2019 sans le confort(misme) - 100 albums : #60 à #41
100 albums, en attendant les concerts et EPs, avec pour seule règle de n’en retenir qu’un par artiste ou projet, hors collaborations. Un lien sur le titre du disque en question pour lire la suite lorsqu’il s’agit d’une chronique publiée dans l’année, et pour aller plus loin, un laissé pour compte du classement à écouter si vous avez aimé le choix auquel il correspond. En espérant vous donner envie de découvrir quelques perles passées entre les mailles du filet, comme chaque année à condition de savoir où pêcher (à contre-courant bien évidemment), le flot des sorties n’en manque pas !
60. Zu - Terminalia Amazonia
"Dans la lignée du déjà très atmosphérique et intense Jhator de 2017, le trio transalpin persiste dans le mysticisme cinématographique et inquiétant avec ce disque aux quatre longs instrumentaux inspirés des traditions chamaniques des cultures indigènes d’Amazonie. Field recordings tropicaux y côtoient synthés analogiques et drones cosmiques, et les rythmiques, particulièrement éparses, s’effacent pour de bon au profit de fantasmagories intrigantes et habitées évoquant les visions des anciens - de leur propre monde en déclin qui sait, à l’heure où l’immense section brésilienne de la forêt amazonienne est plus menacée que jamais par les velléités industrialisantes d’un gouvernement liberticide et négationniste."
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59. Rafael Anton Irisarri - Solastalgia
"L’Américain continue sur une belle lancée avec ce nouveau disque de drone brumeux, son premier pour le label australien Room40 depuis A Fragile Geography en 2015. Sur Solastalgia, sous l’influence qui sait du patron Lawrence English, les masses opaques et éthérées de l’ex The Sight Below gagnent en puissance, grondant en crescendos instables et crépitants dignes des sorties sismiques du Tim Hecker de la grande époque (cf. le sommet Decay Waves et ses imposantes liturgies dronesques), avec un accent sur les mélodies sous-jacentes majestueuses et nostalgiques à l’image de Coastal Trapped Disturbance ou Black Pitch."
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58. Andrew Pekler - Sounds From Phantom Islands
"Cette collection de titres enregistrés sur 3 ans par l’Américain pour une carte interactive de l’anthropologue Stefanie Kiwi Menrath - dédiée à ces "îles fantômes" des vieilles cartes de l’époque coloniale n’ayant jamais réellement existé ailleurs que dans l’imagination des marins - mêle samples organiques et nappes digitales, quelque part à la croisée de l’exotica insulaire de Mike Cooper, des voyages chimériques de x.y.r. et des soundtracks ethniques de Vieo Abiungo. Les field recordings forestiers y deviennent polyrythmies hypnotiques (Approximate Bermeja, Los Jardines), l’électronique s’y baigne dans le scintillement du soleil entre les branchages (Sunshower at Sandy Island) et des rêveries narcotiques en agitent les nuits hantées par l’étrange bande-son d’un écosystème fantasmé (Saxenburgh / Pepys / Aurora, Onaseuse / Crespo / Rica de Oro)."
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57. Banabila & Machinefabriek - Entropia
Cinquième collaboration déjà pour les deux expérimentateurs néerlandais, qui cherchent ici à faire sens du chaos au fil d’un disque largement bâti sur le cut-up et l’improvisation. En apparence décousu, Entropia est pourtant unifié par son magnétisme intrigant, à la croisée d’une électronica grouillante et d’une ambient analogique aux éclats saturés. Ainsi, peu de points communs de prime abord entre les rafales glitch de Getaway, les cordes synthétiques à la Squarepusher d’un morceau-titre très rythmique, les field recordings fantasmagoriques du bien-nommé Night Scenes ou les distorsions oniriques d’un Anima parfaitement cotonneux, mais au gré des écoutes la progression s’impose dans toute son ambivalence, comme un rêve abstrait piochant au hasard pour ses prochains développements dans le fourbi de notre inconscient.
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56. Uboa & Bolt Gun - Uboa & Bolt Gun
"Split album très prenant de la part de deux des plus singuliers pourvoyeurs de bruit de la scène expérimentale australienne d’aujourd’hui, entre catharsis, exorcisme et requiem pour un avenir condamné. Ça démarre fort avec le quatuor Bolt Gun dont la noise aux drums en roue libre et aux beuglements tourmentés se mue en rêverie saxo/ambient sur une dernière partie presque irréelle. Quant à Uboa, que l’on suit désormais de près, ses déferlements abrasifs d’échardes numériques, de fields recordings et de bruits d’objets laissent également place entre deux hurlements désespérés à une méditation spoken word sur fond de chœurs éthérés, avant d’en terminer sur une coda techno-indus aux textures harsh à souhait."
À écouter aussi si vous avez aimé : Uboa - The Origin Of My Depression
55. Swans - leaving meaning.
Toujours aussi ambitieux et bien entouré, notamment cette fois par le sismologue drone ambient Ben Frost, les génies avant-jazz australiens de The Necks ou les ensorcelantes sœurs Von Hausswolff, Michael Gira met la pédale douce sur l’électricité et les crescendos incandescents (il en reste tout de même quelques-uns, The Hanging Man et l’halluciné Sunfucker en tête) et un terme à une décennie de grands disques longs en bouche. Enfin pleinement libéré du carcan rock, l’Américain flirte cette fois avec une ambient acoustique qui porte haut son chant plus à nu et poignant que jamais (Annaline, auquel on aurait tant rêvé que le mièvre Ghosteen de Nick Cave fasse écho), une americana intense et dépouillée (Amnesia), un gospel habité (It’s Coming It’s Real) qui n’est pas sans rappeler les plus belles heures de Spiritualized (What is This ?) et des mantras impressionnistes de rédemption et d’angoisse de l’Après (Leaving Meaning, The Nub).
À écouter aussi si vous avez aimé : Helium Horse Fly - Hollowed
54. Jute Gyte - Birefringence
"Après le dark ambient esotérique d’un Penetralia de plus de 4 heures marchant dans les pas de Coil, Adam Kalmbach revient au "black metal" expérimental des sorties précédentes de son projet Jute Gyte. Avec l’Américain toutefois, le meilleur chemin pour aller d’un point à un autre n’est jamais la ligne droite, en témoignent une fois de plus des morceaux mouvants et mélangeurs de près d’un quart d’heure où le grunt et le tremolo picking distordu et vicié se mêlent aux structures de la musique sérielle et aux orchestrations du classique contemporain versant malaisant, avec des références allant de Ligeti à Messiaen, faisant enfin de Jute Gyte le titan du metal mutant que l’on espérait le voir devenir depuis quelques années, à la mesure de (feu ?) Ævangelist ou The Body."
À écouter aussi si vous avez aimé : Caïna - Gentle Illness
53. Uniform & The Body - Everything That Dies Someday Comes Back
"Cette seconde collaboration en autant d’années des deux groupes croisés à Paris cet été réveille les tourments du Nine Inch Nails de la grande époque, The Downward Spiral en tête, avec toujours les hurlements suraigus de Chip King pour en rajouter une couche dans la schizophrénie (Vacancy, All This Bleeding ou le flippant final Contempt) et des passages néanmoins surprenants, des accents trap et chœurs de purgatoire de Patron Saint of Regret aux fantasmagories dark ambient de Waiting for the End of the World en passant par le hip-hop doomesque, bourdonnant et pitché d’un Day of Atonement à l’improbable croisée de Moodie Black et de Author & Punisher."
À écouter aussi si vous avez aimé : Gnaw Their Tongues - Kapmeswonden en Haatliederen
52. Seabuckthorn - Crossing
L’année fut fertile en projets parallèles pour Andy Cartwright, du premier EP d’Amber Fog dont je vantais ici le futurisme à synthés granuleux au Sheltering Sky de Mt Went qui l’associe à un certain Dave Anderson pour une pop/folk intense et claire-obscure à la DM Stith, dont certaines mélodies vocales troublantes ne sont pas sans évoquer Thom Yorke. Pour autant, c’est encore une fois avec les instrus acoustiques de Seabuckthorn, mutés pour l’occasion en sombres méditations cinématographiques pour cordes de guitare frottées à l’archet à la croisée d’une musique de chambre hallucinée, d’un drone crépitant (I Encountered Only Dark) et de l’americana primitiviste et habitée qu’on lui connaît (voire des traditions asiatiques ou moyen-orientales sur Circular Sculpture ou Cleanse), que l’Anglais aura provoqué chez moi les plus durables frissons, préfigurés par une paire de concerts enivrants.
À écouter aussi si vous avez aimé : Mt Went - Sheltering Sky
51. Kevin Richard Martin - Sirens
Grosse année également pour l’ex Techno Animal que l’on retrouvait déjà dans la tranche précédente avec Zonal. Du côté de Room40 et pour la première fois sous son vrai patronyme, exit les oripeaux de beatmaker infernal de The Bug. Sur ce Sirens éminemment personnel qui met en musique les semaines angoissantes qui suivirent la naissance de son premier enfant et les opérations successives qui faillirent lui coûter la vie, le Britannique apparaît en effet plus sobre que jamais dans son approche d’atmosphères parfois tout aussi plombées mais qui dès l’introductif There Is A Problem parviennent à mêler à une tension sourde et palpable cet état de vulnérabilité que la situation, l’enjeu et les sentiments paternels n’ont pas manqué de générer. Des sépulcraux After The Party et The Deepest Fear aux lueurs d’espoir encore vacillantes du final A Bright Future en passant par la froideur désincarnée des salles d’attente d’hôpitaux dans l’anticipation du pire (Life Threatening Operation 2, Mechanical Chatter In The I.C.U.) ou les sonorités à jamais associées à ce cauchemar éveillé (Alarms), le dark ambient claustro et lancinant de cet album accaparant parle à nos peurs primales et aux angoisses les plus intimes de chacun.
À écouter aussi si vous avez aimé : Giuseppe Cordaro - Annus Horribilis
50. Andrea Belfi - Strata
"On retrouve peu ou proue sur cette nouvelle sortie du génial batteur et bidouilleur italien son set joué au festival Présences Électronique en mars dernier. Ceux qui y étaient savent, pour les autres même si la fluidité parfaite et sans temps mort des enchaînements et le choc visuel de l’interprétation virtuose d’homme orchestre en concert n’y sont pas tout à fait, les compos (avec une mention spéciale au morceau-titre) mêlant élans rythmiques et subtilités électroniques passent brillamment la cap du mini-album, alternant pics de fougue hypnotique et passages plus atmosphériques dans la lignée des chefs-d’œuvre toujours inégalés de 2017, Alveare et Ore."
À écouter aussi si vous avez aimé : Ilia Gorovitz - The Noble Rot
49. Luke Howard - The Sand That Ate the Sea
"Inspiré par les paysages désertiques de l’outback du sud de l’Australie à l’approche d’une tempête, filmés concomitamment par le réalisateur Matthew Thorne qui signe ainsi le clip du merveilleux final Future Coda habité par les vocalises du chanteur d’origine israélienne Lior, Luke Howard choisit le dépouillement et l’appel du sacré sur ce nouvel opus centré sur les chœurs liturgiques de l’ensemble vocal Shards. De prime abord, une certaine austérité et la raréfaction du piano (au premier plan uniquement sur l’affligé Casino) en frustreront certainement plus d’un mais sur la durée, la portée émotionnelle du désespoir ambiant dressé par les orchestrations du Max Richter australien (pour faire court) finit par faire son bout de chemin."
À écouter aussi si vous avez aimé : Sylvain Chauveau - Pianisme
48. Haunted Days - The Ballroom Tape
On avait découvert Jeff Dano au détour d’un instru pour la compil des 10 ans des copains de Dezordr Records, un Gone is my Lord aux samples d’un autre temps, liturgie acoustique aux beats épurés... et puis il y avait eu ce chouette double EP défendu par Dora Dorovitch et en particulier la face-B de Kady Starling coproduite par ses soins, avec ces sombres touches de spleen pianistique distillées dans une atmosphère cinématographique que n’aurait pas reniée Pierre the Motionless. De petites miettes de pain sur la piste de Haunted Days pour mieux nous perdre dans la forêt de The Ballroom Tape, peuplée d’ectoplasmes mélancoliques et de rêveries aux linceuls cristallins, de samples délicatement fantasmagoriques (du monologue solennel de An Odd Letter To au soundtrack suranné d’Empty Garden) et de chœurs subtilement baroques, avec pour fil d’Ariane ce piano dont la tristesse ne dit jamais vraiment son nom, laissant aux cordes du parfait Ballroom Scene le soin de verser quelques larmes pudiques sur la solitude et les regrets d’une époque révolue.
À écouter aussi si vous avez aimé : Styptic - Multiple Endings
47. Some Became Hollow Tubes - In 1988 I Thought This Shit Would Never Change
"Après Hypnodrone Ensemble au côté d’Aidan Baker et d’une triplette de batteurs, les fûts ont de nouveau la part belle chez thisquietarmy via cette collaboration avec Aidan Girt aka OSB, batteur historique de Godspeed You ! Black Emperor. Il fallait bien que nos projets montréalais préférés finissent par se croiser, c’est donc chose faite et si côté guitares ce premier opus de Some Became Hollow Tubes sonne comme du grand thisquietarmy dense et tempétueux, l’apport de la rythmique confère à ces deux titres-fleuves une dimension épique, avec un crescendo post-rock aux textures denses et aux accents kosmische sur le premier tiers d’In 1988 - Side B tel un décollage qui nous laisserait 3 minutes en orbite à contempler le néant sidéral avant une rentrée en atmosphère incandescente."
À écouter aussi si vous avez aimé : Some Became Hollow Tubes - Keep it in the Ground
46. Simon Scott - Soundings
De l’EP Grace, dont on retrouve ici une version encore étoffée du Streaming Edit, le batteur de Slowdive a conservé l’ampleur solennelle, presque orchestrale (Apricity) au gré de ce Soundings alternant embruns texturés (Hodos, Mae), scintillements synthétiques (Sakura, Baaval) et cordes saillantes (Santoori, Nigh) avec en toile de fond l’océan de notre subconscient et les mystères qui attendent l’auditeur par-delà son horizon. Un album également sous le signe du voyage au sens propre, puisque irrigué de multiples field recordings enregistrés sur cinq continents lors des tournées du groupe anglais depuis sa reformation en 2014, de tempêtes britanniques en faune des campagnes australiennes.
À écouter aussi si vous avez aimé : Arovane + Porya Hatami - C.H.R.O.N.O.S.
45. Oiseaux-Tempête - From Somewhere Invisible
"Moins contemplatif et nomade que ses prédécesseurs, ce nouvel opus du groupe post-rock parisien des multi-instrumentistes Frédéric Oberland et Stéphane Pigneul déroule dans une constante alternance de tension et d’affliction le genre d’atmosphère de fin des temps que les plus belles sorties de l’écurie Constellation d’il y a 15 ou 20 ans avaient su graver dans nos cœurs à jamais. En guests, Radwan Ghazi Moumneh de Jerusalem In My Heart au buzuk, Jessica Moss d’A Silver Mt. Zion au violon électrique, le spoken work habité de G.W. Sok de The Ex, les drums tribaux de Jean-Michel Pirès (Mendelson) et les synthés désagrégés de Mondkopf rythment la marche de la fatalité au gré des dissonances saturées de guitares apocalyptiques."
À écouter aussi si vous avez aimé : Orchestra of Constant Distress - Cognitive Dissonance
44. Machinefabriek - With Voices
"Encore un chef-d’œuvre pour Rutger Zuydervelt, qui manipule des voix de musiciens amis que l’on adore aussi. Peu de chant à proprement parler, mais des chœurs et incantations qui se fondent dans les nappes futuristes, crépitements saturés et autres basses fréquences grondantes du Néerlandais, instaurant une sorte de dialogue entre abstraction sonique et chaleur organique. Chaque participant a indirectement dicté le destin de son morceau, des liturgies éthérées de Terence Hannum (Locrian) et Marissa Nadler aux conjurations lancinantes de Richard Youngs en passant par les onomatopées robotiques et déstructurées de Chantal Acda, les mantras murmurés de Peter Broderick sur le très beatbox III ou le chamanisme opiacé de Zero Years Kid sur l’étrange et distordu V."
À écouter aussi si vous avez aimé : Jan Bang, Erik Honoré, Eivind Aarset & Samuel Rohrer - Dark Star Safari
43. Fennesz - Agora
Pionnier du drone ambient moderne qu’on avait surtout entendu ces dernières années au côté des compères Sakamoto, David Sylvian, Alva Noto ou Jim O’Rourke mais rarement en solo à l’exception du démonstratif et décevant Bécs en 2014 chez Mego, Christian Fennesz injecte un peu du futurisme itératif et semi-aléatoire de ce dernier dans un drone esotérique et sombre aux harmonies subtiles qui préfère l’atmosphère à l’ostentation, pour un résultat moins sismique et granuleux qu’à la grande époque mais tout aussi majestueux et riche en contrastes (cf. les pulsations sursaturées, radiations incandescentes et autres guitares crépitantes du final We Trigger the Sun), qui brille justement par une immersion toute en retenue culminant sur les douces marées de reverb magnétiques du morceau-titre.
À écouter aussi si vous avez aimé : HLER - Realignment
42. Alexandre Navarro - Les liens magnétiques
"À l’image des arpeggiators d’Hyperespace ou du spleen hédoniste très SF 80s du morceau-titre, le rétrofuturisme a la part belle sur ce nouvel opus du Parisien qui à l’exception du bien-nommé Pulsar met en retrait les rythmiques à proprement parler tel qu’en regorgeait son prédécesseur Pneuma pour privilégier les soundscapes synthétiques faits de poussières de rêves érodés par la réalité, du modulaire Al-kīmiyā au Boards-of-Canada-esque Peuple spectral en passant par Les sentiments et leurs pulsations analogiques au romantisme dénaturé par le temps. Ces liens magnétiques qui nous unissent ne sont-ils plus que les reliques d’une époque où la technologie servait encore l’humain alors que le contraire surtout semble vrai aujourd’hui ?"
À écouter aussi si vous avez aimé : Adderall Canyonly - Give Me Room Under the Fire of the Sun
41. Deaf Center - Low Distance
Huit ans séparent ce Low Distance d’Owl Splinters et plus de 13 du chef-d’oeuvre Pale Ravine, et bien qu’entre-temps plusieurs sorties solo d’Erik K Skodvin (Svarte Greiner) et Otto A Totland (Nest) ainsi que l’excellent Recount avaient su nous faire patienter, l’ambition des deux Norvégiens dans cette complémentarité entre la langueur dark ambient insidieuse du premier et le spleen troublant du piano du second, l’atonalité anxiogène et la chaleur triste des éclats de mélodies solitaires (Undone) nous avait tout de même un peu manqué. D’autant que ce troisième véritable LP sonne comme un aboutissement, soundtrack imaginaire pour nos angoisses existentielles dont le silence qui s’insinue dans les interstices des accords clairs-obscurs et autres nappes entêtantes apparaît comme un personnage à part entière, esprit frappeur aux aguets d’un instant de faiblesse chez l’auditeur pour malmener cette délicatesse trop hantée pour être tout à fait innocente.
À écouter aussi si vous avez aimé : Ergomope - Етиологии
La suite très vite !
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