Interview sous les cendres - 3/ Cyrod Iceberg
Les plus fidèles de nos lecteurs auront certainement remarqué des messages subliminaux distillés ces dernières semaines sans ostentation dans nos pages, concernant un ambitieux projet prévu pour les fêtes de fin d’année. Coupons court au mystère, si ce n’est au suspense : il s’agit d’une compilation, entièrement composée de morceaux inédits que nous ont gracieusement offerts un certain nombre d’habitués des colonnes d’IRM. Et... c’est tout pour le moment ! Vous en saurez plus très bientôt en suivant les petits cailloux que la rédaction sèmera à raison de deux interviews par semaine, agrémentées d’énigmes et de surprises, jusqu’à la mise à disposition de l’objet. Une invitation à vous familiariser avec l’univers de nos contributeurs de tous horizons géographiques et musicaux, en espérant qu’ils vous surprennent et vous enthousiasment autant que nous.
Aventurier aux multiples projets d’une noisy pop DIY teintée de post-punk, de psychédélisme et d’expérimentations en tous genres, c’est sous le pseudo de Cyrod Iceberg que Cyrille Poumerie a enregistré un morceau pour la face sombre de notre compilation. Croisé dans nos pages au sein de Red Space Cyrod, Circadianomalies ou encore au côté de l’illuminé Claude Biscuit chez Linge Records, le Parisien n’était plus à un projet près, lui que l’on avait pu retrouver au générique de cet hommage des Disques Normal à feu Mark Linkous ou sur ce tribute à Sebadoh entre deux BOs de court-métrages... mais quel plaisir, à chaque fois, d’être malmené par ses propositions transverses, généralement aussi jouissives que radicales. Et comme il ne s’arrête jamais, Cyrille nous prépare un nouvel EP pour l’année prochaine, dans la foulée du récent Voodoo de Radio Drama qui pourrait marquer le début d’une nouvelle aventure en duo... en attendant de renouer avec l’inspiration plus "instinctive, provocatrice, sensible et directe" de ses premières cassettes sur une prochaine sortie brute de décoffrage dont il nous offre deux avant-goûts au terme de cet entretien sans ambages, où la poésie surgit sans crier gare d’une prose touchante et désabusée.
L’interview
IRM : Y a-t-il deux ou trois choses que nos lecteurs devraient savoir de toi avant d’écouter la compil’ ?
Cyrod : Je compose à la maison, une fois que le petit est couché. Laboratoire est le mot à retenir.
Tu nous disais en interview écouter beaucoup de musique, voire même "trop". Est-ce difficile de faire abstraction de ces influences extérieures lorsque tu travailles sur tes propres compositions ou est-ce au contraire un moteur créatif pour toi ?
Nourriture, oui ! Manger, et ça devient difficile de tout ingurgiter, on a nos réseaux, chacun, on ramasse les miettes car elle sont là les pépites. Chacun se raconte sa propre histoire du rock, sans billboard, et ça me plaît ça. Moi dedans, moi à côté je construis ma tour, tranquillou, tout le monde s’en fout je n’existe pas c’est comme ça que ça me plaît. Je fais ce que je veux. J’ai la digestion facile, du coup. Si par malheur je ressemble à untel, personne de s’en offusque. Ouais !
Qu’est-ce qui t’a décidé à prendre part à ce projet ?
J’aime ce genre de projet, c’est par là que j’existe. Un peu par ici aussi, mais surtout par là.
Si tu devais décrire ta contribution en une phrase ?
Au fond du tiroir, un tas de poussière vibre.
Pour en revenir à cette improvisation contrôlée dont se nourrissent tes morceaux, l’expérimenter sur scène fait-il partie de tes projets ?
Pas de scène, je veux bien jouer la comédie, mais seul chez moi. C’est du spectacle tout ça. Je fais plus confiance à l’oreille qu’à l’œil. Même s’il manque la paupière, j’en ai conscience.
La musique "gratuite" ça t’inspire quoi ?
Hum, ça ne m’inspire pas car j’y suis à 100%.
Comment dire : ça n’est pas mon travail. Je me souviens d’une fois où j’ai fait le son de quelques documentaires pour M6, on me demandait si j’étais inscrit à la SACEM pour me rémunérer... Non, je ne suis pas inscrit à la SACEM. Non, je ne veux pas être rémunéré. J’ai bien vu la gueule des gens avec qui j’avais fait ce petit projet, ils ne comprenaient pas que j’y avais pris plus de plaisir qu’eux ! Ils ne comprennent toujours pas, d’ailleurs.
Je veux bien qu’on me file de l’argent pour des tee-shirts, des vinyles, mais pour du son, de la vibration orchestrée ? Pas à mon niveau.
Red Space Cyrod, ta collaboration protéiforme avec le Californien Jay Echeverria aka Red Space Cadet, se cherche toujours un label. Comment "vendrais"-tu la pop résolument hors cadre de ce projet mutant aux chasseurs de tête qui peut-être nous lisent ?
Oh, je n’y crois pas trop tu sais. Il faudrait quelqu’un qui croit encore en la magie indé de l’impro noisy et pop. Créer non pas pour plaire, mais pour nourrir sa subjectivité. Oh et puis merde, on fait ça avec Jay, c’est une déjection, tu la ramasses ou tu marches dedans. On s’inscrit dans une micro-histoire. C’est moderne, on n’a pas le choix.
Un disque à écouter sous les cendres ?
Ad vitam eternam : Steve Reich - Music For 18 Musicians.
Surprises : la face cachée de l’Iceberg
Deux morceaux mélancoliques et saturés sur des textes d’un ami irlandais aux allures de globe-trotter punk, voilà ce que nous propose Cyrod pour patienter jusqu’à la sortie de la compilation et du nébuleux Expire Once dont le glam abrasif et inquiet ne devrait laisser personne indemne :
Quelques liens utiles
A écouter et télécharger librement :
Clouds et Clashes, les deux premières parties de notre compilation - qui en comptera trois.
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