Top albums - juillet/août 2014

Exercice compliqué que ce top estival, quand certains dans l’équipe ont passé leur temps à écouter des disques tandis que d’autres - on les comprend ! - coupaient le son pour mieux laisser entrer l’air pur ou les embruns.

Vous l’aurez compris, le bilan qui suit ne sera pas tout à fait aussi représentatif qu’à l’accoutumée des passions des uns et des autres, mais avouez qu’il eut été dommage de passer à côté de tant de merveilles déjà handicapées par leur sortie en ces temps de relâche des explorateurs de l’actualité, qui comme chacun sait ont rarement le loisir de revenir sur ce qu’ils ont manqué. Vous y retrouverez forcément des albums déjà mis en avant par nos chroniques et streamings de l’été (puisqu’à IRM, même les pieds dans l’eau, on garde la tête dans le guidon), mais aussi quelques-uns de ces disques que l’on a emporté partout sans jamais trouver l’occasion jusqu’ici d’en dire tout le bien qu’ils nous font. Et comme deux mois c’est long et qu’il s’en passe des choses, on vous a aussi concocté un top des EPs à ne pas manquer, pour les petits creux (dans l’emploi du temps). Bon rattrapage !


11 albums :




1. Matthew Collings - Silence Is A Rhythm Too

« Le silence moteur d’intensité, voici ce que vise ce second long format de celui dont on avait pu mesurer le talent sur EP au côté de Talvihorros puis de Dag Rosenqvist (Jasper TX, From the Mouth of The Sun). Cette harmonie aussi fragile qu’incandescente, l’Écossais en capte justement les vacillements ambivalents tout au long de ce bien-nommé Silence Is A Rhythm Too, dont le magnétisme tantôt mélancolique ou menaçant flirte sans complexe avec les plus belles réussites d’un Ben Frost pour cette capacité à doter le moindre craquement d’un impact viscéral démultiplié par la pesanteur du vide qui l’entoure.
Si ses incursions pop limitaient dangereusement l’ampleur du non moins prometteur Splintered Instruments l’an passé, le retour au "tout instrumental" de ce nouvel opus trouve un équilibre parfait dans la tension contrastée d’une acoustique baroque (cordes, vents, piano...) que le musicien soumet aux frictions hostiles des saturations noise ambient et autres agrégats rythmiques (du clappement de mains au beat électronique), la dynamique naissant des respirations même de l’instrumentation. »

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(Rabbit)


2. Lawrence English - Wilderness Of Mirrors

« Marqué par le poème de TS Eliot "Gerontion" qui donne son titre à l’œuvre et les récentes performances live d’artistes coutumiers de l’impact physique des décibels tels que Earth, Swans et MBV, c’est cette adéquation entre spiritualité et résonance viscérale que l’Australien Lawrence English aura mis deux ans à coucher sur sillons, partant pour chaque morceau d’une pièce reflétée encore et encore sur elle même pour servir de fondations à ces denses architectures emboîtées nettement plus abrasives qu’à l’accoutumée.
Élégies abyssales pour une humanité engloutie par la régression de ses progrès sociaux, ces 8 titres aux drones magnétiques agités d’infimes pulsations sismiques alternent crescendos vibrants et respirations lancinantes, et sonnent comme autant d’appels à la raison condamnés à ne trouver d’écho que dans les masses de nuages lourds qui les amplifient et les renvoient jusqu’à la stratosphère où leurs harmonies finissent par se dissoudre sans avoir trouvé récepteur. Tragiquement beau et puissamment délicat, l’un des tout meilleurs albums drone de l’année. »

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(Rabbit)


3. The Underachievers - Cellar Door : Terminus Ut Exordium

« Après deux mixtapes allant de la grosse claque à l’anecdote et une sortie solo chacun, les deux New-Yorkais des Underachievers nous livrent enfin l’album studio tant attendu et prouvent par là même qu’on peut balancer un nombre de rimes à la minute se rapprochant dangereusement de l’asphyxie sans délaisser la qualité d’un rap plus intelligent que les productions actuelles des grosses tètes de gondoles du hip-hop ricain.
Les deux emcees de Brooklyn sont là pour en découdre. Ils ne trichent pas et donnent tout. Pas de refrains, pas de featurings chose rare dans le hip-hop actuel (mis à part l’excellent Portugal. The Man sur l’Amorphous final qui sonne d’ailleurs plus comme un bonus) et puis il y a cette intensité sur chaque titre, les flows sont athlétiques, techniques, le débit est extraordinaire et ça sur l’ensemble des 12 pistes de l’album. Niveau production, on reste dans la lignée dIndigoism mais un cran au dessus, un truc chill à la Flatbush, des instrus psyché-planantes qui tranchent avec les deux mécaniques de précision que sont AK et Issa Gold. Vous l’avez compris, Cellar Door : Terminus Ut Exordium est un immense album, homogène et cohérent dans l’excellence, et certainement dorénavant le mètre-étalon de toute la scène Beast Coast ! »

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(Spoutnik)


4. C\/\/\/\ - Flashback Blues

« En bon Brian Eno des années 2010 qu’il est devenu en l’espace d’une quinzaine de sorties, Chris Weeks s’est montré sous diverses facettes pas toujours aisées à circonscrire. Marqué par le pouvoir thérapeutique de la création artistique et la nostalgie d’une époque révolue où l’électro faisait encore rêver, le premier opus de ce nouveau projet est dédié à son père décédé d’un cancer en fin d’année dernière.
Vagues ambient minimalistes et rassurantes (Someone To Watch Over You), électronica chancelante (Here In The Rain), symphonies lo-fi pour boîtes à musique (Looking Glass Eyes, To Be So Blue), motifs de synthés désuets aux pulsations vitales comme le souvenir d’un bonheur d’enfant (My Cerebellum), crescendos d’arpeggiators stellaires (St. Thomas Green), pianotages spleenétiques passés au filtre analogique (Everything Comes To An End), voiles de bruit statique chassés par le réveil du jour (Life Has Surface Noise) et, presque toujours là, en filigrane ou fil d’Ariane, ces averses craquelantes (Water Falls, Alone) balayant la tristesse et sublimant l’espoir de se réconcilier avec les grandes douleurs plus que jamais prégnantes et les petites joies à demi oubliées... Flashback Blues c’est tout ça mais bien plus que la somme de ses constituants, un voyage au cœur des émotions enfouies et des sentiments parfois ambivalents que brassent les méandres de notre subconscient. »

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(Rabbit)


5. John Zorn - On Leaves Of Grass

Aussi prolifique qu’à l’accoutumée, l’ex Naked City ne laisse aucun fan sur le bas-côté cette année. Du romantisme déglingué dIn The Hall Of Mirors où s’affrontent percussions frénétiques et piano angoissé, à sa collaboration dark ambient annoncée avec David Chaim Smith et Bill Laswell en passant par les réinterprétations en trio des miniatures barrées dEnigmata qui verront le jour à la fin du mois, les admirateurs de la veine la plus atonale et hors-cadre du saxophoniste et compositeur avant-jazz new-yorkais devraient trouver de quoi satisfaire leur curiosité.
Quant à ceux qui ne jurent que par l’easy listening épuré de l’Alhambra Trio de Rob Burger ou les circonvolutions libertaires mais tout aussi légères du Gnostic Trio (devenu sextette le temps d’un hommage mystique à Lou Reed prévu pour dans un mois), ils ont assurément trouvé leur bonheur cet été, que ce soit en compagnie de Carol Emanuel, Bill Frisell et Kenny Wollesen (aka les Gnostiques sus-nommés) pour la transe jewish cristalline d’un Testament of Salomon élégamment distancié, ou sur ce formidable On Leaves Of Grass dédié au grand œuvre du poète Walt Whitman.
La sève hypnotique et transcendantaliste de l’auteur du recueil "Feuilles d’herbe" irrigue ainsi toutes les nervures de ce disque hautement sensuel qui voit Joey Baron (batterie), Trevor Dunn (basse) et John Medeski (piano) opter pour une approche aussi limpide et chaleureuse que tortueuse et contrastée sous l’impulsion du même Wollesen au vibraphone lyrique et virevoltant, light jazz en flux tendu dont les subtilités harmoniques n’obscurcissent l’évidence mélodique que le temps d’une paire de digressions free - cf. le galopant Portals et le bad trip Mystic Cyphers.

(Rabbit)


6. DJ Qbert - GalaXXXian

« De retour 16 ans après Wave Twisters avec le double Extraterrestria / GalaXXXian, le légendaire DJ californien vient peut-être bien de signer une des meilleures sorties hip-hop de l’année.
Cette face est la seule rappée du double album, peut-être trop, le risque étant que Qbert passe presque "inaperçu" alors que sur Extraterrestria il était l’élément central. Mais Qbert par son art du scratch rehausse chaque track, il devient le fil conducteur qui rend l’album cohérent. On sent que Q a essayé de réaliser des titres sur mesure pour chaque rappeur convié à la fête en mettant leurs caractères propres en avant. Ainsi certaines pistes sont fabuleuses (le vaporeux Back Suspension ou le lo-fi Mud Wrestler), d’autres fatalement moins (Generals ou Kooty Kat) et puis il y a l’acrobatique Liquifly et le puissant OG BBOY, deux putains de titres où l’accord entre les emcees (Del pour le premier, Lif/El-P pour l’autre) et Qbert frise la perfection !
Au final, GalaXXXian souffre certainement de la comparaison avec Extraterrestria, mais l’ensemble des deux montre toute l’étendue du talent de Q qui est aussi bien capable d’être le maestro d’un album instrumental, comme de se fondre dans un collectif de rappeurs et c’est bien là que réside le génie d’un DJ, une individualité dans une équipe, un vrai n°10 quoi ! »

< lire la chronique de l’album jumeau Extraterrestria >




(Spoutnik)


7. Monarch - Sabbracadaver

« Cela fait déjà une dizaine d’années que Monarch met en musique nos angoisses et s’évertue à engendrer la bande son de nos plus infects cauchemars.
Depuis Sabbat Noir, et encore plus avec Omens leur précédente œuvre, le terme de doom est devenu beaucoup trop réducteur pour évoquer la musique du groupe. De plus, l’immuable lenteur et la constante puissance évocatrice de leurs complaintes persistent.
Mais la musique de Monarch se veut désormais définitivement purifiée de la majeure partie des gimmicks d’un style qui leur semblait certainement un peu étroit. De plus en plus ensorcelantes, les litanies du combo sont désormais plus éthérées et moins morbides. Les drones et complaintes de Sabbracadaver ont le pouvoir hypnotique d’une flamme dans le noir.
Monarch n’est pas, ou plus, cette main malfaisante sur la pochette, mais bien l’acte protecteur, dernier rempart devant la faible lueur d’attente d’un éveil salvateur. »

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(nono)


8. Wizards Tell Lies - The Ninth Door

« Bénéficiant du goût jusqu’ici relativement discret de Matthew James Bower pour un combo guitares/batterie dont les frictions crépusculaires et autres digressions gothiques le disputent au gros son noisy (l’Anglais citant aussi bien Bardo Pond que The Jesus Lizard comme influences majeures), Wizards Tell Lies montre les crocs sur cette suite directe des confrontations spiritiques de l’éponyme de 2011 et de l’EP The Occurrence, un quatrième opus introduit l’an dernier par l’épopée-fleuve The Ninth Door dont la progression cinématographique se suffisait presque à son propre abîme.
Fidèle aux multiples visages musicaux du fabuleux The Failed Silence, celui qui décline ses fonctions au sein du projet sous les avatars d’animaux anthropomorphes de trois identités imaginaires distinctes ne s’en tient pourtant pas ici aux crescendos de six-cordes hypnotiques ou tempétueux, maniant synthés hallucinés et autres beats techno martiaux sur ce nouvel album-concept dont les respirations viciées au bruitisme ésotérique et insidieux font danser aux abords du champ de vision le spectre insaisissable de "Mr Broom", cet esprit convoqué lors d’une expérience d’écriture automatique qui défiait les certitudes du musicien lui-même sur un premier album voué à l’exorcisme des vacillements de la raison. »

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(Rabbit)


8. Daniel Bachman - Orange Co. Serenade

Moins desséchée et déglinguée, plus précise et plus travaillée dans ses harmonies qu’à l’époque du projet Sacred Harp, l’acoustique rustique et habitée du guitariste Daniel Bachman termine sa mue sur cette première sortie chez Bathetic pour enfin tenir la dragée haute sur leur propre terrain aux ténors de l’americana primitiviste tels que John Fahey ou Jack Rose. Un héritage que l’auteur du plus lo-fi mais déjà vibrant Grey-Black-Green portait en lui depuis longtemps et qui avait déjà bien maturé sur Oh Be Joyful il y a deux ans dans une veine plus ouvertement folk et fervente qu’à l’accoutumée.
Alternant ballades blues épurées (Coming Home), flots d’arpèges aux airs de transe mystique (Blue Mass) et country flamboyante avec un doigté possédé pour seule voix (Pig Iron), Orange Co. Serenade flirte même avec le flamenco (And Now I Am Born To Die) et la chaleur du jeu en slide (sur le morceau-titre par exemple) mais n’en oublie pas tout à fait son background de droneux (l’archet lancinant d’Up And Down The C & O) et ce minimalisme qui lui va si bien depuis ses débuts, travaillant l’espace et les interstices sur un We Would Be Building irradié de sagesse et d’éternité.




(Rabbit)


10. Terence Hannum - Via Negativa

Après André Foisy sur le doomesque et désertique The End Of History, au tour de son compère de Locrian (et du label Land of Decay) de s’émanciper à nouveau sur cet album solo minimaliste et lancinant. De retour chez Utech qui sortit justement de l’anonymat il y a quelques années le trio sus-nommé (complété par Steven Hess aux percussions), le claviériste y distille chœurs distanciés et pulsations désincarnées sur fond de drones d’orgue aux harmonies savamment agencées pour atteindre une forme d’ambient nettement plus abstraite que celle des progressions rampantes et autres marécages grouillants de Locrian à l’époque de The Crystal World.
Captant la matière noire dans tout son magnétisme mais sans jamais verser dans le lyrisme ténébreux des dernières sorties du groupe, le Chicagoan semble viser la négation du désespoir et du chaos, en quête d’une certaine forme de quiétude dans l’envers du cauchemar quotidien. If Only You Knew What Darkness I Am Plunged Into maîtrise ainsi ses vestiges de tension synthétique à la John Carpenter en les soumettant à la constance d’un rayonnement ambient onirique et majestueux, tandis qu’Unapproachable Light embrasse la fatalité sur 23 minutes d’épure cosmogonique où tout semble à sa place, l’angoisse coulée de toute éternité dans l’ordonnancement rassurant du mouvement des astres.




(Rabbit)


10. Souls Of Mischief & Adrian Younge - There Is Only Now

Après avoir dépoussiéré la soul des Delfonics et offert à Ghostface Killah un de ses meilleurs albums depuis presque 15 ans, Adrian Younge, toujours à la recherche de vieilles gloires du hip-hop des 90s dont on n’espérait plus grand chose, est allé faire son marché sur sa côte Ouest natale pour extirper les Souls of Mischief de leur torpeur ensoleillée. Torpeur car depuis l’archi-fondamental 93’ Til Infinity et les deux premiers Hieroglyphics (The Kitchen étant quand même un sacré loupé), les quatre légendes de la Bay Area se faisaient discrètes mises à part quelques sorties solo intéressantes dont celles d’Opio (Triangulation Station et Fallacy Fantasy avec Pep Love).
There Is Only Now sonne donc comme une réunion passionnante avec d’un côté l’univers d’A-Plus, Opio, Phesto et Tajai, cool et positif mais pétri d’une technique sans faille construite à la sueur à force d’écumer les battles californiens. De l’autre, Adrian Younge, crate digger de soul vintage à la RZA, multi-instrumentaliste et génie de l’orchestration psyché-soul cinématographique à la David Axelrod.
Tout au long des 19 pistes de There Is Only Now, les deux mondes se mélangent, se complètent et se rehaussent mutuellement. Ainsi quand le flow de feu des Souls of Mischief accroche le beat comme jamais, Younge nous fait rêver à coup d’instrumentations blaxploitation. A l’inverse, quand Younge plante le décor parfait d’un western old-school à la Morricone, les emcees le délocalise direct dans les rues d’Oakland. Si on rajoute à ça les interludes sympathiques d’Ali Shaheed Muhammad (DJ en chef d’A Tribe Called Quest) et les excellents featurings signés Snoop Dogg, Busta Rhymes et Scarub (Living Legends), on n’est pas loin du sans-faute. Homogène et cinétique, There Is Only Now est une vraie réussite, tellement que je me suis mis à rêver d’un Q-Tip & Adrian Younge, avouez que ça aurait de la gueule !




(Spoutnik)


5 EPs :




1. Devenny X ฬเןl - Arc II : The Remains

« MC anglais à peine majeur et quasiment sorti de nulle part, Tay Devenny aura été notre sensation hip-hop de l’été et si l’on a le temps de voir arriver une continuation discographique digne de ce nom, le meilleur est déjà là et plutôt deux fois qu’une sur cette collaboration avec le mystérieux producteur ฬเןl (prononcez Will) pour le tout aussi jeune et prometteur label français Your Master’s Voice.
Ce goût des syncopations downtempo, des collages fantasmagoriques et arrangements stratosphérique mâtinés de jazz et d’ambient à la mesure d’un flow en suspension étrangement serein, les plus chanceux adeptes de la prospection sur Bandcamp avaient pu en prendre la mesure en octobre dernier sur la première collaboration des deux compères. Un petit bijou quArc II : The Remains prolonge et transcende en empruntant par petites touches aux échantillonnages drogués de Captain Murphy comme aux manipulations analogiques vintage estampillées Madlib ou Jay Dilla, entre la fausse quiétude d’un flow hanté par ses doubles pitchés et l’angoisse charriée par les samples cinématographiques et percussions grouillantes, mélancolie et tourments intérieurs, piano désabusé et chœurs éthérés en surplomb. »

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(Rabbit)


2. Girls In Hawaii - Refuge

Même si la rédaction n’est pas unanime à ce sujet, les Belges avaient quand même déçu une bonne partie de leur public avec Everest. Un album enregistré dans une période de deuil qui n’engendre pas de sublimation à l’instar du Something Rain des Tindersticks ou de l’éternel Electro-Shock Blues de Eels, mais au contraire de mauvais choix artistiques que l’on ne peut que comprendre dans un tel contexte.
La sortie de Refuge vient appuyer la thèse des décisions malencontreuses. Cet EP contient en effet des chûtes dEverest non conservées à l’époque puisqu’elles ne se fondaient pas, d’après les musiciens, dans l’opus. A l’écoute d’un Leviathan, pas loin d’être le meilleur titre - le plus touchant et introspectif en tout cas - jamais enregistré par les Belges, il semble difficile de comprendre comment il aurait pu faire tâche sur un disque quelconque.
Si Refuge reste assez inégal, on y trouvera assez de compositions solides pour nous rassurer sur un point. Oui, les Girls In Hawaii sont encore capables de nous concocter de bien belles ritournelles. Vu les circonstances, ce n’est pas rien.




(Elnorton)


3. William Ryan Fritch - Heavy

« Sans savoir encore ce qu’il en sera du successeur Empty, dont la pochette laisse entrevoir une possible complémentarité avec le format court qui nous occupe ici, Heavy s’anime dès les premiers instants d’un souffle saisissant qui doit autant aux orchestrations élégiaques de The Waiting Room (violons et vents s’embrasant de concert) qu’aux soubassements ethniques de l’alter-ego Vieo Abiungo.
On retrouve ainsi ces rythmiques organiques faites de bric et de broc qui claquent et résonnent dans l’air ambiant, ponctuant de coups de fouet martiaux les déferlantes d’émotions primitives chauffées au fer rouge pour la toute première fois par les gonflements saturés des guitares électriques, nouvelles venues dans l’univers du multi-instrumentiste d’Oakland. Emptied Animal a beau avoir laissé des traces dans les chœurs de Poisonous, cette fois-ci le maximalisme n’est plus synonyme de trop-plein, et même à fleur de peau les sentiments ne s’embarrassent d’aucune facilité, douce mélancolie de la harpe, fièvre capiteuse des violons et violence contenue des percussions balayant nos dernières défenses par leurs chassés-croisés ambivalents. »

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(Rabbit)


4. Gontard ! - Blitz

« "Je parle fort, j’éructe", s’excuserait presque Gontard !. Cette voix qu’il appose aux samples méconnus restaurés dans une démarche que l’on pourrait presque comparer à celle d’un historien constitue pourtant la véritable plus-value de ses compositions.
S’il est difficile de résumer en quelques mots les thèmes abordés par l’artiste tant ses textes font partie des plus délectables de l’Hexagone à l’heure actuelle, la revendication politico-sociale en constitue l’un des dénominateurs communs, particulièrement prégnant sur un AnarchosolitaireGontard ! se définit de la manière suivante : "Anarcho je suis, solitaire, seul sur terre, je suis parti de rien pour arriver nulle part, comme vous, comme nous tous".
C’est donc un album riche, diversifié et cohérent que nous propose un Gontard ! aussi à l’aise lorsqu’il distille la mélodie faussement joyeuse de Ma Chambre Donnait Sur La Rue que sur la rythmique dub décalée d’Adaptation. Notre bricoleur effectue également quelques crochets (et en donne, faisant sienne la tirade de Programme selon laquelle des singes "déboulent de partout et tabassent tout ce qui passe") par le jazz aux accents trip-hop (Revoir) ou l’abstract hip-hop (Vulvophobia). »

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(Elnorton)


5. DJ Shadow - The Liquid Amber

« Le mythique beatmaker de la Baie de San Francisco parvient encore lors de rares éclats de talent à faire du neuf avec du vieux et transcender les sonorités les plus éculées, c’est le cas ici de Ghost Town pour lequel Joshua Davis admet s’être inspiré de la nébuleuse future bass mais qui, paradoxalement, finit plutôt par évoquer ce que le genre doit à l’abtract hip-hop des 90s. Roulements équilibristes aux arythmies tourneboulantes, nappes cinématographiques résolument crépusculaires et piano spleenétique aux accords downtempo, la signature caractéristique des grandes heures de DJ Shadow se pare de distos futuristes et de beats presque trap sur ce qui constitue assurément son meilleur titre depuis 12 ans.
Dommage que Mob et ses motifs de synthés lourdement soulignés - dont le minimalisme émaillé de samples de voix pitchées serait parfait en bande-son d’une sitcom caricaturale sur le ghetto - tombe dans le cliché, rattrapé cependant par le lifting très deep et syncopé que l’excellent Machinedrum, vétéran IDM du label Merck Records lui-même vestige d’une ère de créativité électronique quasiment révolue, offre à l’un des derniers singles passés à la postérité du producteur ricain, une version de Six Days dont le break planant restera le plus beau moment de cet EP. »

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(Rabbit)


Les Choix de la Rédaction

- Elnorton :

1. J Mascis - Tied To A Star
2. Adam Fielding - Pieces
3. Foie Gras - Held
4. Spoon - They Want My Soul
5. Cymbals Eat Guitars - Lose
6. Alvvays - Alvvays
7. Mi Nave - Estela
8. The Raveonettes - Pe’ahi

EPs :

1. Gontard ! - Blitz
2. Brou De Noix - 1807
3. DJ Shadow - The Liquid Amber
4. Girls In Hawaii - Refuge


- Rabbit :

1. Lawrence English - Wilderness Of Mirrors
2. Matthew Collings - Silence Is A Rhythm Too
3. C\/\/\/\ - Flashback Blues
4. jamesreindeer - مدينة الياسمين - The City Of Jasmine
5. John Zorn - On Leaves Of Grass
6. Charlatan - Local Agent
7. Telecaves / Walter Gross - Line Fracture / Trigger
8. Wizards Tell Lies - The Ninth Door
9. Monarch - Sabbracadaver
10. Daniel Bachman - Orange Co. Serenade

EPs :

1. Girl 27 / Trisha Hewe Saile - Split
2. Devenny & ฬเןl - Arc II : The Remains
3. Morbidly-o-Beats - Analogue Arsonist
4. William Ryan Fritch - Heavy
5. Gontard ! - Blitz


- Riton :

1. Matthew Collings - Silence is a Rythm Too
2. C\/\/\/\ - Flashback Blues
3. Daniel Bachman - Orange Co. Serenade
4. Lawrence English - Wilderness Of Mirrors
5. Wizard Tell Lies - The Ninth Door
6. The Underachievers - Cellar Door : Terminus Ut Exordium
7. DJ Qbert - GalaXXXian
8. Jenny Hval & Susanna - Meshes Of Voices
9. Terence Hannum - Via Negativa
10. Dama/Libra - Claw


- Spoutnik :

1. The Underachievers - Cellar Door : Terminus Ut Exordium
2. DJ Qbert - Extraterrestria / GalaXXXian
3. The Dilated Peoples - Directors Of Photography
4. Hannibal King - Floral Print
5. Hus Kingpin & Rosewood - 100$ Taper
6. Souls Of Mischief & Adrian Younge - There Is Only Now
7. The Other Guys - Seeds Of Ambition
8. Cracker Jon & 2Late - You Can Take The Cracker Out Of Croydon
9. Uncommon Nasa - New York Telephone
10. Dexter - Palmen & Freunde

EPs :

1. Armand Hammer - Furtive Movements
2. Devenny & ฬเןl - Arc II : The Remains
3. Jesse James Solomon - Jesse From SE
4. Ka & Preservation - 1200 B.C.
5. Epidemic & Tantu - The Soulution