oreille, et un batteur incontrôlable, adepte de l’improvisation débridée, un bassiste et un claviériste par ailleurs virtuoses, cela ne pouvait pas rester qu’un projet un peu bancal sur le papier. C’est devenu un album de rock instrumental d’une originalité folle, aux progressions inouïes, aux mélodies rares, aux ruptures détonantes, aux harmonies miraculeuses. Du rock comme vous ne l’avez jamais entendu : inspiré du classique, mais qui n’a rien du Classic Rock !



10. Alabaster DePlume - Gold

Auteur il y a deux ans d’un magnifique To Cy & Lee : Instrumentals Vol. 1, tout en vibrantes atmosphères vaporeuses, le saxophoniste londonien Alabaster DePlume est revenu avec un album colossal, protéiforme, et pour tout dire, magistral. En plus d’une voix chaude et envoûtante que le Londonien nous dévoile, on retrouve ces fameux trémolos de sax si peu académiques, ces ambiances aériennes, portées par des chœurs élégiaques, et les copains du label International Anthem (notamment Tom Skinner à la batterie, décidément sur tous les fronts, et pas n’importe lesquels, puisqu’il est le nouveau batteur de Radiohead, heu.. ; pardon, de The Smile... et qu’il est également auteur d’un excellent album solo cette année). L’indiscipline de ces artistes interdit d’en parler avec des mots déjà usés. De quel style de musique parle-t-on ? Du jazz ? pfff, le mot est faible. Il s’agit d’un crossover-tout sans patrie ni frontière insufflé par un poète des sons au sommet de son art.



11. Mamaleek - Diner Coffee

Du black metal d’où viennent ces énergumènes enragés, il ne reste qu’un raclement de gorge rocailleux, une atmosphère lugubre et quelques riffs dans le brouillard. Car depuis quelques albums, plus rien n’arrête les Californiens dans leur aventure de déconstruction du métal, découpé à la hache. Venez prendre un café avec les frères Mamaleek dans leur cabaret gothique où vous croiserez peut-être Tom Waits, David Lynch ou Fantomas...

Chronique un peu plus longue à lire dans le top du mois de septembre.



12. Wu-Lu - Loggerhead

Wu- Lu, c’est une ambiance. Un rap poisseux. Lent. Noisy. Mais pas à la façon de Dalëk, plus planant. Et des morceaux plutôt courts qui ne commencent jamais, qui restent toujours suspendus à un lâcher prise impossible, une tension toute en retenue. Avec cette batterie qui perfore, balancée par le batteur de Black Midi, ainsi que les saillies du guitariste du même groupe. On ne sait pas trop où on est. On ère entre un r’n’b caverneux, de l’anti-trap futuriste et du néo-métal façon début 2000. Grand écart improbable. C’est avec Times que ce dernier style se concrétise franchement, pour un des morceaux les plus réussis de l’album à mon avis, un de ceux qui décollent vraiment, quand la plupart font un drôle de surplace. Est-ce le rap du futur ou notre passé récent reflété par un miroir déformant ? En tout cas, ça vaut le détour !



13. Che Noir - Food For Thought

Son nom déjà est tout un programme. Che Noir est une rappeuse qui compte bien faire entendre sa voix pour prolonger l’empowerment de tout un peuple. Entre egotrip spiritualo-positiviste (au sens de la psychologie positive, en gros : crois en toi et le ciel t’aidera) et constats sociologiques amers et réalistes, le flow est clair, posé, articulé. Bien qu’elle suggère d’en bouffer, Che Noir ne mâche pas ses mots. Les instrus, classieux, à base de boucles old school et de beats duveteux, produisent l’effet attendu : la tête balance d’avant en arrière. Et si d’aucuns se sentaient frustrés par la brièveté de l’album, comme Riton dans sa chronique du mois de janvier, l’Américaine a fourni de quoi combler ce manque avec un EP touffu et tout aussi réussi en fin d’année. De la pensée à déguster sans modération.


14. John Zorn - Multiplicities : A Repository of Non-Existent Object

Avec John Zorn, on n’est jamais complètement perdu. Les albums se suivent et se ressemblent, mais c’est pas grave ! Il y a toujours au fond d’eux cette liberté authentique, ces compositions savantes et presque impossibles, interprétées par des virtuoses qui connaissent l’esprit du maître depuis des années. Ici, les musiciens les plus fidèles, le premier cercle, l’ensemble Chaos Magick avec John Medeski, Brian Marsella, Matt Hollenberg, et Kenny Grohowski, traduit en sons la pensée de Gilles Deleuze (enfin, vaut mieux le savoir avant, parce que ce n’est pas évident...). Des aphorismes dodécaphoniques et jazz-rock, des ruptures inattendues, un gros riff de métal par-ci, une musique d’ascenseur par-là, et toujours, au loin cet écho klezmer qui transparaît à peine. Le Zorn en grande forme quoi !



15. Dominique A - Le Monde Réel

Une petite place pour ce daron de la chanson française dont la classe inébranlable traverse sans vaciller les modes et les années. Un album qui nous plonge dans un univers apocalyptique où des post-humains nous regardent sombrer avec ennui. Crypto-écolo et tellement beau !

Chronique un peu plus longue à lire dans le top du mois de septembre.



16. Designers - Designers

Porté par le contrebassiste Joachim Florent (Jean Louis, Imperial Quartet, Metal-o-phone, Radiation10 et autres collaborations prestigieuses...), ce nouveau projet inspiré par les équilibres impossibles de l’architecte et photographe Filip Dujardin se veut une exploration musicale d’un design incongru, strictement imaginaire, qui transperce le banal d’organismes surréalistes. Ce qu’il en ressort, un album de jazz qui transfigure la célèbre formule piano/basse/batterie, en empruntant autant le canal historique tracé par les incontournables trios de Bill Evans ou de Keith Jarrett, que le sillon récent, mâtiné de post-rock, des The Bad Plus, E. S. T. ou encore, dans une veine plus électro, GoGo Penguin. Mais Designers tire son originalité d’une écriture savante et inspirée, tantôt onirique et lumineuse, d’autres fois terre à terre, sautillante comme une cavalcade de chevaux sauvages. Le pianiste finlandais Aki Rissanen s’approprie les partitions, les avale goulument et les recrache vivantes et chaudes sur le bout de ses doigts. Quant au batteur australien Will Guthrie, dont j’avais déjà pu apprécier l’œuvre solitaire en live il y a quelques années, et que l’on croise régulièrement dans de multiples projets bizarres et toujours intéressants, il donne à cet album une assise rythmique fiable et néanmoins protéiforme, contrôlée et flamboyante. Un album dont la profondeur suscite la méditation et le respect, jusqu’à son final jouissif, le morceau White Keys, à la cadence vive et contagieuse.



17. billy woods - Aethiopes

Moitié du duo Armand Hammer, billy woods continue de tracer son chemin, entre revendication tribale et quête d’identité personnelle, exprimées dans un flow lent et déterminé, sur des instrus presque sans beat, inquiétants, sinueux, avec cette fois, des sonorités qui évoquent le spritiual-jazz éthiopien. La rap attitude authentique, sans bla-bla ni bling bling.

Chronique un peu plus longue à lire dans le top du mois d’avril.



18. Ockham’s Blazer - Ockham’s Blazer

"Né de la rencontre entre le projet du MC Premrock et du producteur Fresh Kils avec le groupe autrichien Praq !, Ockham’s Blazer est la fusion d’une fusion entre un rappeur bouillant et un quatuor ardent. Le premier, adepte d’un rap cérébral, le partenaire de route de toute l’avant-garde indé de la scène hip-hop nord-américaine, et les seconds, artisans discrets d’un jazz hybride aux accents prog et électro, produisent une alchimie qui révèle ses charmes en crescendo."

La suite dans le top du mois d’avril.



19. Dälek - Precipice

Huitième album pour le duo constitué de MC Dälek et de Mike Mare et toujours cette rage sourde compactée dans une musique dense où la guitare saturée, souvent monocorde, larsenant sans cesse, trône en maîtresse sur des beats dépouillés, assurés, lourds. Les mots du MC sont toujours aussi aiguisés et le flow tempétueux. L’apparition discrète du guitariste de Tool (Adam Jones) accentue la teinte métallisée de cette œuvre monolithique. Un très bon cru.

Chronique un peu plus longue à lire dans le top du mois d’avril.



20. Tim Bernardes - Mil Coisas Invesiveis

De la bosse nova ? Et pourquoi pas ! Il n’y a pas que des précurseurs d’apocalypse au Brésil. Il y a aussi de ces artistes lunaires, hors du temps, des modes et des saisons. Mil Coisas Invesiveis est un disque lumineux qui m’a accompagné tout l’été (autant pour les apéros que pour la sieste), Tim Bernardes y chante, dans cette langue si sensuelle, la fatalité d’être là, dans un corps fait pour se décomposer, entre la naissance et la mort. Mais il ne s’agit pas de se morfondre dans une mélancolie noire. Au contraire, l’album oscille entre joie et nostalgie (la fameuse "saudade"), légèreté et gravité. Écoutez en priorité Olha, sublime ballade à l’orchestration majestueuse, dont la grâce peut rappeler les meilleurs moments des Beach Boys. L’écriture, la composition, la production, les arrangements chiadés, tout est l’œuvre de ce trentenaire totalement maître de son art et prodigieusement sensible.


21. Selen Peacock - Horizon Fondu

Ce quintet est un des secrets les mieux gardés de l’est parisien. Espérons qu’il ne le reste pas ! Horizon Fondu, troisième album du groupe et premier chanté exclusivement en français, développe l’espace imaginaire ouvert avec le déjà magnifique Grand, sorti cinq ans auparavant. Ici, le contraste est vif entre la naïveté des paroles, inspirées par le voyage, la vie urbaine, des instants de vie captés au caléidoscope et de l’autre une pop jazzy tantôt cérébrale, tantôt sensible, impulsive, mais toujours splendide. L’amalgame poétique rappelle les rêveries lointaines des précurseurs Higelin, Areski et Fontaine, sublimées par une production impeccable où chaque son pose sur l’oreille un duvet confortable, propice à la lévitation (à laquelle nous invitent, dans leur errance, les voix de L’hésitation). Un album parfait pour sucrer vos dimanches !


22. Esmerine - Everything Was Forever Until It Was No More

Pour finir, levez les yeux et plongez un peu vos oreilles dans une dernière merveille signée Constellation. Un disque sublime et calme, aérien, atmosphérique, lent mais pas chiant, où les thèmes lumineux, emmenés par des cuivres et des cordes, s’élèvent avec grâce, portés par des percussions discrètes et disparaissent dans des aplats majestueux.

Chronique un peu plus longue à lire dans le top du mois de septembre.



Bonus


Et quand y en plus, y en a encore ! Pour les plus gourmands qui se sentiraient frustrés de n’avoir que 22 albums à se mettre sous la dent, on peut facilement prolonger la liste jusqu’à 30 (il faut bien s’arrêter quelque part) ou aller se plonger dans la vertigineuse sélection de Rabbit :

23. Petrol Girls - Baby
24. Chapelier Fou- Ensembl7e
25. Don Bolo - Bahamut
26. Tvivler - Kilogram
27. Danger Mouse & Black Thought - Cheat Codes
28. Schleu - Lying In The Wrong Coffin
29. Boolvar - Gros Canard
30. Précipité - Naufrages



Copinages et auto-promo


Enfin, comment résumer cette année sans parler de tous ces objets sonores que je vois fleurir autour de moi, pour lesquels je suis parfois juge et partie, mais qui méritent autant que les autres d’être répertoriés dans un bilan des choses qui comptent :

On peut déjà tendre l’oreille vers ce que proposent les membres de la rédaction (publié notamment sur le label maison : IRM Netlabel). Ce qui offre déjà plusieurs heures d’écoute de musique qui refuse tout académisme : il y a bien sûr la pléthorique production de Rabbit AKA Konejo, dont l’abstract hip-hop bancal fait de collages et de bidouillages synthétisés puise dans une bande-son cinématographique encyclopédique, ou Aries Death Cult, le projet qu’il mène avec le New-Yorkais Eddie Palmer qui a sorti en octobre son album le plus abouti (à mon avis). On peut également se tourner vers l’électro warpienne de Valgidrà, dont les ambiances rappellent les grandes heures de Boards of Canada.
Et puis, il y a la famille, les potos avec qui je bricole des petites chansons ou des albums inaccessibles : Monsieur Saï d’abord, qui a sorti avec le beatmaker Haunted Days un de ses albums les plus intimes, sur des instrus old school à l’évidente qualité. Une claque rap qui vous laisse une boule au ventre et la larme à l’oeil. Le camarade Sooolem qui sort, chez Mauvais Sang (le label fondé par le précédent) un album torturé qui nous plonge dans les méandres mentaux d’un chômeur abandonné à lui-même et à ses démons. Philippe Neau qui poursuit sa création de paysages sonores en parallèle de son activité picturale et avec qui on prépare de nouvelles choses pour notre projet CollAGE D. Le copain Jean-Michel AKA Koala, guitariste chez Le Crapaud et La Morue, qui a sorti son premier album solo cette année, un post-rock de chambre délicat et aérien. Enfin, il y a cet EP que nous avons sorti avec une moitié du Crapaud et La Morue, en piochant dans les archives de nos instrus laissés sans voix : un long morceau d’abstract hip-hop où les collages sonores se chevauchent et proposent un voyage irréel dans des zones urbaines en travaux. Un EP pour liquider les stocks avant de revenir en 2023, au complet, avec des nouveaux morceaux de rock à la sauce sarthoise !

Sur ce, que 2023 vous saisisse par le haut, par le bas, par les oreilles, par tous les trous, et vous transforme en la personne que vous souhaiteriez être si vous n’étiez pas si fainéant et tellement vampirisé par le rythme que vous impose l’organisation sociale injuste de la vie actuelle !


Articles - 15.01.2023 par Le Crapaud