2021 par le bon bout - part 12 : 50 EPs (+ 5 compilations)
L’EP, un format auquel je suis particulièrement attaché et qui recèle chaque année son lot de pépites souvent condamnées à demeurer sous les radars des médias musicaux, méritait bien une partie dédiée.
Mes 50 EPs préférés de l’année écoulée
50 . Daedelus + Joshua Idehen - Holy Water Over Sons
Daedelus met en musique avec une relative sobriété les réflexions et préoccupations du poète et rappeur afro-américain Joshua Idehen, ancrées dans l’actualité outre-Atlantique, sur cet EP aux étranges atmosphères oniriques et psyché. À l’exception de Haunted, Holy Water Over Sons se passe quasiment de beats au profit de méditations électro-ambient distordues, sur lesquelles le vocaliste vient poser son spoken word neurasthénique et bluesy. Un drôle d’ovni introspectif qui culmine sur les élans orchestraux de son final Standing In My Own Way (Part Two), cristallin et chaleureux comme comme un instru de Björk période Vespertine.
49. Anti the Decimator - Android Brothel
Arrivé là par le truchement de l’excellent 7rinth, via un featuring de son duo Wakizashi Jabberwockyz et la sortie de cet EP dans le giron de son collectif et label Ice Cream Koan, j’y ai retrouvé le même goût pour les beats lo-fi produits à la Roland SP, la culture manga et les samples vintage de soundtracks japonais, mais surtout de beaux restes de son spleen gondolé et de ses mélodies névrosées sur des sommets tels que le morceau-titre Android Brothel ou Maze of Guns. Du rap qui pourrait sortir tout droit de l’underground 90s, authentique et habité.
48. InHuM’AwZ - Mécanique Ondulatoire
C’est par un label dark ambient du Costa-Rica, Nuclear Habitat Records, qu’est passé le duo rhône-alpin InHuM’AwZ pour nous proposer ces longues méditations hypnotiques faites de drones digitaux tourbillonnants, de pulsations électroniques extra-terrestres, de basses fréquences caverneuses et autres percussions en écho, aux atmosphères claires-obscures sans être plombées voire même parfois étonnamment planantes, comme par exemple avec le bien-nommé Apesanteur. Un régal.
47. Minotaur Shock - Qi
Le Bristolien David Edwards avait échappé de peu à mon classement des longs formats avec le mini-album Chaff Probes et son electronica polyrythmique aux synthés pastel, session de rattrapage avec cet EP au moins aussi réussi et finalement à peine moins long, plus aventureux sur le plan rythmique et mâtiné des mêmes sensibilités tropicales, un peu comme si l’on avait à faire à la musique des afters estivaux vénusiens.
46. Kingbastard - Mmmmm
Chris Weeks ressort régulièrement son alias electronica pour diverses infidélités plus ou moins décadentes ou déstructurées à l’ambient superbement enluminée qu’il enregistre sous son véritable patronyme. Quelque part entre dadaïsme bariolé et downtempo sombre et pesant, Mmmmm constitue une fascinante anomalie de plus à mettre au crédit du génie touche-à-touche qui n’est pas passé loin du top non plus avec le petit dernier de son autre side project, Myheadisaballoon.
45. Pawz One & Mykill Meyers - Double Homicide
L’une nombreuses petites pépites d’indie rap du caniveau sorties cette année en cassette par I Had An Accident, qui oscille cette fois entre boom bap ludique ou vénéneux aux scratches virtuoses évoquant la scène canadienne des voisins d’Hand’Solo et productions plus rétro façon soundtracks d’exploitation. Avec son esthétique de comic d’horreur décalé, l’artwork est à l’avenant - avis aux amateurs de beaux objets, il reste des exemplaires !
44. Joakim Moesgaard - PCIA
Découverte du label berlinois Moniker Eggplant avec cet EP IDM du Danois francophile Joakim Moesgaard, tour à tour onirique avec ses pads cristallins (Travaux), épique et emphatique lorsqu’il flirte avec un breakcore épileptique ou une drum’n’bass bariolée (Merveille, Eusement), voire plus mutant et organique sur les traces d’Amon Tobin ou Frank Riggio (Bureau). Une très belle réussite du genre, mélodique, luxuriante et libérée de tout carcan.
43. Jader Toya - Synced Pregnancy
Là encore découverte d’un label, Liquorish Records, via une sortie pas forcément représentative à elle seule de leur univers assez éclaté mais qui m’a bien impressionné d’emblée : le premier EP du Parisien Jader Toya, dont la techno expérimentale savamment déstructurée évoque autant Raster-Noton qu’une électro décadente aux airs de clubbing avant-gardiste, à la façon de Mr Oizo à l’époque de l’excellent Moustache (Half a Scissor).
42. Dead Neanderthals - Rat Licker
Avant de remettre le couvert en toute fin d’année en compagnie d’Aaron Turner avec les 25 minutes plutôt austères d’un Corporeal Flux massif et dronesque, c’est à l’autre bout du spectre des musiques extrêmes, du côté de leur grindjazz saxophonique habituel, que brillaient les deux Néerlandais de Dead Neanderthals avec ces 12 (ultra) courts morceaux cacophoniques et dissonants à ne pas mettre entre toutes les oreilles, une réussite qui leur valut de finir tout en haut de notre podium des formats courts du mois d’avril.
41. 90 (Noventa) - D3PR35510N 2
"Sous les titres évoquant avec ironie ses différents projets parfois défunts et les va-et-vient de cette flamme créatrice que les autoproduits se battent jour après jour pour conserver, ce nouvel EP de Noventa se passe de rap et distille son mal-être via de simples boucles malades agrémentées de beats lo-fi, évoquant rien de moins que l’une de nos idoles de la grande époque d’Ant Records et d’Anticon, Sixtoo, pour cette capacité à fasciner avec le squelette d’un hip-hop old school déplumé de ses rondeurs superflues et déglingué au papier de verre des musiques expérimentales et de l’indus."
40. Aurora - Aurora
Associé à Antony Coffinot (Witnesses Without Hands) dont je reparle une demi-douzaine de places plus haut pour son nouveau projet solo מרן אתא aka Maranatha, Alexandre Navarro nous fait décoller vers ces strates oniriques qu’il connaît si bien, reliant les astres et le subconscient, avec ce premier EP d’un projet qui prend toute sa dimension sur scène, gagnant en ampleur, en liberté et en textures organiques des guitares. Évidemment, en version studio défendue par le label électronique Microrama, c’est déjà fortement immersif et tout à fait recommandé.
39. Hast - [CAPTURES]
"Graphiste, Sébastien Hayez convertit son artwork digital en fréquences musicales via un software vidéo, générant un matériau brut que Thierry Arnal utilise ensuite pour façonner ses compos post-apocalyptiques. En résulte sur ce 4-titres concis mais atmosphérique à souhait des progressions sépulcrales plus ou moins abrasives ([CAPTURE] 02), hypnotiques ([CAPTURE] 01) voire éthérées ([CAPTURE] 03) aux confins du drone et du dark ambient, avec pour sommet un final aux intrigantes bourrasques texturées."
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38. Pole - Tanzboden
Deux titres seulement pour ce mini-EP du pape du dub ambient mais Stefan Betke y est au faîte de son talent impressionniste, tissant avec un minimum d’effets une toile hypnotique aux nappes chancelantes et aux beats downtempo presque tribaux, passant peu à peu de l’ombre à la lumière jusqu’au final délicatement solaire de ce Rost délicieusement entêtant.
37. Blockhead - Space Werewolves 2 : More Wolves
Trois faces-B de l’excellent Space Werewolves Will Be The End Of Us All au programme de cet EP bonus lâché en décembre par le beatmaker américain. Le bien-nommé Bodega Trips In The Apocalypse groove et flirte avec le mashup, mutant progressivement au gré de ses presque 6 minutes assez épiques qui auraient mérité de figurer sur le LP tant elles évoquent la classe psyché des débuts du projet. S’ensuivent Edible Arrangements et le soul-friendly Sore Winner, deux longues ballades downtempo au groove efficace et aux arrangements cinématographiques qui évoluent crescendo et ne déméritent pas.
36. Otrno Slvani - Fortes têtes (et quelques centaines d’âmes...)
"Le Lillois Otrno Slvani rend hommage via 4 morceaux enregistrés en toute spontanéité au regretté Bertrand Tavernier, chacun titré en référence au personnage principal d’un long-métrage tourné par le réalisateur dans les années 70 et 80. Pour autant, le successeur du prenant Disturbing Echoes ne donne pas vraiment dans la nostalgie : beats abstract lourds et syncopés et nappes dissonantes sur le sommet Descombes aux accents presque dystopiques, loops mi-martiales mi-cristallines sur Cordier ou samples du terroir hachés menus sur un Bouvier tout en tension constituent en effet un écrin pour le moins décalé pour ces monologues du grand écran."
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35. Observe since ’98 - BLUTO
Déjà de retour en ce début d’année 2022 avec le très bon Muerte de un Salvaje, Observe since ’98 s’était retrouvé sur nos radars un an plus tôt avec ce Bluto instrumental aux beats très smooth et aux samples volontiers jazzy, soul ou tirés de soundtracks rétro, auréolé d’un soupçon de mélancolie tranchant avec le rap cinématographique mais plus gritty que l’on connaît habituellement à l’Américain.
34. מרן אתא - MRNTHRMXSRS
Mentionné quelques paragraphes plus haut avec Aurora, Antony Coffinot développe ici des atmosphères particulièrement singulières, aux confins d’une ambient mystique aux samples presque ritualistes et d’une électro post-industrielle pesante et ténébreuse qui n’est pas sans rappeler l’univers de Scorn, donnant à ces morceaux par le biais des textures et des field recordings une densité captivante.
33. Energy No.13 - Vertigo
Patron du label EC Underground, le Floridien Mike Griffin réactive son projet IDM Energy No.13, un temps transformé en InerVation, avec ce nouvel EP qui ne sacrifie jamais l’efficacité des rythmique à la profondeur d’atmosphères résolument futuristes, hypnotiques et mouvantes, à l’image de cet artwork aux lignes digitales labyrinthiques et sinueuses.
32. La Fausse Patte - MIЯROIRS
Croisé parmi nos EPs du mois de mars, MIЯROIRS renvoie du hip-hop un reflet singulier, kaléidoscope d’imagerie lynchienne, de samples surannés, de rap nonchalant, de cordes hantées et de jazz déglingué, le tout sur un tapis de drums à la fois massifs et élégamment déstructurés, un peu comme un éléphant dressé dans un magasin de porcelaine. Fameux !
31. Scorched Earth Policy Lab - ZERO
"Toujours cohérent mais toujours différent, SEPL ne déroge pas à la règle avec ce nouvel EP constitué d’une longue progression malaisante, 16 minutes de tension grouillante et hallucinée que les amateurs de musiques dark et immersives, et en particulier peut-être les admirateurs de Lustmord, Final, Scorn (sans les beats mais l’esprit est là !) ou Cezary Gapik, sauront assurément apprécier."
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30. Evan Caminiti - Autoscopy OST / The Cracked Mask
Il y avait aussi le très joli Gleam et sa sombre méditation ambient pour guitare et clarinette, mais ce sont surtout ces deux autres formats courts qui se disputent mes faveurs cette année du côté du Californien, moitié de Barn Owl : l’introspectif et blafard The Cracked Mask où des synthétiseurs s’ajoutent à ces deux instruments pour un rendu plus électronique, et surtout ce soundtrack du court-métrage anglais Autoscopy aux nappes de synthés et guitares dronesques dystopiques et suintantes comme du John Carpenter sans les rythmiques.
29. Grosso Gadgetto & Antonella Eye Porcelluzzi - Grossomodo
Le lyrisme électronique aux incursions presque trip-hop d’un Grosso Gadgetto décidément toujours surprenant se met au service de la prose erratique et envoûtante d’Antonella Eye Porcelluzzi sur cet EP en clair-obscur qui joue des stéréotypes et organise un étrange choc des cultures où les nationalités sont incarnées dans toutes leurs contradictions (et parfois avec un humour irrésistiblement proche de l’absurde, cf. les Suédois dont "on sait juste qu’ils ont du bois"), pour finalement faire tomber les frontières aléatoires d’une humanité complexe et faite de singularités irréductibles aux idées reçues.
28. From the Mouth of the Sun - A Broken House OST
Dans la foulée du superbe Light Caught The Edges chez Lost Tribe Sound, le duo offrait à l’écurie russe Dronarivm cette très jolie BO d’un court-métrage documentaire sur l’architecture syrienne. Au programme, piano, cordes capiteuses, carillons et douces harmonies de synthé autour d’un motif mélodique récurrent, pour un résultat plus proche du modern classical que du post-rock atmosphérique que l’on connaît au projet depuis ses débuts il y a tout juste dix ans.
27. King Eddy - The Horror
Précis de noise rap abrasif et hanté pour le producteur canadien, qui sample les sections rappées de cet EP n’ayant rien à envier à Moody Black ou Clipping en terme de lourdeur névrotique ou d’agression sonore. On y entend notamment Danny Brown sur le cauchemardesque Act 2 Scene 7 ou Nas et AZ sur Act 2 Scene 0, seule respiration mélancolique de ce concentré de piraterie sans concession.
26. Paul Oednom - Vital Contrast
Un très bel EP à la dynamique cotonneuse pour le Britannique, qui mêle réconfort mélodique des instruments, douceur des nappes ambient et onirisme des pads électroniques sur fond de pulsations discrètes et de cliquetis de percussions samplées, avec la chaleur et le naturel de ces productions capables de jouer d’harmonies délicates et de contrastes minutieux tout en conservant un feeling spontané, presque lo-fi.
25. Touch & Moves - 1984
Une bien jolie variation indie rap sur l’univers dystopique et parfois prophétique du roman d’Orwell, dont les productions idéalement sombres et intrigantes de Moves s’adaptent par petites touches discrètes au goût du rappeur Touch pour les musiques d’extrême-Orient, culminant sur un final, Oldspeak, digne de la classe épurée d’un Blueprint.
24. Anne Bakker | René Aquarius | Rutger Zuydervelt - Hallucine
On doit cette micro-symphonie mi-psychédélique mi-fantômatique à un trio en apparence dépareillé composé de la violoniste Anne Bakker, du manipulateur ambient Rutger Zuydervelt aka Machinefabriek et du batteur des sus-nommés Dead Neanderthals, René Aquarius, aux cymbales (éparses) et aux field recordings (omniprésents). Une intrigante et inclassable progression aux allures de ballade dans les brumes d’un rêve étrange, qui porte définitivement bien son titre.
23. Frank Riggio - Empreinte Originale / Empreinte Phénoménale
De la néanmoins très chouette trilogie Empreinte Musicale du Français en 2021, je retiens surtout les singles aux allures d’EPs en bonne et due forme, trois sorties qui vont à l’essentiel, qu’il s’agisse d’Empreinte Initiale dont on vous avait déjà touché un mot par ici ainsi que du concept de cette nouvelle série, ou surtout d’Empreinte Phénoménale avec ses soundtracks grandioses et mutants et plus encore du petit dernier Empreinte Originale dont les trois titres font la part belle aux atmosphères inquiétantes autant qu’enveloppantes.
22. Klara Lewis & Peder Mannerfelt - KLMNOPQ
La Suédoise pensionnaire surdouée des Editions Mego s’associe à l’ex bidouilleur tech-house The Subliminal Kid pour cette étrange mixture de dark ambient opalescent et d’élans presque hédonistes, quelque chose vers quoi tendaient déjà certains travaux de la musicienne en solo mais qui trouve ici sous l’impulsion de son compère un aspect fortement baroque d’où affleurent réminiscences de mélodies festives, bribes d’instruments étouffés et voix d’une autre dimension.
21. S.H.A.P.E.R - S.H.A.P.E.R
Le duo guitare/électronique du label God Hates God Records réinvente la musique industrielle à coups d’échafaudages maximalistes de lignes minimales faites de zébrures dronesques, de saturations machiniques et de beats hypnotiques. La suite vient de sortir, peut-être encore plus dense et magnétique grâce notamment aux apports d’une poignée de musiciens invités.
20. Pro Dillinger & Mickey Diamond - Sting V Flair
Deux inconnus au bataillon balancent chez I Had An Accident, ancien meilleur label expérimental de l’univers et désormais pourvoyeur d’indie hip-hop qui claque, un irrésistible petit EP de rap urbain aux beats lo-fi et aux atmosphères plombées, entrecoupé de respirations pleines de samples soul très Wu-Tang 90s. Tendu et classieux.
19. No More Heroes - No More Heroes
Composé d’un certain Cosmos au micro dont la dynamique et l’assurance évoquent notamment l’excellent Le Sept, et de Mr Ogz aux productions, dont on se souvient de la très belle contribution abstract à notre compil hommage à Twin Peaks il y a quelques années, No More Heroes c’était un peu l’antidote au rap francophone moribond de 2021 (il y en a d’autres certes, mais de moins en moins malheureusement) : des instrus en apesanteur auxquelles des beats lourds et profonds servent d’amarres et un rap qui met les voiles en égratignant l’apathie et le conformisme ambiants, entre imaginaire stellaire, critique sociale acerbe et regard désabusé sur nos vies de concessions.
18. Grosso Gadgetto - The Shell of My Body
"Retour au tout-instrumental pour Grosso Gadgetto, The Shell of My Body s’avère être un parfait compromis entre le beatmaking, industriel aux entournures, que l’on connaît au Villeurbannais depuis Paranorama et les incursions plus drone ambient du récent Avalanche par exemple (Insomnia). C’est sur le bien-nommé All These Voices In My Head que culmine ici en un crescendo aussi intense qu’épuré la mise en musique des tourments intérieurs de celui que l’on qualifiera désormais moins de beatmaker que de façonneur d’atmosphères."
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17. Lewsberg - In Your Hands
On en parlait dans notre classement du mois d’octobre, le quatuor néerlandais fait une nouvelle fois merveille avec cet EP d’indie pop violoneuse aux vignettes attachantes, qui doit autant à la facette la plus mélodique du Velvet Underground qu’aux Young Marble Giants pour le côté sec et sans fioritures ou pourquoi pas aux Magnetic Fields pour cet art de la miniature pop élégante et immédiate.
16. Ezekiel Honig - Falling Close to Memory
Qu’elle soit instrumentale ou illuminée par le chant traînant et susurré de Trevor De Nógla évoquant un Thom Yorke neurasthénique, la pop électronique du New-Yorkais Ezekiel Honig ménage avec ses textures vacillantes et ses beats cliquetants une enclave cotonneuse en laquelle s’abandonner loin du tumulte ambiant, réminiscente notamment des belles heures d’Apparat.
15. Cloudwarmer - I Wasn’t Late For The Christmas Riot I Started It
Déjà omniprésents dans nos bilans de fin d’année avec l’album The Covidians Sharpen Their Teeth notamment (cf. ici et là), les Américains n’ont pas pu se retenir d’en remettre une couche en toute fin de parcours avec cette suite de 22 minutes composée dans l’angoisse des fêtes, dominée par un piano mélancolique et des drones hantés mais pas dénuée pour autant d’éclaircies mélodiques reflétant probablement l’espoir d’une année 2022 un peu moins anxiogène.
14. François Dumeaux - nèva
Celui que l’on connaît également sous le pseudo Druc Drac rend indirectement hommage à la culture occitane et à la poète Marcelle Delpastre avec ce recueil instrumental de méditations synthétiques parmi les plus magnétiques entendues cette année. On retrouve par ailleurs ces mêmes synthés modulaires avec cette fois du chant traditionnel et des violons plus ouvertement marqués par ce folklore du Sud-Ouest sur le singulier Recontorns publié via le même studio/label Tyto Alba, par l’intermédiaire duquel François Dumeaux produit des musiciens issu de la tradition vivante des musiques occitanes.
13. Scvtterbrvin - P.H. Lovecraft
"Ce nouvel EP de Scvtterbrvin mis en musique par Abomination Oner et Hi_Post reste fidèle aux atmosphères cinématographiques chères au boss du collectif Red Lotus Klan de San Diego : finalement plus inquiétantes et hypnotiques, intrigantes et opiacées que vraiment malsaines, hantées par les soundtracks de films d’horreur à l’ancienne sans pour autant céder aux facilités du glauque ou du jumpscare. Un rap sombre et sans chichis dont les samples charrient autant de malaise urbain que de lyrisme mélodique et de mélancolie."
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12. DJ Abilities - Phonograph Phoenix
De l’abstract hip-hop instrumental épique et virtuose aux scratches en roue libre comme on n’en fait plus, qui n’est pas sans rappeler les grandes heures de RJD2 ou les hymnes mélangeurs de Subtle (du fait de la multiplicité de flows samplés et hachés menus), le tout par l’ancien producteur du regretté Eyedea, pensionnaire comme lui du label Rhymesayers et décédé il y a une douzaine d’années. Immanquable.
11. Odalie - Derrière l’écran
Pour leur deuxième EP, digne suite des échappées electronica stratosphériques et boisées d’une superbe première sortie homonyme de 2019 dont on parlait ici, les pads cristallins, les beats organiques downtempo et autres volutes pulsés de synthés modulaires de Sophie Griffon retrouvent les cordes capiteuses du violoncelliste Paolo Rezze, donnant naissance à 5 nouvelles compositions délicates et poétiques créées pour la scène et flirtant tantôt avec un classical ambient épuré (Les Hybres) ou avec la cinématographie plus dense et tendue d’Ez3kiel (Emerod).
10. Tenshun - Groove Geometry
"Usant cette fois de field recordings ou de synthèse sonore pour créer des drums qu’il malmène ensuite sur ses machines, l’Américain Tenshun livre un nouveau 2-titres à la croisée de la noise et d’un abstract hip-hop... forcément plus géométrique qu’à l’accoutumée. Le groove en roue libre le dispute aux sonorités électro abrasives et aux effluves psyché, rapprochant par moments ce Groove Geometry des expérimentations les plus viscérales d’un label tel que Mego qui aurait digéré les collisions mathématiques de Raster-Noton."
9. Kenny Segal - INDOORS
"Sous le feu des projecteurs indie rap depuis qu’il produit pour Billy Woods ou Serengeti, Kenny Segal devrait emballer les fans des premiers Flying Lotus, des télescopages électro-hip-hop de Thavius Beck ou des métissages future jazz du génial 10th Letter avec ce nouvel EP d’instrumentaux tour à tour feutrés, épileptiques ou psyché dont les rêveries aux tempi mutants ont ce charme délicieusement bancal et contrasté des grandes heures du glitch-hop."
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8. Chris Weeks - Optics
La plus belle sortie solo du Britannique cette année carillonne avec une lenteur consommée dans la brume du petit matin et déroule ses drones d’éternité dans un cocon d’harmonies scintillantes. Sûrement une affaire d’illusion d’optique, ou plutôt auditive, tant le génie pourtant peu apparent de prime abord de ces trois compositions ambient nous cueille un peu plus à chaque écoute par sa chaleureuse plénitude et sa délicate perfection.
7. Duncan Harrison - Baby (Nmesme Remixes)
On sait qui est Nmesme, mais on ne peut toujours pas vous le dire... une promesse est une promesse. Quant à Duncan Harrison, on sait aussi de qui il s’agit, mais vous le dévoiler reviendrait à donner un indice évident quant à l’identité du précédent (oups... internet est votre ami). Ce que l’on sait et que l’on peut vous dire par contre, c’est que les remixes du bonhomme sont aussi radicaux et abstraits que ses compositions, dans une veine qui cette fois évoque moins Autechre qu’un drone incandescent et contrasté à la Ben Frost. Avis aux amateurs du genre !
6. Czarface - Czar Noir
Les magiciens du hip-hop gothico-crayola, déjà présents dans mon classement des meilleurs albums de l’année écoulée avec Super What ? featuring MF Doom, oscillent entre ambiances post-80s influencées par les BOs de John Carpenter, soundtrack baroque de film de vampires imaginaire et abstract hip-hop ludique et ténébreux à la fois sur cet EP à haute teneur atmosphérique, aussi réjouissant que concis.
5. Thamel - Ballads In Plain Be Sharp
"Adepte du Buchla Music Easel, mythique synthé modulaire des années 70, le Belge Thamel aka Jérôme Mardaga compose des rêveries hivernales, pures et malléables comme la neige de la pochette, où les flâneries poétiques entre la nature en sommeil et les astres (Never Cry Swans) côtoient avec la même ampleur le spleen entêtant des souvenirs (Decade) et de longues déambulations aux recoins plus inquiétants à l’image de cette forêt perdue dans la brume en arrière-plan."
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4. Grosso Gadgetto & Pink Room feat. Oddateee - WOKE
"C’est à un hip-hop aux beats narcotiques et aux nappes sombres et dissonantes que s’attaquent cette fois Grosso Gadgetto et Pink Room, avec le concours du rappeur américain Oddateee sur trois titres, flirtant naturellement avec la grande époque du noise rap de Dälek (le MC new-yorkais ayant transité par leur crew et label Deadverse), en particulier sur le sommet Timeline, et avec un contenu politiquement chargé qui référence notamment les mouvements de protestation sociale aux États-Unis."
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3. Nosdam + Rayon - From Nowhere to North
La surprise de l’année, c’est cette collaboration tardive de deux musiciens amis qui se tournent autour depuis les grandes heures d’Anticon, Markus Acher de The Notwist (compère de Jel et Doseone au sein de 13&God) et Odd Nosdam (compère du même Doseone mais au sein de cLOUDDEAD et du même Jel sur un certain nombre de sorties en duo). On y retrouve la mélancolie vocale et mélodique du premier, enregistrant sous le pseudo Rayon, et les beats et nappes baroques du second, sur 4 titres de psyché-pop lofi lyriques et bariolés auxquels des textures organiques apportent une chaleur toute particulière qui les rend immédiatement et irrésistiblement attachants.
2. Giulio Aldinucci - Music From Organ
Outre le très prenant Mary and the Ladder aux atmosphères sombres et opaques essentiellement constituées de field recordings, l’Italien nous a gratifiés cette année, au rayon des courts-formats, de cet immense Music From Organ qui ne fait pas mystère de son contenu, dialogue dronesque entre un orgue et des méthodes d’enregistrement et de production qui le distordent et le plient à une forme d’onirisme caverneux pour en démultiplier l’aura sacrée. Une immersion déjouée par un remix final ouvertement électronique qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe mais s’avère en lui-même très réussi, apportant une légèreté bienvenue à cet édifice des plus solennels et magnétiques.
1. Christophe Bailleau & Friends - Persistance
"Ballet contrasté de sonorités électroniques et organiques dont les étranges et captivantes circonvolutions s’adressent autant aux admirateurs de Tim Hecker ou Fennesz qu’à ceux du label Warp de la grande époque, cet EP généreux de près de 40 minutes, qui se termine sur la batucada mystique d’une conclusion presque tribale à la croisée de Coil et Mouse on Mars, témoigne également d’une passion pour les collaborations : une nébuleuse d’amis musiciens contribuent chacun de leur petite pierre à ce maelström de sensations et d’émotions où s’entremêlent inextricablement, et surtout brillamment, contemplation et anxiété, spleen et résilience, futurisme et spiritualité. "
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5 compilations
1. m-tronic - Table Of Elements Volume 5.0 - 20th Anniversary Compilation
2. CRL Studios - The Fifth Wavelength
3. GodHatesGodRecords - Anti f :Orm compilation volume 8
4. Point Source Electronic Arts - Artist Showcase - 2nd Edition
5. GodHatesGodRecords - Anti f :Orm compilation volume 7
Bonus : quelques-unes de mes contributions musicales en 2021 (EPs/compils/singles)
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- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- One Far West - Heliacal Risings
- Feeling Flying - Spirit Level
- Glacis - This Darkness From Which We Cannot Run
- Glåsbird - Fenscapes
- EUS & How To Disappear Completely - Remaining Light
- Roger Robinson - Heavy Vibes
- John Thomas Remington - Pavements EP
- EUS - Vergel
- Seefeel - Squared Roots EP
- Eli Tha Don & Hot Take - Ghetto Beethoven
- Masayoshi Fujita - Migratory
- EUS & How To Disappear Completely - Remaining Light
- The Sombre - Like a dream without light
- 2024 à la loupe (par Rabbit) - 24 chansons
- Luneta Freedom Jazz Collective - Mga matang pumipikit sa langit