2020, un bilan non essentiel - Part 5/5 : Albums #1 à 10 + bonus

Voici donc les albums qui m’ont le plus accompagné, surpris, touché, enthousiasmé et/ou impressionné en cette année finalement pas dégueulasse du tout en terme de sorties, à croire qu’entre les confinements, l’arrêt des concerts et une atmosphère forcément délétère, l’inspiration n’a eu que l’embarras du choix, avec souvent la frustration et l’anxiété comme émotions les plus palpables et ça tombe bien, elles sont loin de constituer les moteurs créatifs les plus négligeables, d’autant moins dans le champ de ces musiques dites "expérimentales" qui font comme à l’accoutumée depuis une bonne dizaine d’années main basse sur mon classement. Pour faire 100, dix bonus viennent compléter cette sélection en 5 parties que j’espère avoir le temps d’agrémenter de quelques rattrapages dans les semaines à venir sous formes d’avis express ou de chroniques, avant d’attaquer 2021 sur les chapeaux de roues. Belles découvertes et bonne année à vous qui nous lisez !



Mes 10 albums de l’année



1. Giulio Aldinucci - Shards Of Distant Times

"L’Italien qui nous habitue désormais à une sortie ambitieuse chaque année atteint à nouveau des sommets sur ce deuxième opus pour le label allemand Karlrecords, après un Disappearing In A Mirror dont les élégies granuleuses avaient hanté longtemps. Tout en marées liturgiques et textures en déréliction, Shards of Distant Times en prend la suite directe et se révèle au fil des écoutes encore plus terrassant, les drones désagrégés venant bousculer le lyrisme des chœurs passés pour faire émerger des harmonies où majesté antique et futur relégué aux limbes de l’imagination trouvent un point de rencontre aussi étrange que poignant, au bord du gouffre de l’oubli."


2. Jacaszek - Music for Film

"Toujours aussi envoûtant, le Polonais - lequel semble avoir élu domicile chez Ghostly International, pour un regain d’exposition qui fait définitivement plaisir aux fans de la première heure que nous sommes - met désormais son art de l’épure au service du cinéma. Sur cet album fabriqué à partir de morceaux choisis, on retrouve la beauté mystérieuse et capiteuse de Treny, les mélodies plus saillantes de Glimmer, les brumes délicates de Kwiaty (le chant en moins), mais aussi quelque chose d’inédit, ces cordes qui parfois surgissent, à nu, pour nimber de leur lyrisme tout en retenue ces atmosphères de rêve éveillé dont les textures demeurent magnifiquement tâtonnantes, organiques, à l’image de cette intrigante pochette. Un bijou."


3. Sightless Pit - Grave of a Dog

Il ne faut pas plus de quelques secondes pour que la mélopée qui ouvre l’introductif Kingscorpse vous colle le frisson, avant le tabassage en règle d’un metal-indus martial et saturé au gré duquel Kristin Hayter saute allègrement de l’élégie chorale à la frustration d’un grunt de sorcière assoiffée de sang. Le premier opus de Sightless Pit, collaboration au sommet du malaise entre cette dernière, Lee Buford des géniaux The Body et Dylan Walker de Full of Hell, est tout entier à l’image de ce titre, capable d’accommoder la rage la plus véhémente d’éléments subtilement évocateurs, des synthés rétro-futuristes gondolés par le temps du torturé Immersion Dispersal aux cordes baroques de soundtrack horrifique de Whom The Devil Long Sought To Strangle en passant par le spleen gothique des claviers du tribal The Ocean of Mercy ou les pianotages neurasthéniques de l’étouffé Violent Rain. Une idée de la musique extrême qui doit en somme énormément, comme en témoigne la terrassante complainte post-classique du lancinant final Love Is Dead, All Love Is Dead, à la décidément impressionnante Kristin Hayter et aux liturgies tout en contrastes de son projet solo Lingua Ignota, très haut classé dans mon bilan de l’année précédente.


4. Nine Inch Nails - Ghosts VI : Locusts

"Aussi réussi soit Ghost V : Together, Locust s’avère d’un tout autre acabit, comme inspiré par l’état du monde actuel avec ses dissonances angoissantes, ses drones caverneux et ses pianotages insidieux en mineur qui foutent les jetons. Un album plus long, qui renoue avec les crescendos dramatiques des BOs pour David Fincher mais avec plus de métissage et de bruit, des cavalcades tribal-indus et incursions free jazz du bien-nommé Run Like Hell aux cauchemars dronesques de la pièce-maîtresse Turn This Off Please en passant par le piano désarticulé du flippant When It Happens (Don’t Mind Me) ou le minimalisme électro fantasmagorique à la Coil de Your New Normal. Une raison, la seule peut-être, de remercier la pandémie puisque c’est par solidarité avec ses fans que NIN, dont l’introduction au Rock and Roll Hall of Fame a été reportée, a décidé de lâcher gratuitement ces plus de 2h30 de musique."


5. Oranssi Pazuzu - Mestarin Kynsi

Le quintette finlandais est au sommet de sa créativité et de son intensité sur ce 5e opus colossal qui m’aura presque fait oublier l’absence de Terra Tenebrosa cette année, ou la sale petite mort des splittés Ævangelist. Épique et malaisant, l’album passe de crescendos tempétueux en rituels occultes aux orchestrations déglinguées, d’errances ténébreuses en saillies hardcore aux claviers irradiés et aux drones de guitare abrasifs et lancinants, d’un post-metal massif rythmé par des arpeggiators kosmische à un space rock mythologique du côté obscur, et impressionne par sa production incroyablement lisible pour un univers dont la densité instrumentale n’a d’égale que le métissage, effluves ethniques et digressions psychédéliques nourrissant plus que jamais le post-black metal métamorphe et lourd comme une chape de plomb d’un groupe dont les élans cinématographiques bourdonnants et fiévreux doivent finalement tout autant au post-rock, voire au shoegaze qu’aux musiques extrêmes de tous horizons.


6. Gimu - The Realm of Higher Things

Qu’écrire encore sur Gimu, génie de l’ombre du drone ambient qu’on suit et qu’on chronique depuis près de 10 ans, façonneur d’atmosphères anxiogènes et d’allégories cathartiques du mal-être qui parvient avec les moyens du bord à donner corps à ce genre d’astres noirs aux abîmes de textures vertigineux, agrémentés ici et là de beats minimalistes comme sur Midnight Masses ou sur le presque industriel If Tomorrow Finds Me Alive (un indus toutefois violemment assailli par des tsunamis harsh dignes du projet Greymachine de Justin Broadrick et Aaron Turner, histoire de donner une idée), mais où le plus souvent les ouragans de saturations, harmonies d’anti-matière et drones carnassiers suffisent à évoquer les affres de la dépression et de la morbidité. The Realm of Higher Things est à ce titre, avec ses entrelacs de murmures inquiétants, de chœurs voraces et de voix intérieures (cf. Suspended Animation), l’un des albums les plus "doomesques" du Brésilien, un disque étouffant (Ageing Aches) qui larsène dans le néant cosmique (Spanning the Chasm) ou relaie l’écho de quelque mécanique infernale (The Body the Boat ou le crescendo martial du final Burnt Irises) qui semble présider à nos existences tourmentées.


7. The Innocence Mission - See You Tomorrow

"Alors que l’on ne se remet toujours pas 13 ans après du parfait We Walked In Song, Karen et Don Peris continuent de tracer leur bonhomme de chemin à coups de recueils de pop songs acoustiques à la mélancolie paradoxalement réconfortante, le filet de voix hors de portée du temps qui passe de la chanteuse et pianiste pennsylvanienne, égale d’une Hope Sandoval, y étant assurément pour beaucoup. Morceau d’ouverture du beau Sun on the Square, le troublant Records from Your Room nous avait laissé espérer il y a deux ans un autre chef-d’œuvre du même acabit, c’est chose faite ou pas loin avec ce See You Tomorrow introspectif à souhait et délicatement arrangé, qui brille tout particulièrement par le spleen 70s du morceau d’ouverture The Brothers Williams Said digne de Sandy Denny, le charme suranné du lo-fi On Your Side ou le romantisme solaire du final I Would Be There, et laisse plus d’espace au piano avec des ballades chamber pop crève-cœur telles que Movie ou John As Well, Don donnant quant à lui de la voix, tout aussi juvénile pour un quinquagénaire aux plus de 30 années de carrière, sur le duo Mary Margaret in Mid-Air ou en backing de la sérénade luxuriante et plus enlevée Stars That Fall Away from Us tout banjo en avant, pas loin de l’univers d’une Vashti Bunyan."


8. Cloudwarmer - The Happening At Groom Lake

"Les ex The Fucked Up Beat semblent avoir retrouvé leur productivité et leur inspiration d’il y a quelques années après les premières digressions approximatives de ce nouveau projet. Jazzy et hanté, The Happening At Groom Lake s’inscrit dans la mouvance des sus-nommés avec ses relectures paranoïaques de l’histoire (Nuremberg 1561 or The Stock Market Wants Me For A Sunbeam résumant bien tout ça avec ses loops narcotiques et samples radiophoniques). Le sampling hypnotique de cet album labyrinthique se double de beats plus marqués et plus libertaires que jamais (Gulf Breeze 1987 or Not Afraid To Continue Being Afraid), chassant sur les terres du génial Funki Porcini et de son faux easy-listening à l’image par exemple du chillesque Voronezh 1989 or I Stopped Eating And Started Drinking ou du galopant Stephenville 2008 or Jump Into The Ocean Heat."


9. Dimitar Bodurov & Ivan Shopov - Coalescence

On connaissait surtout Ivan Shopov pour le dubstep et l’IDM aventureux de son projet Balkansky et des collaborations entre drum’n’bass et ambient avec le Danois Monolog (cf. l’EP Veracity commenté ici). Pour autant, le Bulgare a toujours eu plus d’une corde à son arc et ce bijou de piano ambient, interprété avec la liberté inhérente à son background jazz et l’influence atonale du classique contemporain par un certain Dimitar Bodurov dans un no man’s land de blips et autres grouillements électroniques anxiogènes, n’a sûrement surpris qu’à moitié les aficionados de l’auteur de The Temple. La production de Shopov, qui ne nous gratifie d’une véritable dynamique soutenue que sur le solennel Orbit aux beats glitchés, un Free Drift au jazz hanté et le final stellaire d’Eternal Return, y est particulièrement spartiate, mettant en valeur chaque note, chaque écho dans un vide qui prend de plus en plus le pas sur l’instrument d’un titre à l’autre pour en terminer sur l’inquiétant tapis d’antimatière du bien-nommé Event Horizon. Sûrement l’un des plus beaux mariages entre piano et électronique et mémoire récente, avec les deux EPs de rand dont je touchais un mot par là.



10. Watine - Intrications Quantiques

Il faut bien l’avouer, je ne faisais pas partie de ceux qui dans l’équipe, comme de nombreux confrères de par la blogosphère, s’étaient enthousiasmés pour Géométries Sous-Cutanées, le précédent opus de Watine. Trop chargé, trop porté sur les instrumentations synthétiques, trop produit peut-être, simplement pas pour moi. Heureusement, du post-rock poétique mâtiné d’ambient-folk onirique sur lequel elle pose sa voix pour Phôs (side projet mis en musique que par le multi-instrumentiste Intratextures) jusqu’à ce merveilleux Intrications Quantiques, la Parisienne s’avère être de ces musiciennes capables d’inventer et d’explorer un univers entier à chaque album, et celui qui nous occupe ici, avec la gravité de son piano néo-classique (Blurred Shapes, qui secoue l’auditeur à mi-parcours avec un micro-break électronique martial sorti de nulle part), ses mélodies profondément troublantes et spleenétiques (The Lighthouse on the Edge), ses surgissements orchestraux dignes de Philip Glass (Rustling Forest) et ses galaxies intérieures qui semblent naître et s’éteindre le temps d’un morceau dans le background d’atmosphères discrètement tourmentées (Still Waters Run Deep), avait tout pour marquer mon année. Album hanté par l’absence mais album de tous les possibles, qui s’ouvre sur un linceul de tragédie et d’anxiété (Eros & Thanatos) et termine sa course en décollant pour un ailleurs que l’on espère plus clément pour son auteure (le bien-nommé Interstellar Un-Ravel), Intrications Quantiques est en tout cas un autre de ces disques-mondes, que je n’ai toujours pas fini d’explorer et dont je me réjouis de n’avoir pas su faire le tour trop vite.


10 bonus pour faire 100


- Meilleure chanson : Emilie Zoé & Christian Garcia-Gaucher - The Grand Scheme

Découvert à l’occasion de mon meilleur concert 2019 dans une version toute en frustration contenue, ce bijou tourmenté de l’album Pigeons : Soundtrack for the Birds on the Treetops Watching the Movie of our Lives dont on parlait ici prouve qu’une guitare électrique, une boîte à rythme, un clavier et une voix écorchée peuvent encore suffire à faire dresser les poils du plus blasé des blasés de l’indie rock.



- Meilleure beat tape : Kenny Segal - Kenstrumentals Vol. 4 : a lot on my plate

"Le pensionnaire de notre compil IRMxTP (il traînait sur ce troisième volet) est peut-être au sommet de son talent de beatmaker multifacettes avec cette collection d’instrus d’une clasee absolue, tantôt jazzy ou glitchy, romantiques ou tendus, maximalistes ou épurés, hachés ou rondelets, vintage ou rétro-futuristes mais toujours pleins d’intelligence et de sentiment. Le Californien, metteur en son du très beau Ajai pour Serengeti cette année et de l’immense Hiding Places pour Billy Woods l’année passée, et en train de faire son trou à la lumière du jour et ça tombe bien, ce Kenstrumentals Vol. 4 l’imposant définitivement comme un maître de la production hip-hop syncopée à mi-chemin de l’expérimentation et de l’évidence, de l’âge d’or et de la post-modernité."



- Meilleure mixtape : MLTPLX - Downtempo MixTape

Outre son album homonyme qui aura échappé de pas grand chose à mon classement des LP (et je m’en veux déjà un peu), MLTPLX avait gratifié IRM, en début d’année, d’une mixtape de haute volée, "un petit bijou où l’on reconnaîtra notamment, entre deux incursions plus acérées flirtant avec le dubstep, l’IDM ou la drum’n’bass, les soundscapes irréels de Boards of Canada, la soul électronique des météoritiques Stubborn Heart dont on ne sait toujours pas ce qu’ils sont devenus ou le superbe Broken Homes de Tricky feat. PJ Harvey - un goût très sûr à l’image d’un talent de beatmaker que l’on va désormais suivre de près."

- Meilleure BO : Ali Shaheed Muhammad & Adrian Younge - Run This Town

"On vous parlait de la veine jazz du producteur de Ghostface Killah et du DJ d’A Tribe Called Quest sur cet EP. Cette fois pourtant, c’est de cinéma dont il est question. Cinéma car BO de film, un long-métrage sur les dernières années d’un maire de Toronto dont le Covid a quelque peu saboté la sortie, mais grand écran surtout dans les crescendos et la tension dramaturgiques de ces instrus aux arrangements orchestraux, qui continuent sur la lancée d’un score déjà fabuleux pour la série TV Luke Cage. Le duo lorgne sur la blaxploitation, sur le dieu David Axelrod, mais ne s’en forge pas moins un univers à part entière, les pieds sur le bitume (la section rythmique de polars urbains 70’s qu’affectionnaient Lalo Schifrin, Curtis Mayfield ou Isaac Hayes) et l’imaginaire discrètement tourné vers les fééries noires du Danny Elfman de la grande époque (la harpe, les vents ou les cordes baroques). Soit un parfait équilibre entre groove et noirceur pour une flopée de vignettes addictives !"



- Meilleur album live : Vitor Joaquim & Simon Fisher Turner - At The Spitz London 2005

L’album The Construction of Time dont je parlais dans le précédent volet est venu clore un cru 2020 bien rempli pour le Portugais, qui nous a fait le plaisir de sortir des tiroirs pas moins de trois collaborations live passionnantes. At Fonoteca Lisboa 2005 le voit ainsi sampler et triturer en direct les sons atonals, percussifs et bruitistes joués via un lecteur CD par Nuno Moita aka Draftank, tandis qu’il croise le fer sur At ZDB Lisboa 2006, également enregistré dans la capitale portugaise, avec le violon dissonant de Carlos Zíngaro transformé en itérations dronesques et glitchées. Du tout bon, mais c’est finalement le premier de la série, At The Spitz London 2005 au côté du pianiste Simon Fisher Turner qui m’aura le plus impressionné, pour la virtuosité dont fait preuve Vitor Joaquim, forcé comme lors des prestations sus-mentionnées de mener de concert captation, traitement et réutilisation des sons de son partenaire dans un contexte d’improvisation en flux tendu, pour un résultat rivalisant d’intensité, de grâce et de génie, dans une veine néoclassique plus "dramaturgique", avec la paire Sakamoto/Alva Noto. Une comparaison d’autant plus pertinente sur les 4 morceaux travaillés après coup par le musicien lisboète à partir de l’enregistrement du concert, qui viennent compléter cette oeuvre foisonnante et puissante, tout simplement digne des plus beaux albums de l’année.



- Meilleure réédition : Ennio Morricone - Uccidete il vitello grasso e arrostitelo

Rééditée par Transversales Disques, structure parisienne qui s’est fait une spécialité de publier des albums et soundtracks rares voire perdus ou inédits, cette BO du regretté Ennio Morricone, datée de 1969 soit en plein milieu de sa décennie magique, est un petit bijou de psychédélisme baroque entre tension rythmique, mélancolie des vents et touche gothique typique des giallos de l’époque dont cet Uccidete il vitello grasso e arrostitelo fait partie. Un disque peut-être davantage de son temps que la plupart des soundtracks du Maestro, ce qui n’enlève rien à son charme évidemment.



- Meilleure compilation : Ennio Morricone - Tributes

"On doit à Klimperei, musicien lyonnais bricoleur et curieux, l’initiative et la réalisation de cette compilation hommage au regretté Morricone, étrangement le seul projet de cette envergure à lui avoir été dédié depuis sa disparition en juillet dernier. En près d’une quarantaine de titres en libre téléchargement, allant du pur collage de samples aux reprises plus ou moins truculentes, angoissantes, lyriques ou décalées, c’est toute la richesse de la disco du Maestro qui trouve un écho passionnant, mettant en avant la modernité et l’influence plus vivace que jamais de ces soundtracks aventureux et singuliers. Outre quelques favoris d’IRM (Philippe Petit pour une relecture fantasmagorique de sa période Library Music, Tadash avec une reprise épique du score cultissime de Città violenta - "La cité de la violence" en français - ou encore David Fenech avec un Pugni in tasca tendu et dissonant à souhait), trois rédacteurs d’IRM se cachent dans cette tracklist avec leurs projets musicaux plutôt actifs ces temps derniers, saurez-vous les retrouver ?"



- Meilleur remix album : V & Friends - Resonance A

J’admets avoir une participation au générique mais l’ensemble de cette compil ambient, exercice de réappropriation d’un morceau improvisé sur une appli téléphonique par l’une des têtes pensantes du label belge Fuck Labels//Fuck Mastering, vaut le détour pour son concept d’expansion d’un thème dans des univers plus ou moins pulsés, contemplatifs, syncopés, libertaires, menaçants ou solaires, avec une complémentarité non concertée mais bel et bien présente. Et parce qu’à l’inverse de HeAD que vous avez pu retrouver dans mon bilan albums, ce fut un vrai crève-coeur de recaler la paire V & Matij avec Homme Alone, Structures (chroniqué par ici) ou le très beau Gold’s Night, trois EPs restés juste aux portes de ce classement comme toujours bien trop succinct, occasion parfaite donc que ce Resonance A pour un rattrapage de rigueur et amplement mérité !



- Meilleur concert : Sulfure #5 - Cluster Lizard + Monolog + Blakk Harbor @ Espace B (Paris), 18/01/2020

Les crescendos ténébreux de Blakk Harbor, la drum’n’bass de combat pour vétérans old school de Monolog et les paysages post-apocalytiques érodés par un soleil noir du duo Cluster Lizard aka Kotra et Zavoloka de feu Kvitnu (respectivement auteurs des beaux Namir et Ornament qui ne sont pas passés bien loin du classement des LPs), c’est à un concert techno comme on en fait plus que l’on vous conviait en janvier, première d’une longue série de soirées programmées dont on ne se doutait pas encore qu’elles finiraient toutes reportées à une date indéterminée. On ne perd pas espoir pour autant, Sulfure renaîtra de ses cendres et son festival également, touchons du bois !

- Et mon petit album à moi : Konejo - Snapping Back In

2020 aura également été l’occasion pour votre serviteur à longues oreilles d’entamer un projet musical, qui a accaparé une bonne partie de mon temps libre, d’où l’inévitable baisse de régime en terme de chroniques. En ont résulté jusqu’ici trois EPs (Shadow of a Doubt, Matchmade Screens en compagnie de Valgidrà, et A Fistful of Nothing sorti chez les copains de Fuck Labels//Fuck Mastering), des participations à des compilations telles que celle-ci (qu’il va bien vous falloir tout 2021 pour passer en revue) et surtout ce premier album esssentiellement constitué de samples ciné, dont on parle notamment du côté de Possible Musics ou encore dans ces pages. L’année 2021 devrait s’avérer encore plus active pour Konejo, avec de nombreuses collaborations au programme ! Merci aux indulgents et aux curieux qui jetteront une oreille... et rendez-vous l’an prochain !