Top albums - octobre 2020

Beaucoup d’albums, peu de disponibilité, mais un besoin irrépressible d’en mettre en avant quelques-uns qui devraient nous accompagner jusqu’à la fin de cette étrange année. Comme souvent dans ces classements mensuels auxquels on s’accroche malgré notre procrastination contrainte et forcée, il y en aura un peu pour chacun, beaucoup pour les plus curieux, et plus encore à explorer dans les sélections individuelles des rédacteurs, nos photographies personnelles d’une actualité paradoxalement ultra-chargée, comme si la création musicale forcenée était devenue le dernier refuge en ces temps troublés.




Nos albums du mois d’octobre



1. Convulsif - Extinct

" Extinct, nouvel album de Convulsif (le premier chez Hummus Records) accompagne idéalement les circonvolutions brutales de notre époque pour le moins incertaine. Violon, clarinette, basse, batterie et électronique continuent à s’en donner à cœur joie et façonnent un maelström furieux et menaçant où se mêlent toujours des petits bouts de tout un tas de choses. Au fur et à mesure des morceaux, grind, noise, ambient, drone, metal, jazzcore et j’en passe s’emberlificotent pour un rendu systématiquement différent.
Extinct sonne un poil plus spontané et moins cadenassé qu’auparavant. Les Suisses n’ont pas non plus ouvert les fenêtres en grand mais ménagent désormais quelques subtiles aérations dans leur monolithe noir. La clarinette de Surround The Arm Of Revolution dessinant une mélodie, la basse esseulée et presque groovy, Swanesque, qui ouvre l’impressionnant The Axe Will Break et tout un tas d’autres moments où l’apaisement met en exergue le chaos environnant montrent bien l’épaississement en cours.
Comme les titres des morceaux, cut up du Voyage du Beagle de Darwin, la musique de Convulsif apparaît plus que jamais comme un cut up de tout ce qui se fait de plus saisissant en matière de musique extrême. En apprivoisant son chaos, le groupe le rend tout simplement encore plus chaotique. Grand !"

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(leoluce)


2. Vieo Abiungo - At Once, There Was No Horizon

Après l’excellent The Letdown aux accents plus jazzy qu’à l’accoutumée et aux atmosphères rétro de film noir tantôt truculent ou hanté - bien qu’y affleure par moment cette ambient mystique et primitiviste chère au multi-instrumentiste américain -, William Ryan Fritch renoue sur At Once, There Was No Horizon, défendu comme souvent par l’excellent label Lost Tribe Sound, avec les épopées tribales élégiaques aux instrumentations ethniques (toute une panoplie de cordes, vents et percussions asiatiques et africains notamment) mais aux sensations presque orchestrales de son alias Vieo Abiungo, sur des titres inhabituellement longs aux compositions mouvantes et d’autant plus passionnantes. Clairs-obscurs et pétris de mystère, ces 6 instrumentaux prennent leur temps, travaillant cet impressionnisme des harmonies et des textures jusqu’à ce que s’extirpe enfin des ténèbres de la psyché ce lyrisme attendu qui n’en devient que plus poignant, à l’image du climax lancinant du génial Unfulfilled Promise et de sa redescente douloureuse de résignation, ou du final d’un Empty Heroics distillant espoir et détermination, un hymne idéal pour l’étrange période que nous vivons.

(Rabbit)


3. Autechre - SIGN / PLUS

Qu’écrire encore sur Autechre ? Un chef-d’oeuvre, deux chefs-d’oeuvre, trois chefs-d’oeuvre, quatre, cinq et même, allez, six ne serait-ce que durant la précédente décennie, les derniers tenants du génie d’un label Warp moribond (avec Leila, qui se fait rare) n’ont jamais cessé de creuser brillamment leur sillon toujours cohérent mais toujours différent, organique et subtilement mutant, peut-être plus vivant, vivace et indémodable qu’aucune autre musique électrique à l’exception peut-être de celle de leurs cousins floridiens de Phoenecia. Sign et Plus, albums respectivement plus ambient et plus dynamique, un tantinet plus "légers" peut-être que leurs prédécesseurs - mais est-ce vraiment un mal ? -, ne dérogent pas pour autant à la règle et charrient sous leurs apparences absconses pour certains allergiques des trésors de lyrisme malade, de psychose ludique et de dysrythmie métamorphe sur des morceaux où les textures cyber-somatiques continuent de faire bon ménage avec des beats extra-terrestres et des harmonies paradoxalement aussi malaisantes que réconfortantes selon l’humeur avec laquelle on les aborde.

(Rabbit)


4. Drew McDowall - Agalma

Ex Coil du mileu des 90s au début des années 2000 et collaborateur ponctuel de Psychic TV, le multi-instrumentiste écossais Drew McDowall explore discrètement depuis une direction expérimentale et singulière, qui laisse une grande part au modulaire et prend la forme sur Agalma d’élégies dronesques aux éclats d’instrumentations synthétisées, au-dessus desquelles planent chœurs mystiques et vapeurs lancinantes sur des lits de beats arythmiques et de percussions étouffantes. C’est assez étrange, hypnotique et très beau, par moments totalement cauchemardé (Abandoned Object), à d’autres merveilleusement onirique, ample et épuré (Agalma I, Agalma III), souvent intense et habité (sur Agalma VI en particulier), rarement mais parfois tout de même sur le fil du mauvais goût (les vocalises autotunées d’Agalma VII) mais toujours aventureux, jamais tiède, en un mot captivant.

(Rabbit)


5. Goldmund - The Time It Takes

Avec The Time It Takes, Keith Kenniff renoue avec la grâce des arrangements de All Will Prosper, son chef-d’œuvre néoclassique publié il y a près d’une décennie. L’Américain retrouve cette puissance implicite qui pouvait faire défaut à ses précédents enregistrements et, si les ombres de Max Richter et Ólafur Arnalds planent toujours sur ce disque, l’album intègre également une dimension ambient que Goldmund décline régulièrement sous l’alias Helios. Dans ces ponts entre ses différentes orientations musicale réside probablement la richesse de The Time It Takes, pépite néoclassique ambitieuse.

(Elnorton)


6. Dodie Manta - Us vs. Them

"Avec Us Vs. Them, de multiples détails permettent à Dodie Manta de ressusciter certaines ambiances d’arcade en vogue à la fin des années 80 (Energy Walls). Le beatmaker revendique cette influence - discrète, rassurons les réfractaires au genre - qu’il noie sous une avalanche de samples abrasifs et de beats endiablés. Ses précédents enregistrements étaient bruts, ancrés dans le sol et ce nouvel album ne trahit pas cette tendance, le lourd beat du Big Daddy introductif le confirmant d’emblée. Toutefois, la présence de synthétiseurs modulaires confère un caractère plus aérien, voire planant, que seul Fragmented Memories avait pu tutoyer par le passé. Intégrer cette dimension céleste à ce boom-bap qu’il maîtrise désormais habilement ressemble à une vraie bonne idée. Dodie Manta se renouvèle autant qu’il nous régale : Us Vs. Them est un disque ambitieux, inspiré et dont l’écoute ne requiert aucun autre effort que celui de se laisser porter par cette vague qui absorbe tout sur son passage."

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(Elnorton)


7. Homeboy Sandman - Don’t Feed The Monster

En s’ouvrant avec Trauma, le nouvel album de Homeboy Sandman nous plonge d’emblée dans la psyché torturée de ce MC originaire du Queens. Entièrement produit par Quelle Chris, décidément prolifique cette année, ce deuxième LP enchaîne les boucles groovy, parfois empreintes d’imaginaires cinématographiques ou télévisuels. Les instrus se tiennent en retrait, sans asséner de beat puissant, mais plutôt en créant des ambiances, pour laisser bien en évidence, sur le devant de la scène, le flot blasé et nonchalant du rappeur new-yorkais. Si l’album nous plonge régulièrement dans le tourbillon existentiel qui ne cesse d’agiter le crâne glabre de Homeboy Sandman (écoutez Stress, Scare You ou Don’t Look Down et sa vidéo sur la lutte contre la peur du vide), c’est surtout son humour décalé et pince-sans-rire qui caractérise cet album. Le morceau Biters constitue sans doute à cet égard le summum du délire.

(Le Crapaud)


8. Thorts131 - Weightlifters

"Issu de la collaboration entre le rappeur australien Thorts et le beatmaker allemand Smokey131, Thorts131 est un projet dont on ignore encore s’il sera éphémère, bien que la qualité du menu proposé nous laisse rêver à une suite. Plus que vers le hip-hop, c’est sans doute du côté du trip-hop que l’on trouvera quelques références pour décrire les quarante-trois minutes d’envoûtement assuré proposé par le natif de l’état de Victoria, de Earthling sur Rock ou Slide au Goldfrapp de Felt Mountain sur le délicieux Shadows, énigmatique et downtempo à souhait. Quant à l’Allemand, ses compositions s’appuient sur des boîtes à rythmes utilisées de manière efficace et, on l’imagine, quelques samples savamment déformés. Qu’elles soient minimalistes ou plus aventureuses, à l’instar d’un Myself When Young mystique, voire quasi-chamanique, ses compositions sont toujours subtiles et servent le propos de Thorts. Espérons que cette parenthèse ne se referme pas dès à présent et, à défaut, qu’elle permette à chacun de bénéficier d’une reconnaissance plus massive."

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(Elnorton)


9. Brycon, G-Pek, Eons One, B.I.Lectric, The Architect, Argonaut, BeatsMe & Fatees - There’s No More Room In Hell 6

La joyeuse bande à Brycon, toujours plus étoffée, revient avec une sixième installation post-hip-hop d’Halloween mêlant groove lo-fi et samples horrifiques. De l’univers aussi théâtral que réjouissant de B.I.Lectric aux collages massifs de G-Pek en passant par les ambiances rétro de BeatsMe, le post-modernisme baroque de DJ Eons One ou le beatmaking cinématographique et métamorphe de Brycon lui-même, l’ensemble est aussi divers que cohérent par son atmosphère et son esthétique sonore, une bonne tranche de cauchemar et de kitsch qui joue à se faire peur, et surtout du bel et bon hip-hop instrumental aux antipodes des canons lisses et aseptisés de nombre de productions actuelles.

(Rabbit)


10. Le Crapaud et la Morue - Que Faire ?

"On connaît déjà Le Crapaud et La Morue, on sait très bien qu’avec eux il faut s’accrocher aux branches et que l’amalgame instable malaxé par les Sarthois est loin d’être une façade. Simplement, tout ce petit monde est ouvert à tout et injecte ses envies et ses trouvailles immédiatement dans ses morceaux. Le risque, c’est de bâtir au minimum un grand fourre-tout sans queue ni tête qui, en plus, pourrait se révéler hideux. Et pas du tout. Que Faire ? se tient. Du début jusqu’à la fin.
Stylistiquement, ça mélange beaucoup de choses disparates (pêle-mêle blues, funk, petits chanteurs à la croix de bois, jazz, prog, noise-rock, kraut, psychédélisme, chorale indienne flippée, etc.) dont je me dis qu’elles n’étaient pas obligées de se mélanger mais en fait, si. Un drôle de disque qui dans le même instant fait grincer des dents et est à l’origine d’un large sourire de contentement sur les lèvres.
Les longues pièces labyrinthiques s’agrafent à des morceaux plus brefs mais pas beaucoup plus carrés. Le mélange y est de mise et ça tombe rarement à côté. Bien sûr, on décèle forcément ici ou là quelques moments auxquels on adhère moins mais ils sont chassés par plein d’autres qui immédiatement prennent leur place : les vagues prog-rock se fracassent contre les parois noise, les incursions vers le jazz se raidissent devant l’ossature kraut, les vents psychédéliques se mêlent aux chants hypnotiques et il en résulte un blues très personnel qui, au bout du bout, se révèle particulièrement prenant."

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(leoluce)


Les meilleurs EPs


1. Dolàn Xakò - Falling Asleep

"Les habitués de nos colonnes ont probablement déjà eu l’occasion de s’intéresser à Dolàn Xakò. Mais il faut bien l’avouer, si les sorties de l’Occitan généraient déjà un entrain sans borne, Falling Asleep constitue probablement son chef-d’œuvre et rappellera à tous les amateurs d’abstract hip-hop que le déclin de RJD2 ou Blockhead ne signifie nullement l’inertie de ce courant. Le Français maîtrise l’art du sampling avec autant de perfection que de gourmandise, cette dernière se révélant particulièrement contagieuse. Les beats sont largement influencés par les pierres angulaires du trip-hop, tandis que les boucles vocales fulgurantes se révèlent rapidement jouissives, d’autant plus lorsque des arrangements de cordes aussi sublimes que ceux du Falling Asleep introductif viennent les soutenir. Cinématographique à souhait, cet EP brasse des influences larges, et les nostalgiques du Furious Angels de Rob Dougan devraient largement trouver leur compte sur Raspberry, de même que ceux de RJD2 (Run)."

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(Elnorton)


2. Grosso Gadgetto - "1984"

Un hommage au roman le plus galvaudé en 2020 sur les réseaux, ça aurait pu sentir la trahison mais pas avec Grosso Gadgetto aux manettes et Sagana Squale à la pochette ! Manifeste d’abstract dystopique aux ambiances de désolation, "1984" manie aussi bien les grosses guitares dissonantes et désespérées ("Fracture") que les samples cinématographiques et hypnotiques ("19h07") mais toujours avec une bonne dose de sincérité, instillant à cet EP une sorte d’urgence hallucinée en total décalage avec la posture distante et moralisatrice des citateurs d’Orwell qui pullulent depuis quelques mois sur la Toile, comme pour nous dire que ce cauchemar visionnaire que nous avons tous l’impression dans ce contexte compliqué de vivre un tantinet ou de voir arriver, autant essayer de s’en échapper plutôt que s’y complaire avec plus ou moins de mauvaise foi.

(Rabbit)


3. OTRNO SLVANI - Disturbing Echoes

Beatmaker aux dents longues (celles de Dracula en sa Transylvanie natale, what else ?), OTRNO SLVANI ne pouvait pas nous laisser sans une bonne perfusion d’instrus noise/hip-hop sanguinolents pour Halloween. Tout aussi évocateur de cauchemars sur grand écran que son prédécesseur estival Layer Shapes, Disturbing Echoes est non seulement plus abouti mais aussi plus radical, flirtant avec les psychoses post-indus beuglantes de The Body (le bien-nommé Dripping Ears), télescopant beat sec et thème cristallin de giallo (Trapped in the Wall) ou mélancolie, synthé gothique et perversions samplées (Strange Noises Over Empty Box), tranchant dans le vif d’une boucle orchestrale et d’une basse en mode repeat sur l’entêtant Watery Visions pour en terminer sur un Anguish Gazes à la fois glauque et capiteux, anxiogène et aérien, à l’image de cette étrange et belle pochette aux postures ambivalentes.

(Rabbit)




Les bonus de la rédaction :


- Meilleure beat tape : Kenny Segal - Kenstrumentals Vol. 4 : a lot on my plate

Le pensionnaire de notre compil IRMxTP (il traînait sur ce troisième volet) est peut-être au sommet de son talent de beatmaker multifacettes avec cette collection d’instrus d’une clasee absolue, tantôt jazzy ou glitchy, romantiques ou tendus, maximalistes ou épurés, hachés ou rondelets, vintage ou rétro-futuristes mais toujours pleins d’intelligence et de sentiment. Le Californien, metteur en son du très beau Ajai pour Serengeti cette année et de l’immense Hiding Places pour Billy Woods l’année passée, et en train de faire son trou à la lumière du jour et ça tombe bien, ce Kenstrumentals Vol. 4 l’imposant définitivement comme un maître de la production hip-hop syncopée à mi-chemin de l’expérimentation et de l’évidence, de l’âge d’or et de la post-modernité.

(Rabbit)



- Meilleure compilation : VA - Ennio Morricone - Tributes

On doit à Klimperei, musicien lyonnais bricoleur et curieux, l’initiative et la réalisation de cette compilation hommage au regretté Morricone, étrangement le seul projet de cette envergure à lui avoir été dédié depuis sa disparition en juillet dernier. En près d’une quarantaine de titres en libre téléchargement, allant du pur collage de samples aux reprises plus ou moins truculentes, angoissantes, lyriques ou décalées, c’est toute la richesse de la disco du Maestro qui trouve un écho passionnant, mettant en avant la modernité et l’influence plus vivace que jamais de ces soundtracks aventureux et singuliers. Outre quelques favoris d’IRM (Philippe Petit pour une relecture fantasmagorique de sa période Library Music, Tadash avec une reprise épique du score cultissime de Città violenta - "La cité de la violence" en français - ou encore David Fenech avec un Pugni in tasca tendu et dissonant à souhait), trois rédacteurs d’IRM se cachent dans cette tracklist avec leurs projets musicaux plutôt actifs ces temps derniers, saurez-vous les retrouver ?

(Rabbit)




Les tops des rédacteurs


- Elnorton :

1. VFO89 - A/B Tape
2. Dodie Manta - Us vs. Them
3. Eels - Earth To Dora
4. Goldmund - The Time It Takes
5. Thorts131 - Weightlifters
6. Belacide - Ce Bleu-Là
7. Andy Bell - The View From Halfway Down
8. Akira Kosemura - True Mothers (Original Motion Picture Soundtrack)
9. Cécile Séraud - Shoden

- Le Crapaud :

1. Convulsif - Extinct
2. Homeboy Sandman - Don’t Feed The Monster
3. Andrew Bird - Hark
4. Don Aman - Monsterlock
5. Toru - Toru
6. The Budos Band - Long in The Tooth
7. Mr. Bungle - The Raging Wrath Of The Easter Bunny Demo
8. Fred Pallem & le Sacre du Tympan - Racontent les Fables de La Fontaine
9. Serengeti - With Greg from Deerhoof
10. Radikal Kitten - Silence is Violence

- Rabbit :

1. Vieo Abiungo - At Once, There Was No Horizon
2. Autechre - SIGN / PLUS
3. Drew McDowall - Agalma
4. Marc Buronfosse - Aegean Nights
5. Goldmund - The Time It Takes
6. Erland Dahlen - Bones
7. Chapelier Fou - Parallèles
8. Lifecutter - Sub Persona
9. Dodie Manta - Us vs. Them
10. Mary Lattimore - Silver Ladders

- Riton :

1. Vieo Abiungo - At Once, There Was No Horizon
2. Convulsif - Extinct
3. Le Crapaud et la Morue - Que faire ?
4. Autechre - SIGN / PLUS
5. Drew McDowall - Agalma
6. Eartheater - Phoenix : Flames Are Dew Upon My Skin
7. Homeboy Sandman - Don’t Feed The Monster
8. Brycon, G-Pek, Eons One, B.I.Lectric, The Architect, Argonaut, BeatsMe & Fatees - There’s No More Room In Hell 6
9. Thorts131 - Weightlifters
10. Ovtrenoir - Fields Of Fires